A l’ombre du monde
Editeur : Autoédition
Nombre de pages : 541
Résumé : Une île grecque, un peu avant minuit. Ariane, sa fille et son mari se retrouvent enfin seuls sur la plage féerique de Myrtos. Lorsque la jeune historienne sort de l’eau, et qu’elle cherche les siens en vain, elle croit d’abord à une mauvaise plaisanterie. Mais quand toutes les preuves attestent qu’elle a voyagé seule et n’a jamais eu ni enfant ni mari, il ne reste que deux explications possibles. Soit elle a rêvé sa vie, soit on la lui a effacée. À moins de trois cents kilomètres de là, un homme accède à la plus haute fonction d’une Confrérie occulte. Il va enfin pouvoir se venger…
Un grand merci à Eric Costa pour l’envoi de ce volume.
- Un petit extrait -« Le prêtre oratoire comprend qu'il n'a pas le choix, même s'il peut payer de sa vie ce qu'il s'apprête à faire.
Il sort un petit carnet qu'il feuillette d'une main tremblante jusqu'à retrouver le numéro désiré, savamment codé. Un froid le traverse à l'idée de ce qu'il s'apprête à faire. Il ne pensait pas en arriver là. Il ne pensait pas qu'il aurait le courage de LA contacter un jour, mais le voilà acculé. »
- Mon avis sur le livre -
L’on conseille souvent aux jeunes auteurs de commencer l’aventure éditoriale par un one-shot, ou à défaut d’avoir déjà écrit tous les tomes de la saga avant d’entamer les soumissions aux maisons d’édition. La raison en est bien simple : l’éditeur craint de se retrouver avec des lecteurs fulminants d’impatience après la fin du premier opus, tandis que l’auteur débutant peine à écrire la suite du récit … Précaution que je comprends fort bien, puisque je fais partie de ces lecteurs qui détestent viscéralement devoir attendre trop longtemps avant de connaitre le fin mot de l’histoire, au point que j’attends généralement que tous les tomes soient sortis avant de commencer une saga, pour ne pas vivre cette horrible attente interminable durant laquelle je tourne et retourne comme un lion de cage ! C’est encore plus insupportable quand le premier tome se termine sur un cliffhanger sans nom, comme c’est le cas d’A l’ombre du monde : les quelques mois qui ont séparé la fin de ma lecture du premier tome de l’arrivée du deuxième opus ont été tellement frustrants !
Pourchassés par la police française et par les tueurs envoyés par la Confrérie, Ariane et Jean doivent se rendre à l’évidence : ils ne parviendront pas à retrouver Edrielle et Damien seuls. Mais à qui peuvent-ils se fier ? Et qui acceptera d’aider des présumés meurtriers ? Poussée par son intuition, Ariane se tourne vers Sophia, une historienne de renom qui l’a soutenue lorsqu’elle écrivait son premier roman … Quelle n’est pas leur surprise lorsque cette dame, aussi sympathique qu’excentrique, leur apprend qu’elle connait assez bien l’Ordre qui a kidnappé la fillette et effacé la vie de la jeune femme ! Mais les deux fuyards ne sont pas aux bouts de leurs surprises, et leurs poursuivants ne reculent devant rien pour les empêcher d’atteindre leur objectif. Et le temps presse : s’ils en croient le manuscrit qu’ils ont … emprunté à la bibliothèque du Palais des Papes, ils ne leur restent plus que quelques jours avant que ne débute le grand rituel divinatoire organisé par la Confrérie. La prophétie semble sur le point de se réaliser, mais se pourrait-il qu’elle ait été mal interprétée ?
Nous retrouvons donc Ariane et son compère Jean là où nous les avions laissés auparavant : sur les traces de la Confrérie la plus secrète et puissante qui soit, qui a compté parmi ses adeptes les plus grands penseurs de toutes les époques, dans une véritable course contre la montre mêlée à une affolante course poursuite. Le compte à rebours est enclenché, et l’étau se resserre autour des deux fuyards : ils n’ont plus que deux jours devant eux avant que ne débute la cérémonie divinatoire à laquelle prendra part la petite Edrielle, considérée par les adeptes de la Confrérie comme une Pythie, peut-être même la plus puissante de toutes, capable non seulement d’entrevoir l’avenir mais aussi de l’écrire … La tension, déjà bien présente dans le premier tome, enfle un peu plus à chaque page : nous sommes tellement immergés dans le récit qu’on en oublie facilement que ce n’est qu’une fiction, et on a vraiment le sentiment que le sort du monde est entre les mains de cette mère à bout de forces mais bien déterminer à retrouver sa fille et son mari avant qu’il ne soit trop tard. On a le souffle court, le cœur battant, tandis que les embûches se dressent sur son chemin et que tout semble perdu …
Mais ce deuxième et dernier tome n’est pas seulement riche en péripéties, il l’est aussi et surtout en rebondissements et en révélations … Tout comme Ariane, le lecteur est bien loin d’être au bout de ses surprises : chapitre après chapitre, toutes nos certitudes et hypothèses s’effondrent brusquement comme un château de cartes balayé par le vent, tandis que la cruelle vérité se dévoile progressivement. Je suis vraiment époustouflée : même dans mes prédictions les plus folles, je ne soupçonnais pas un seul instant toutes ces incroyables et effroyables découvertes … Notre pauvre Ariane est au cœur d’un complot qui dépasse de loin toute imagination, une machination tellement révoltante qu’on peine à y croire. L’appât du gain, du pouvoir et de la vengeance, lorsqu’ils se rejoignent dans un seul homme à l’ambition démesurée, font faire des choses inhumaines. Dans les sombres dédales d’un vieux temple antique, tandis que le sang d’animaux sacrifiés coule encore, les mystères les plus enfouis ressurgissent et les vrais visages se dévoilent au grand jour. Alors qu’elle ne songeait qu’à retrouver la chair de sa chair, Ariane va découvrir bien des secrets sur sa propre existence, sur sa famille, sur sa destinée …
La destinée, à la croisée des chemins entre l’avenir et les prophéties. Voilà un autre point central de ce thriller ésotérique aux accents philosophiques. Le futur est-il déjà tracé ou bien nous appartient-il de l’écrire ? Sommes-nous les pantins impuissants d’une entité supérieure ou bien sommes-nous les seuls maitres de notre existence ? Dans un monde où la religiosité et les croyances semblent piétinées par la « sacro-sainte » science et technologie (paradoxe que je trouve personnellement assez rigolo : en cherchant à s’émanciper de Dieu, l’homme s’est finalement enchainé à une autre forme de divinité sans même s’en rendre compte), comment expliquer cette fascination pour les mystères occultes et la divination ? Toutes ces questions sont bel et bien présentes en filigrane du récit, comme un second niveau de lecture derrière le page-turner directement visible : l’équilibre est vraiment bien trouvé, je suis épatée ! De la même manière, je suis vraiment bluffée par la manière dont Eric et sa compagne ont su mêler si habilement fiction et réalité, jusqu'à faire s'effondrer les frontières pour rendre le récit plus prenant encore ! On ne sait plus trop qui et que croire, on sent qu’il y a un sacré travail de recherches derrière, chapeau au couple !
En bref, vous l’aurez bien compris, ce fut une fois encore un véritable coup de cœur pour le second volet de ce dyptique qui jongle habilement entre thriller psychologique et quête ésotérique ! Je ne peux que conseiller cette duologie à tous ceux et celles qui cherchent un récit follement palpitant, avec lequel on ne s’ennuie pas une seule seconde : c’est typiquement le genre de livre qui fait augmenter votre rythme cardiaque et qui vous coupe le souffle, à la fois par sa déferlante d’actions et par tous ces rebondissements inattendus qui viennent pimenter un peu plus l’intrigue déjà haletante. Je le conseille aussi aux passionnés de mythologies, grecque tout particulièrement, à ceux et celles qui sont fascinés par les mouvements occultes, réels ou supposés, qui agissent dans l’« ombre du monde ». Mais aussi et enfin à ceux et celles qui aiment voyager : les descriptions sont vraiment tellement précises qu’on a vraiment le sentiment de cheminer dans tous ces hauts lieux historiques comme si on y était vraiment. Je pense que certains seront sans doute déconcertés par ces descriptions, très détaillées, qui semblent tout droit sorties d’un guide touristique avec leurs petites anecdotes historiques, mais c’est vraiment un voyage extraordinaire en compagnie d’une héroïne incroyable ! Alors, vous embarquez ?