Lire Betty faisait partie de mes objectifs de l’année. Finalement je n’ai pas lu Betty mais je l’ai écoutée et c’est encore mieux car ce livre m’a accompagnée pendant plusieurs semaines comme un fidèle compagnon dont je ressens le manque désormais.
Pendant les premières heures d’écoute, j’ai fait la connaissance du père de Betty, Landon Carpenter, et de sa mère, Alka Lark. Landon donnera son sang cherokee à Betty ainsi qu’à ses sept frères et sœurs dont beaucoup ne parviendront pas à l’âge adulte. Pendant plusieurs heures je me suis demandé si j’allais parvenir au bout de cette histoire, peu convaincue que j’étais par les belles paroles du père et la magie qu’il voyait en chaque chose même les plus insignifiantes. Trop beau pour être vrai me disais-je alors et j’avais raison. La vie ressemble rarement à un parterre de roses, surtout pas celle de Betty car au-delà de l’homme extraordinaire qui lui a servi de père, la petite indienne a pu toucher du doigt ce qu’il y a de plus noir dans l’espèce humaine. Passé les premiers chapitres poétiques et idylliques, le ciel se couvre et l’orage gronde avant de laisser place à une véritable avalanche de malheurs qui s’abat sur cette famille. Trop laid pour être vrai me suis-je dit alors. Pendant toute l’écoute j’ai ainsi été trimballée entre lumière et ténèbres, chahutée et malmenée par les mots parfois très durs voire à peine audibles de Tiffany McDaniel. Je crois que je n’ai compris la portée de ce livre qu’une fois terminé. Il y a des livres qui laissent entrevoir un coup de cœur dès les premières lignes et puis il y a des livres qui ne se dévoilent dans toute leur beauté que beaucoup plus tard. Mais jamais je ne l’avais perçu à rebours comme ici. J’ai terminé Betty il y a quelques jours et c’est seulement maintenant que je prends conscience de sa force. Finalement, il y a bien de la beauté et de la noirceur dans Betty mais il y a surtout et avant tout de la magie.
Au début de ma vie, je n’étais personne, mais parce que ta maman a fait de moi un père, j’ai une bonne chance de finir mon existence sur cette terre comme quelqu’un qui vaut la peine qu’on se souvienne de lui.
Quelques mots sur la version audio en compétition pour le Prix Audiolib 2021 : celle-ci est lue par Audrey d’Hulstère. J’ai été à la fois charmée et agacée par son interprétation. Malheureusement comme beaucoup de narrateurs de livres audio, Audrey singe certaines voix ce qui rend l’écoute pénible. C’est surtout le pauvre Landon Carpenter qui en fait les frais. Mais dès qu’elle reste dans une intonation plus naturelle, alors le charme opère. Betty est espiègle jusque dans la voix de la narratrice, cela participe à la rendre attachante. Je ne sais pas si mes co-jurés seront du même avis mais pour moi, il n’y a aucun intérêt à ce que les narrateurs singent les voix de femmes et les narratrices les voix d’hommes : restez naturels, nous, lecteurs, sauront très bien faire la part des choses et repérer qui parle. Quand je lis dans ma tête, je ne change pas de ton à chaque personnage alors pourquoi cela devrait-il être différent en audio ?
Et vous, un avis sur la question ?
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L’ESSENTIEL
Betty
Tiffany McDaniel
Editions Gallmeister en GF et Audiolib en audio
Sorti le 20/08/2020 en GF et le 20/01/2021 en audio
720 pages (16h56 d’écoute)
Lu par Audrey d’Hulstère
Genre : roman contemporain
Plaisir de lecture :
Plaisir d’écoute :
Personnages : Betty Carpenter et toute sa famille
Recommandation : oui
Lectures complémentaires : Là où chantent les écrevisses de Delia Owens, Mon territoire de Tess Sharpe, My absolute darling de Gabriel Tallent
RÉSUMÉ DE L’ÉDITEUR
“Ce livre est à la fois une danse, un chant et un éclat de lune, mais par-dessus tout, l’histoire qu’il raconte est, et restera à jamais, celle de la Petite Indienne.”
La Petite Indienne, c’est Betty. Née en 1954 dans une baignoire, Betty Carpenter est la sixième de huit enfants. Sa famille vit en marge de la bonne société car, si sa mère est blanche, son père est cherokee. Lorsque les Carpenter s’installent dans la petite ville de Breathed, après des années d’errance, le paysage luxuriant de l’Ohio semble leur apporter la paix. Avec ses frères et soeurs, Betty grandit bercée par la magie immémoriale des histoires de son père. Mais les plus noirs secrets de la famille se dévoilent peu à peu. Pour affronter le monde des adultes, Betty puise son courage dans l’écriture : elle confie alors sa douleur à des pages qu’elle enfouit sous terre au fil des années. Pour qu’un jour, toutes ces histoires n’en forment plus qu’une, qu’elle pourra enfin révéler au grand jour.
TOUJOURS PAS CONVAINCU ?
3 raisons de lire Betty
- C’est un grand roman, « un futur classique de la littérature américaine » selon François Busnel et je partage son avis
- Betty fait partie de ces héroïnes inoubliables
- C’est un roman dans lequel les abîmes côtoient un ciel étoilé
3 raisons de ne pas lire Betty
- Le démarrage peut vous paraître laborieux mais ça vaut le coup de s’accrocher
- Vous aurez parfois une impression de trop : trop d’extase, trop de drames, trop de folie, trop de tout
- Betty est un pavé de plus de 700 pages alors si vous cherchez une lecture légère et rapide, vous n’avez pas sonné à la bonne porte
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