Tracey et la narratrice anonyme de ce roman, toutes deux métisses, se sont rencontrées à un cours de danse à Londres. Elles ont ensuite grandi ensemble. La première a choisi d’embrasser une carrière de danseuse tandis que la deuxième est assistante personnelle d’une star de la chanson. Aux côtés d’Aimee, le personnage principal de l’œuvre de Zadie Smith voyage un peu partout dans le monde au fil des événements et participe à la construction d’une école en Afrique.
Avec Swing Time, Zadie Smith explore principalement l’identité. Elle se demande si la construction de soi est totalement possible. Quand il y a d’un côté les rêves et de l’autre les pressions sociales. Quand il y a ceux qui vous veulent du bien et ceux qui violentent. Quand l’avenir est toujours là mais que les traumatismes et les douleurs passent avant tout. Quand il y a ce “handicap” d’être adulte, de devoir vivre et se contenir à la fois.
Smith ne répond pas aux nombreuses questions qu’elle pose, elle n’explique pas toujours les comportements ou les décisions. Sa littérature est considérée de réalisme hystérique. Elle ouvre en effet beaucoup de portes, dévoile des routes, provoque des rencontres, travaille les détails de nombreuses situations, mais sans trouver de vérité ou d’idéal. Les femmes qu’elle met en scène se cherchent de différentes façons et sont toutes fascinantes. Les interprétations sont multiples sur ce qu’elles veulent ou sont réellement. Tous les personnages étant vus et présentés au lecteur par la narratrice, ce qui les compose est peut-être altéré par son regard. Sans nom du début à la fin, elle force le lecteur à être dans sa peau, à être à ses côtés un spectateur de son existence qu’elle a du mal à retenir et apprivoiser. À travers elle, elle l’oblige à se rendre à l’évidence : être, c’est en effet swinguer, se balancer. Se trouver, s’effondrer, se reconstruire sans cesse.
Swing Time est un beau roman. Captivant. Complexe parfois.
Présentation de l’éditeur :
Deux petites filles métisses d’un quartier populaire de Londres se rencontrent lors d’un cours de danse. Entre deux entrechats, une relation fusionnelle se noue entre elles. Devant les pas virtuoses de Fred Astaire et de Jeni LeGon sur leur magnétoscope, elles se rêvent danseuses. Tracey est la plus douée, la plus audacieuse mais aussi la plus excessive. Alors qu’elle intègre une école de danse, la narratrice, elle, poursuit une scolarité classique au lycée puis à l’université, et toutes deux se perdent de vue. La plus sage devient l’assistante personnelle d’Aimee, une chanteuse mondialement célèbre. Elle parcourt le monde, passe une partie de l’année à New York et participe au projet philanthropique d’Aimee : la construction d’une école pour filles dans un village d’Afrique. Pendant ce temps, la carrière de Tracey démarre, puis stagne, tandis que progresse son instabilité psychologique. Après une série d’événements choquants, les deux amies se retrouveront pour un dernier pas de danse. Roman d’apprentissage et de désillusion, le cinquième roman de Zadie Smith opère également une réflexion sur le racisme, l’identité, le genre et la célébrité, avec beaucoup de rythme, d’humour et d’émotion.