Quatrième de couv’ :
Nous les appelons « nez » ou « parfumeurs ». Ils travaillent dans des maisons prestigieuses (Chanel, Dior, Guerlain), au sein de groupes internationaux pour des marques renommées, ont créé leur propre maison ou sont indépendants.
10 parfumeurs.
10 rencontres avec des personnalités marquantes qui se confient sur leur parcours, leur enfance, leurs inspirations.
10 sensibilités pour découvrir un métier fascinant et mystérieux.
Qui se cache derrière nos parfums ?
Ces 10 histoires personnelles et intimes nous invitent à le découvrir et à voyager dans un monde d’odeurs… et de souvenirs.
Mon avis :
Si vous ne me suivez pas sur Instagram, ce billet va vous paraitre sorti de nulle part donc petite mise en contexte, j’aime le parfum et j’ai une petite collection de la honte qui me fait bien plaisir (dérapage contrôlé tout de même je n’ai aucune envie d’avoir une centaine ou plus de flacons, je compte bien les utiliser avant qu’ils décèdent). C’est dans ce cadre que je fais ma curieuse pour en apprendre plus sur ce milieu qui m’a choppé par le nez, en commençant par ceux qui sont derrière ces merveilles embouteillées :
- Quentin Bisch : C’est un jeune parfumeur qui a réussi à accéder à son rêve de manière atypique. Normalement pour intégrer une école pour être nez il faut avoir au moins un bagage en chimie sauf que le petit Quentin, les sciences, il a beau s’accrocher, ça veut pas. Sur les conseils de son père qui voit son enfant en souffrance, il va donc faire des études de théâtre où il s’épanouit et en parallèle il va faire le siège de tous les parfumeurs et de toute l’industrie du parfum par courriers et coups de téléphone pour tenter de trouver des contacts qui lui mettraient le pied à l’étrier. Enfin, il finit par intégrer l’école et la société Givaudan qui va lui permettre de travailler avec diverses maisons de parfumerie. Ses créations les plus connues sont Angel Muse de Mugler et Nomade de Chloé.
- François Demachy : Ce parfumeur ne se destinait absolument pas à la parfumerie de prime abord, il est né et vivait à Grasse et pour payer ses études il a travaillé dans la société Charabot. La compatibilité études/travail n’a pas franchement matché et cette société étant également une école de parfumerie il a fini par tout apprendre là-bas, les jeunes étaient utilisés pour boucher les trous là où il y avait besoin, il n’y a pas plus formateur et François s’est formé à tous les métiers autour du parfum/ Il a ensuite intégré de grandes maisons comme Chanel puis Dior où il officie encore à ce jour. Ses créations les plus connues sont Sauvage ainsi que Joy chez Dior.
- Isabelle Doyen est parfumeuse indépendante et elle est nez associé avec la maison Goutal depuis 1986. Elle vient d’une génération où le métier était un entre soi très masculin et où on y entrait grâce au père qui transmettait son savoir. Isabelle n,’étant pas de ce milieu, elle a pu bénéficier de l’école prestigieuse ISIPCA (ISIP à l’époque) de Versailles qui a permis d’ouvrir le monde du parfum aux passionnés sans appui interne. Sa quête éternelle est de créer un parfum de rose qui sent la poire, Petite chérie chez Goutal est né de ce projet mais ce n’est pas encore parfait, elle cherche également à créer un parfum qui rappelle la fourrure du chat et dans cette optique est sorti, L’Antimatière (qui est un parfum que je me dois de sentir
). Elle revient également sur les problèmes de droits sur le parfum, les créateurs n’ont pas de statut officiel comme des droits d’auteur pour le plus grand plaisir des grandes maisons de parfumerie qui peuvent réutiliser les formules à l’envi.
- Jean-Claude Ellena : A peine vous entrouvrez la porte du monde du parfum que le nom de ce mastodonte ressort continuellement, il est l’un des plus connus. Il arrive à l’école de parfumerie en 1968 à 21 ans avec d’autres jeunes élèves et ils sont bien décidés à bousculer ce monde de vieux
fini le culte du secret et simplification des orgues et des créations. C’est chez Hermès qu’il pourra devenir pleinement le parfumeur artiste qu’il désire être. Il parle des illusions olfactives qu’on peut créer avec un parfum entre son contenu et le nom donné, la difficulté d’être dans l’air du temps qui tient plus du coup de bol en matière de création et son refus d’être bridé par le marketing, c’est lui qui indique ce qui doit être dit autour de sa création et pas l’inverse. Il est désormais à la retraite et écrit sur son métier, sa passion. Ses créations les plus connues sont First de Van Cleef & Arpels et Un jardin sur le Nil d’Hermès.
- Mathilde Laurent : Elle est parfumeur maison pour Cartier depuis 2006 et a créé le fameux La Panthère. Elle a suivi le parcours devenu classique de l’ISIPCA et milite pour plus de transparence envers le consommateur et son éducation olfactive, pour cesser avec le mystère autour du parfum. L’olfaction est le premier sens à se développer chez le fœtus, les bébés ont un odorat très développé. Pour Mathilde il est important de fusionner avec le style de la maison pour ne pas créer de fausses notes. Même dans le parfum il y a la mode du naturel, mais pour elle il n’est pas question d’oublier les 150 ans de présence du synthétique dans la parfumerie. S’il y avait une famille olfactive pour résumer son travail, le Chypre c’est chic.
- Serge Lutens : Pour ce parfumeur, ce n’est pas le parfum qui l’intéresse mais les odeurs, il a l’habitude de tout sentir. D’abord photographe et styliste de mode, il est embauché par la maison Dior pour créer du maquillage. Son amour de Marrakech est la source d’inspiration du fameux Ambre sultan provenant d’un morceau de cire que les femmes placent dans leurs cheveux pour leur mariage. Son entrée dans le monde du parfum sera réalisée avec Shiseido et la création de Nombre noir en 1980, il fera ses armes pour apprendre les matières premières avec la société Firmenich, et il devient pleinement parfumeur en 2000 où il monte sa propre maison de parfum et lance Féminité du bois. Il s’entoure d’un nez toujours à ses côtés, Christopher Sheldrake. Il désire une parfumerie qui transmette des émotions. Tous ses parfums sont comme un dialogue avec la femme de ses rêves/cauchemars d’où les noms que ses jus portent.
- Frédéric Malle : A qui s’intéresse à la parfumerie de niche, impossible de passer à côté des Éditions de parfum de Frédéric Malle et son concept merveilleux, rendre à César ce qui lui appartient, les nez derrière chaque création sont inscrits sur le flacon comme un auteur sur le livre qu’il écrit. Il y a plusieurs métiers autour de la création d’un parfum et celui de Fredéric c’est le métier d’évaluateur, il sent et commente le travail des parfumeurs pour les aider dans leur création. Il a grand espoir avec la jeune génération de trentenaires qui arrive, comme Fanny Bal qui selon lui serait un nom à suivre. La parfumerie est un métier difficile, pas la peine d’essayer de s’y frotter si on n’est pas prêt à y consacrer sa vie, par exemple, l’un des succès de la maison qui est Carnal Flower a nécessité 690 essais. Les succès de la maison les plus réputés sont Portrait of a lady et Musc Ravageur parmi tant d’autres.
- Annick Menardo : Ce parfumeur a fait la célèbre école ISIPCA, puis a intégré la société Firmenich, elle a créé les fameux Lolita Lempika, Bois d’argent ou encore Hypnotic poison. Dans les années 1980 il était difficile de devenir parfumeur en tant que femme car c’était un milieu d’hommes, heureusement même s’ils sont encore plus nombreux dans cette filière la parité tend à arriver petit à petit. Pour elle, le parfum est une abstraction qu’il faut réaliser en devant satisfaire le client comme la marque, de même, en travaillant dans une société plutôt qu’une maison il y a une forte concurrence entre les parfumeurs indépendants et les sociétés générales en lien avec plusieurs marques, mais cette indépendance permet de travailler beaucoup de styles et être constamment stimulé. En revenant sur cette mode du naturel et de la transparence, elle nous rappelle que la parfumerie doit tout à la chimie.
- Olivier Polge : Il est le fils de Jacques Polge qui travaillait pour Chanel. L’enfance d’Olivier était baignée dans le parfum mais à l’adolescence, il a tenté autre chose en allant à la fac d’Histoire mais le parfum s’est finalement imposé. Misia est son premier parfum composé pour Chanel. L’histoire de la maison pour laquelle il officie est un terreau fertile pour la création dans lequel il puise. Chez Chanel les parfums sont construits à partir de la création de matières premières, elles ne sont pas utilisées brutes mais raffinées ce qui en fait sa particularité. Il exécutera sa formation chez IFF à New York et fera ses armes sur la méthode américaine qui est de répondre aux appels d’offres des clients ce qui exige une grande souplesse de travail ainsi qu’une grande rapidité d’exécution au risque de voir le contrat raflé par un concurrent.
- Thierry Wasser : Quand il était petit, c’était un vrai cancre à l’école et il s’est trouvé apprenti en herboristerie à 15 ans et ce pour 4 ans, il était déjà passionné par les plantes depuis l’enfance donc il s’y épanouit parfaitement. Il postule ensuite chez Givaudan et réussit le test d’entrée sa carrière démarre. En 1993, il quitte Givaudan pour la société Firmenich, là il commence à côtoyer Guerlain pour finir par devenir leur parfumeur maison, il sera responsable de l’achat des matières premières et sa difficulté sera de respecter tout le patrimoine de cette maison avec les anciens parfums tel que Jicky ou Mitsouko, et pour les nouvelles fragrances il se devait d’avoir la signature olfactive Guerlain. Cette Maison de parfum a traversé les deux guerres mondiales et elle est toujours là mais le problème de sauvegarde du patrimoine vient aussi des nouvelles législations sur les allergènes contenus dans les matières premières et certaines interdictions récentes obligent à des reformulations qui peuvent altérer la fragrance finale, toute la difficulté est de faire le maximum pour que le jus reste fidèle à l’original. La Petite robe noire c’est lui.
En bref :
Ce fut une belle balade de curieuse dans l’intimité de plusieurs grands parfumeurs et j’ai noté plusieurs fragrances que j’adorerais découvrir mais pour ça il faudra attendre la fin de la tournée mondiale du virus (par contre il ne nous fait pas danser celui-là ^^).
Bonne lecture !