Parution: 02/2021
Résumé
Cette longue série est une bande dessinée résolument innovatrice. Tandis que les séries western, empreintes par un cinéma hollywoodien snob et subjectif, nourrissent l’opinion publique avec une culture erronée décrivant l’homme blanc comme le « bon » et l’indien comme le « méchant », les récits de Kirk font figure de précurseurs en présentant de manière plus réaliste et objective, les rapports entre indiens et la soi-disant « civilisation » des Blancs. Ce n’est qu’en 1970 que le cinéma américain commencera à changer de registre. Si l’on pense que « Sgt. Kirk » date de 1953, on comprend aisément la valeur de cette série western en bandes dessinées qui, dès les premiers épisodes, présente le protagoniste – un sergent du 7ème régiment de cavalerie de l’armée américaine – accablé par les doutes et les sentiments contradictoires, incertain et confus entre le sens de son devoir de soldat et la pitié, la soif de justice à l’égard des Indiens. Après une lutte intérieure douloureuse et ardue, il décide de déserter et de se ranger du côté des Peaux-Rouges. Il devient ainsi le “frère de sang” de Maha, le jeune fils du chef indien de la tribu Tchatooga, s’intégrant au mieux au sein de sa tribu. Autres personnages d’envergure de la série : le docteur Forbes – un médecin anticonformiste – et El Corto, un ancien bandit aux réminiscences romantiques. La richesse des dialogues qui expriment souvent thèses idéologiques contrastées et principes de vie divers fait de cette série un produit entièrement abouti.
Notre avis
Suite de la série Sergent Kirk, personnage crée par Hector Oesterheld et Hugo Pratt apparut en Argentine dans la revue Misterix en janvier 1953 puis en Italie en 1967 dans la revue mensuelle Sgt. Kirk ; On peut dire que, dans l’ensemble, l’œuvre est restée quasiment inédite en France, excepté quelques récits parus ici et là dont 5 volumes aux Humanoïdes Associés. Une œuvre originale, déclinée en Black & White ; Pratt donc, dans sa période argentine avec un dessin plus léger, éludant souvent tous les décors, se concentrant sur les visages des personnages, avec une petite curiosité parmi les fidèles compagnons du déserteur, un certain Corto…. Une série non exempte de défauts, malgré quelques belles planches. Un Noir et Blanc inspiré de certains comics américains comme ceux de Milton Caniff, que le maitre Vénitien admirait, mais dont il se détache progressivement, dans un style plus épuré, jouant sur les ombres. Héctor Oesterheld, lui, développe une intrigue truffées de questionnements existentiels, sur la tolérance ou l’acceptation des différences et c’est bien là que réside l’originalité de cette série, qu’il faut replacer dans son contexte de l’époque. To be continued …
En deux mots
Une envolée lyrique pétrie de bons sentiments …
Jean-Claude Attali
Lien vers la page des Éditions ALTAYA de « Tout Pratt, Édition Collector »
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Info édition : ©Altaya 2018. © CONG SA, Suisse. Pour les histoire de la série Corto Maltese : Corto Maltese ® et Hugo Pratt © CONG SA-Tous les droits réservés. © CASTERMAN Postfaces : Michel Pierre © 2018 EDITORIAL PLANETA DEAGOSTINI POUR LA PRÉSENTE ÉDITION ISBN : 978-84-684-5720-8 (œuvre complète) ISBN : 978-84-684-5772-7. DÉPÔT LEGAL EN ESPAGNE : B 11636-2018 DÉPÔT LEGAL EN FRANCE : A PARUTION Dos toilé bleu. En fin d’album, un cahier inédit de 6 pages sur l’univers de l’auteur dont un qui revient sur le cheval dans l’ouest americain, entre autres.