Un titre et un sujet parfaitement illustrés avec cette couverture, aussi jolie qu’énigmatique. En tout cas elle a piqué ma curiosité au premier regard : dans le genre thriller, on n’imagine absolument pas ce qui nous attend entre les pages qui vont suivre…
270 pages – Éditions Librinova – Broché – E-book (04/2020)
Ce qu’il en est :
« C’est l’effet papillon, petite cause, grande conséquence ; pourtant jolie comme expression, petites choses, dégâts immenses… » (Bénabar).
Cette phrase à elle seule pourrait résumer l’histoire.
Un corps féminin, nu et congelé, est découvert un matin dans l’Illinois (U.S.A.). L’inspecteur Azor Streyes sera amené à enquêter le long de la mythique route 66, puisque six autres corps du même acabit vont être découverts. Leur point commun ? Un morpho bleu tatoué dans le cou.
Loin d’un classique road movie, l’auteur nous emmène à travers les États-Unis, avec la Floride en point d’orgue. C’est là que tout se joue, se noue et se dénoue. De balades en bateau en déjeuners sur le port, on visite les Keys au rythme des déplacements de Streyes. Vous trouvez qu’il fait bon y vivre, et cela vous donne des envies de voyage ? La suite va calmer vos ardeurs, croyez-moi !
Derrière ces meurtres barbares se joue l’avenir du monde entre les mains de quelques riches illuminés, persuadés de détenir la bouée de sauvetage de la planète, et particulièrement de nos littoraux bientôt engloutis par les eaux à cause de du réchauffement climatique et de la hausse du niveau de la mer.
Rien de neuf sous le soleil (de Floride ?) me direz-vous, mais les cadavres retrouvés ne sont que les premières pièces d’un puzzle gigantesque qui, une fois mis en place, laissera apparaître un nouveau paysage planétaire, dont les plus nantis seront évidemment les seuls bénéficiaires. Nous sommes en 2031. C’est demain. Pure fiction ou roman d’anticipation ?
On entre tout de suite dans le vif du sujet, et c’est la mise en bouche que je préfère pour un thriller. L’inspecteur Streyes est un homme dévoué à son métier, mais surtout clairvoyant et réfléchi. Il avance ses pions comme sur un échiquier, et essaie d’avoir toujours un coup d’avance sur les témoins ou les suspects qu’il interroge. Il encourage son équipe en ce sens d’ailleurs, avec un côté un peu paternaliste dans certaines remarques. Il m’a parfois fait penser à Columbo.
Petit à petit, on relève les preuves et les indices, on pense tenir un bout de solution, puis la réflexion d’un personnage vient tout bousculer. Mais surtout, c’est un roman dans lequel on n’arrête pas de creuser pour voir la solution s’étoffer, et expliquer toutes les ramifications et interactions des différents protagonistes. L’auteur résume très bien l’ensemble dans les dernières pages, sans que ça ait l’air répétitif. Il faut dire qu’avec une telle machination, un petit récapitulatif n’était pas de trop (je n’ose même pas imaginer son plan de rédaction pour n’omettre aucun détail à transmettre au lecteur !) : jeux de pouvoir et d’argent, faux-semblants, amours et trahisons… Tout y est pour agrémenter une histoire qui pourrait s’avérer beaucoup plus réaliste qu’il n’y paraît. Ça en ferait presque froid dans le dos !
Le livre se lit assez vite, mais malgré les divers rebondissements, il n’a pas été de ceux qui m’ont tenue éveillée toute la nuit « pour savoir » (vous reprendrez bien encore un p’tit chapitre avant d’aller dormir ?).
Pour autant j’ai passé de très bons moments avec Streyes, à essayer de découvrir le/les coupables avant lui ; et les quelques fautes relevées ça et là n’ont pas entravé ma lecture. Celles-ci sont largement compensées par une maîtrise du sujet environnemental, et une bonne connaissance de l’espèce lépidoptère dont il est question ici (et d’autres domaines, mais je ne compte pas vous divulgacher la fin), qui donnent la crédibilité et la saveur attendues à un récit de ce genre.
Je remercie l’auteur, Jean-Louis Roujean, de m’avoir permis de découvrir son univers via le site Simplement Pro. Je n’hésiterai pas à lire son prochain ouvrage.