La morsure originelle - Sophie Zimmermann

Par Marie Kacher
La morsure originelle, Sophie Zimmermann

 Editeur : Publishroom

Nombre de pages : 335

Résumé : Anna, étudiante en anthropologie à l'université de Coven Hill, est convoquée dans le bureau du professeur Baker le jour du dernier examen avant la trêve d'hiver. Quand il lui annonce qu'avant de disparaître, il va lui transmettre "la Morsure", une marque qui relie celui ou celle qui la porte à des dons mystérieux, elle n'y croit pas une seule seconde. Et si cet épisode allait bel et bien changer le cours de sa vie ? Et si ses croyances rationnelles étaient remises en cause ? Saura-t-elle ouvrir son esprit et voir au-delà du réel ?

 Un grand merci à Sophie Zimmermann pour l’envoi de ce volume et à la plateforme SimPlement pour avoir rendu ce partenariat possible.

- Un petit extrait -

« – Je sais que tu n’es pas prête, Anna, mais il est temps, conclut le professeur Baker d’une voix rauque, le corps consumé, méconnaissable. Demain, une marque, la Morsure, apparaitra sur votre bras et vous débuterez votre destinée. »
- Mon avis sur le livre -

 On a beau essayer de ne pas se laisser influencer, positivement comme négativement, par les « effets de mode » qui font et défont le monde littéraire, ce n’est pas toujours facile de rester complétement indifférent à ces « tendances » … Et c’est ainsi que, à ma grande honte, j’ai failli refuser ce livre lorsque l’autrice me l’a gentiment proposé, pour la simple et bonne raison que mon cerveau a immédiatement fait l’association « morsure = vampire » et que je n’avais pas particulièrement envie de lire une histoire de vampires comme il y en a eu tellement ces dernières années … Heureusement, ayant beaucoup aimé le premier livre de Sophie Zimmermann, je me suis dit que je pouvais lui faire confiance pour ne pas sombrer dans les clichés et j’ai donc décidé de donner sa chance à ce roman. Et j’ai drôlement bien fait, car ce fut une excellente surprise : pas un seul suceur de sang à déplorer, et une histoire tout simplement trépidante et follement originale que j’ai croqué à pleines dents !

Brillante étudiante en anthropologie, Anna a toujours mis un point d’honneur à ne croire et ne se fier qu’à ce que la rationalité et la science peuvent formellement démontrer. Mais toutes ses certitudes volent en éclat le jour où le professeur Baker, avant de disparaitre, lui transmet, ainsi qu’à un autre élève de sa promotion, Jason, ce qu’il nomme « la Morsure » et les dons qui lui sont associés. Persuadée que tout ceci n’était au mieux qu’un mauvais rêve, au pire qu’une mauvaise farce, refusant catégoriquement de croire en l’existence des phénomènes paranormaux (encore moins dans sa vie), la jeune femme constate avec effroi l’apparition d’une Marque sur son bras … Tandis que l’assistant du professeur, Alexis, qui a été choisi pour devenir son protecteur, tente de l’apaiser et de l’aider à accepter et maitriser ses nouveaux dons, la jeune femme doit faire face à une nouvelle tempête : Jason, son « camarade de morsure », est introuvable, sa colocataire est sauvagement agressée et des lettres de menaces à son intention ne cessent de lui être adressé … Si elle veut survivre, Anna va rapidement devoir accepter la Morsure et contrôler les dons qui lui ont été transmis, et pour cela, elle doit avant tout remettre en question toutes ses croyances.

C’est une histoire qui débute de manière plutôt classique, pour ne pas trop dépayser le lecteur : une jeune femme tout ce qu’il y a de plus banal, qui se retrouve du jour au lendemain affublée d’un don qu’elle n’a pas demandé et qui remet en cause tout ce qu’elle a toujours tenu pour acquis. Cérébrale, cartésienne, façonnée par notre monde où seule compte la rationalité pure et dure, Anna réfute en bloc cette irruption du surnaturel, de l’inexplicable dans toute sa splendeur, dans son existence. C’est quelque chose que j’ai beaucoup apprécié : trop souvent, dans les récits de ce type, les héros acceptent sans sourciller ces phénomènes qui n’ont pourtant rien d’ordinaires, cela fait donc du bien de voir enfin une héroïne réagir « normalement ». Anna doute, Anna panique, Anna se révolte. C’est ce qui la rend plus proche de nous autre lecteurs, et donc particulièrement attachante … Même si je dois reconnaitre avoir eu plus d’une fois envie de la baffer, car on peut tout de même lui reprocher d’être particulièrement égoïste, de ne penser qu’à elle, alors qu’elle est loin d’être la seule impliquée dans cette affaire. Son comportement envers Alexis, son protecteur, qui fait tout son possible pour l’aider et qui semble porter un lourd fardeau, m’a particulièrement révoltée ...

Et cela d’autant plus que nous pressentons, au plus profond de notre être, que ce titre de protecteur est loin d’être honorifique et que, plus qu’aucun autre porteur de la Marque jusqu’à présent, Anna et Jason vont avoir grand besoin de secours d’Alexis et Laurine. Petit à petit, la tension grimpe : le danger se fait toujours plus présent, plus pressant, toujours invisible mais de plus en plus palpable. Il se rapproche inexorablement, d’autant plus angoissant qu’il n’a pas de visage bien déterminé … Mais ni Anna ni le lecteur n’ont le temps de réfléchir plus posément sur cette question : les voici tous deux entrainés dans un tourbillon infernal, dans une course-poursuite follement trépidante, dans une course contre la montre infiniment haletante. Anna et Jason doivent à tout prix trouver leur amulette et assimiler tous leurs dons avant que cette menace ne se dévoile. Car alors, il sera trop tard … Impossible de s’ennuyer une seule seconde, impossible également de reprendre un seul instant son souffle : il n’y a aucun temps mort, aucun répit. Tout est fait pour que le lecteur ait le cœur qui s’emballe, le souffle qui se coupe, pour qu’il se sente pleinement et totalement happé par cette histoire captivante et surprenante !

C’est en effet difficile d’aborder ce point sans trop en dire, mais soyez sûr d’une chose : chaque rebondissement, chaque révélation est plus incroyable que la précédente. Même dans nos hypothèses les plus folles, rien ne nous préparait à l’ampleur des découvertes que va faire Anna dans le dernier quart du récit. L’autrice a vraiment été douée, très douée, car elle a su nous embobiner aussi sûrement qu’Anna s’est elle-même laissée berner … Que de surprises vous attendent dans l’ombre de ces pages, que d’ahurissement et d’effarement, c’est vraiment incroyable car quand on y réfléchit, tout est parfaitement prévisible. Mais on est bien souvent aveugle aux évidences … Peut-être parce que, comme Anna, nous préférons « croire et faire confiance à la part de bonté qui existe en chacun de nous », parce que nous avons au fond de nous cette fois irrésistible en l’humanité. Car voilà enfin la finalité de toute cette histoire : un grand questionnement sur l’homme, sur le bien et le mal, sur la liberté … Deux visions de la vie s’affrontent au terme de ce récit, deux visions qui nous rappellent qu’il n’existe pas une vérité absolue mais aussi que la fin ne justifie pas les moyens. Un ultime bon point pour ce récit, car vous le savez, j’aime les récits qui ouvrent à la réflexion !

En bref, vous l’aurez bien compris, ce fut vraiment une très bonne surprise et je suis vraiment très heureuse d’avoir laissé sa chance à ce roman malgré ce titre qui m’induisait en erreur ! J’ai vraiment passé un formidable moment aux côtés d’Anna, j’ai vraiment eu le sentiment de vivre toute cette folle aventure avec elle : j’ai eu peur avec elle, j’ai eu mal avec elle, j’ai eu envie de l’aider, j’ai eu envie de la secouer … L’autrice nous offre une nouvelle fois un récit vraiment palpitant, qui happe le lecteur du début à la fin et qui le surprend un peu plus à chaque retournement de situation : avec Sophie Zimmermann, il ne faut jamais rien tenir pour acquis, il ne faut jamais baisser la garde … Car c’est lorsque nous nous y attendons le moins que l’incroyable surgit, que l’impensable survint : c’est vraiment du grand art que de mener ainsi le lecteur par le bout du nez pour mieux le prendre au dépourvu ! J’ai également beaucoup apprécié l’originalité du récit, qui s’appuie sur les codes du genre pour mieux les sublimer : le lecteur se sent à la fois en terrain connu et en terre inconnue, c’est un équilibre délicat à trouver mais que l’autrice maitrise à la perfection ! Enfin, ultime argument pour vous convaincre de vous procurer ce livre en moins de temps qu’il ne faut pour le dire : c’est un one-shot, vous n’aurez donc pas à attendre de longues années afin de connaitre le fin mot de l’histoire !