Le rouge n’est plus une couleur de Rosie Price

Par Lettres&caractères

C’est avec Le rouge n’est plus une couleur que j’ai achevé la lecture de la sélection d’avril pour le Prix des lecteurs et je crois bien que je l’aurais abandonné si je n’avais pas déjà mis de côté deux des quatre titres du mois. Trois abandons sur quatre livres, ça aurait fait un peu désordre – plus en tout cas que mes trois coups de cœur sur trois du mois précédent – alors je me suis accrochée, non sans mal.

Le rouge n’est plus une couleur de Roise Price (éditions Le livre de poche)

Moi qui ai plutôt une vie qui file à 100 à l’heure, j’ai eu l’impression que le temps s’était figé pendant quelques jours. Le rythme de ce roman ne m’a clairement pas convenu alors même que je l’ai trouvé très juste dans sa façon d’aborder le viol, ses répercussions sur la vie de la victime et la difficulté d’en parler à son entourage. C’est d’ailleurs parce que les personnages et l’histoire semblaient aussi précisément justes que je me suis accrochée mais ça n’a pas suffit. Dans le même genre, j’ai largement préféré Les Choses humaines de Karine Tuil, plus nerveux, plus sulfureux, plus apte à bousculer et à déranger le lecteur. Plus contemporain aussi dans son traitement. Peut-être moins esthétique par le style, on ne peut pas toujours tout avoir.

Personne n’avait jamais évoqué ce troisième rite de passage, quelque part entre virginité et maternité ; et pourtant, il existait, odieux mais indéniable : le premier viol.

Ce roman de Rosie Price m’a beaucoup fait penser à ceux de Ian McEwan avec un thème de société très fort qui interpelle mais une écriture bien trop verbeuse à mon goût qui finit par élimer tout intérêt pour le sujet. Ici, tout est affaire de goût car le roman en lui-même est plutôt bon mais le plaisir que vous prendrez à le lire dépendra de ce que vous êtes venus chercher : si c’est du rythme, des dialogues incisifs, des scènes qui marquent fort les esprits que vous avez envie de lire, vous n’êtes clairement pas au bon endroit. En revanche si vous souhaitez vous glisser dans une atmosphère de traumatisme, de non dits, de destruction et de tentative de reconstruction, de flottements et d’interrogations, alors vous avez peut-être là le roman à ne pas manquer.


L’ESSENTIEL

Couverture de Le rouge n’est plus une couleur de Rosie Price

Le rouge n’est plus une couleur
Rosie Price
Editions Grasset et Le livre de poche
Sorti le 11/03/2020 en GF et le 24/02/2021 en poche
408 pages  

Genre : roman contemporain, sociétal
Personnages : Kate et Max, Nicole, Lewis, Zara
Plaisir de lecture :
Recommandation : oui
Lectures complémentaires : Les Choses humaines de Karine Tuil, Le consentement de Vanessa Springora,  Anatomie d’un scandale de Sarah Vaughan, Je me suis tue de Mathieu Menegaux, La familia grande de Camille Kouchner

RÉSUMÉ DE L’ÉDITEUR

Kate et Max se rencontrent à l’université et deviennent immédiatement deux amis inséparables. Kate fait la connaissance de la famille de Max – une famille bourgeoise, cultivée, très différente de la sienne – qui l’accueille à bras ouverts. Mais lors d’une fête, pendant que la soirée bat son plein, le cousin de Max entraîne Kate dans une chambre à l’étage. Elle n’ose pas refuser et la porte se referme. Sa vie s’écroule alors, seconde après seconde. Ses yeux fixent le ruban écarlate cousu dans le col du garçon pendant que celui-ci la viole ; pour Kate, le rouge ne sera plus jamais une couleur.

Ce premier roman de Rosie Price nous offre une réflexion subtile et poignante sur la mémoire traumatique, le sacrifice que l’on consent au silence et le courage de nommer. Il explore le lent retour à la vie d’une jeune femme après un viol sans coups ni cris, mais aussi les réactions d’une famille lorsque l’un des siens est accusé. Un texte fulgurant, la naissance d’une écrivaine britannique majeure.

C’est percutant, subtil et brillamment traduit. Sandrine Mariette, Elle.

Un premier roman comme un coup de tonnerre. Un texte puissant. Claire Julliard, L’Obs.

Prix Griffe noire du meilleur roman étranger 2020.

Traduit de l’anglais par Jakuta Alikavazovic.


TOUJOURS PAS CONVAINCU ?

3 raisons de lire Le rouge n’est plus une couleur

  1. Pour la justesse de son approche du viol et de ses répercussions
  2. Pour la plume de l’auteure tout en retenue
  3. Pour son second thème plus léger lié à l’amitié homme-femme

3 raisons de ne pas lire Le rouge n’est plus une couleur

  1. L’utilisation de certaines expressions très vulgaires aurait pu nous être épargnée
  2. On peine à avancer, c’est long, c’est lent
  3. Le bon dosage n’a pas été trouvé entre les scènes clés trop rapidement expédiées et les autres qui s’étirent inutilement en longueur

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