Bilan des lectures d’avril
De très belles lectures en avril avec pour commencer The Bloody Chamber and Other Stories d’Angela Carter (La Compagnie des loups en français, parce que l’éditeur français s’est visiblement dit « non on va choisir le titre d’une autre nouvelle »). Cela faisait très longtemps que je voulais découvrir les nouvelles d’Angela Carter et je suis ravie de l’avoir fait – je vous en parle dès que j’ai le temps d’en faire la chronique. Je me suis replongée dans les romans de The Expanse écrits par James S.A. Corey avec le septième tome, Persepolis Rising : après la petite retombée d’engouement qu’avait été le sixième tome pour moi, j’ai retrouvé tout ce que j’adore dans cette saga avec ce volume.
À force d’écouter les superbes podcast de Victoire Tuaillon – Les couilles sur la table et Le cœur sur la table – je me suis dit qu’il serait peut-être temps d’ouvrir son livre qui trône dans ma bibliothèque depuis deux ans : Les couilles sur la table. Je suis admirative de sa manière simple et pourtant complète d’expliquer la (dé)construction des masculinités et comment elles sont perçues dans toutes les sphères de notre société. Je recommande à toutes les personnes qui veulent en lire plus sur le féminisme ou les masculinités.
Après tout ça j’avais bien besoin d’un peu de poésie et j’ai savouré deux numéros de la revue Sœurs. Le second numéro, Douces ?, est probablement mon préféré des trois publiés jusqu’ici : j’y ai découvert des poèmes et des poétesses qui ont particulièrement résonné en moi. Parmi celles-ci, Soleïma Arabi, Lisette Lombé, Bernedette Muthien, Selma Kovich et Mélanie Leblanc dont je met un extrait ici du poème « Souris » :
Mets du rouge à lèvres
Sois naturelle
Épile-toi
Prends soin de ton corps
Ne parle pas de tes règles
Mets des talons
Ne sois pas trop grande
Trop courte ta jupe
Va pas te plaindre après
Dans le troisième numéro, Printemps, c’est la poétesse Louise Glück qui m’a particulièrement touchée. Et je remarque aussi que je suis généralement plus touchée par les poèmes un peu long – ou en tous cas que je m’attache moins aux formes très courtes comme le haïku. Même si je trouve ces derniers beaux, ils me font moins vibrer (les goûts, les couleurs, tout ça…).
Florilège de chroniques lues
Le florilège est un peu pauvre et ne contient qu’une seule fleur ce mois-ci… La « Lettre de lecture – Viendra le temps du feu de Wendy Delorme » d’Alexandre Antolin sur le carnet La Mafia Lavande m’a convaincu, avec plusieurs autres chroniques dont je n’ai plus les auteur⋅ices en tête toutes mes excuses, d’ajouter ce livre dans mes prochains achats.
Revue du web
Genre et féminisme
Le podcast Quoi de meuf a consacré un épisode au porno féministe et je l’ai trouvé très complet : « #127 – Cherche porno éthique et féministe ».
Lauren Bastide s’est entretenue avec Kaoutar Harchi dansun épisode de La Poudre et ça ne pouvait que donner un superbe échange : « Écrire contre la violence sociale avec Kaoutar Harchi ».
Deux ressources que je recommande concernant les transidentités : « FAQ : Mythes et mensonges sur les personnes trans » sur le site Toutes des femmes et la vidéo « Je suis transgenre – Tartine de vie » de Ben Névert où il échange avec Louis, Lexie et Morgan.
La révolution c’est pour quand ?
Lise Foisneau a fait un travail d’ethnologie auprès des « gens du voyages » et Ballast a publié ça en trois parties : « Un terrain à soi », « Terrains désignés » [portfolio] et « Les mobilisations environnementales à l’intersection des luttes voyageuses ? ». C’est affligeant de voir comment notre société traite ces personnes dans le plus grand calme et une impunité exemplaire.
Le documentaire Utopia 56 – La solidarité entravée montre le quotidien de bénévoles pour l’association Utopia 56 qui vient en aide aux personnes exilées dans le Nord de la France. La preuve qu’en plus de ne pas protéger et aider un minimum ces personnes exilées, l’État entrave sciemment toute aide qui peut leur être portée et harcèle ces bénévoles pour faire pression sur elleux.
J’ai enfin pris le temps d’écouter tous les épisodes du podcast Travail (en cours) et je recommande son écoute, plus particulièrement des épisodes suivants qui m’ont beaucoup plu : « Pourquoi court-on tou·te·s après une promotion ? » et « D’où vient l’injonction à être passionné·e au travail ? ».
À propos de l’occupation des théâtres, Mélanie Simon-Franza a fait un article pour Ballast sur le sujet : « Une nuit à l’Odéon occupé ». Sur le même sujet, Charlie Rano a publié une vidéo où elle explique la mobilisation : « Pk vous occupez des théâtres ? ».
Le Cash Investigation sur l’alcool devrait probablement être vu par toutes les personnes qui utilisent les réseaux sociaux : « Alcool : les stratégies pour nous faire boire » (il est disponible en replay jusqu’à la mi-juin).
Dans la suite des reportages glaçants, celui d’Antoine Tricot sur France Culture : « À l’ère de la surveillance numérique » en quatre épisodes. C’est impressionnant de voir à quel point c’est banalisé et les personnes qui s’occupent de cette surveillance en parlent – apparemment – sans sourciller ou s’inquiéter.
Le podcast Émotions a publié un épisode sur « Pas vu, pas pris : comment expliquer notre sentiment d’impunité ? » qui met en parallèle le sentiment d’impunité d’un braqueur de banques avec des hommes politiques qui enchaînent les procès et les poursuites judiciaires sans sourciller pour expliquer ce sentiment.
Ça m’a fait beaucoup de bien de lire l’article en deux parties de Delphine sur Barbieturix : « Comment je me suis réconciliée avec ma FEMitude Partie 1 » et « Partie 2 ». Avoir une expression de genre femme dans les milieux queer n’est pas toujours bien perçu et elle décortique parfaitement cela.
Pour finir avec quelque chose qui redonne de l’espoir : j’ai découvert la newsletter de Lauriane « Lesbien raisonnable » et c’est une merveille, je recommande vivement.
Recettes véganes
J’ai testé peu de nouvelles recettes ou alors rien d’extraordinaire, à part le pesto de blettes de La Petite Okara et les Friands au « fromage » de L’Herboriste. Et vraiment, si vous aimez les feuilletés, testez les friands, ils demandent aucun ingrédient farfelu ou complexe à acheter, c’est très simple à faire et même si vous galérez avec votre pâte feuilletée et que le résultat est moche comme ce fut mon cas, ils sont délicieux et je les referai =D
Pop culture, tu l’aimes, tu l’analyses
J’ai découvert une autre newsletter, Queer Cinema Club qui partage des films queer, avec des sous-titres français et surtout un accès direct aux films (pas besoin de faire exploser votre liste d’achats, vous pouvez regarder tous les films d’un clic). Pour avoir une idée de ce que cela donne vous pouvez visiter le site queer cinema club qui répertorie tous ces films, ou vous abonner à la newsletter par là.
J’ai découvert la chaîne YouTube de Ladyknightthebrave, grâce à La petite créature, et c’est du pur bonheur : on y trouve des essais vidéos sur des films, séries ou jeux vidéos qui sont délectables. Je n’ai pas encore tout vu mais parmi mes préférées je citerai « Dead Doesn’t Mean Gone – A Haunting of Bly Manor Video Essay », « Atlantis: The Lost Empire and Emotional Storytelling – A Video Essay » et « Let’s Get Sad – A Last of Us Video Essay ».
Ce que j’ai fait en avril
J’ai pu voir ma famille juste avant le nouveau confinement et ça m’a fait beaucoup de bien. Je suis allé randonner avec une personne merveilleuse et j’avais bien besoin de m’aérer la tête.
J’ai regardé pas mal de choses, dont la série animée DOTA : Dragon’s Blood qui était chouette même si, encore une fois avec Netflix, trop courte. Après des années à en avoir entendu parler et à vouloir la découvrir, j’ai enfin regardé Killing Eve et j’ai autant apprécié que ce que j’imaginais : c’est tout simplement glorieux et la série parvient à montrer une relation toxique sans la romantiser tout en nous accrochant aux personnages… Wow.
J’essaie de regarder un peu plus de films en ce moment, et quand j’ai vu que Dylan O’Brien avait joué dans Love and Monsters je l’ai regardé le jour de sa sortie sur Netflix (j’y peux rien, il aura toujours une place dans mon petit cœur). C’est un film sympathique même si j’aurais préféré une fin différente.
Dans un tout autre genre j’ai regardé Les garçons sauvages quand il était disponible sur Arte parce qu’un ami m’en avait parlé il y a un moment et c’était… une expérience. Ça parle entre autre de fluidité de genre et c’était à la fois fascinant et horrifiant à regarder. Toujours sur Arte j’ai regardé Jackie parce que le concept du film m’avait intrigué mais après l’avoir vu je me rends compte que je ne suis pas assez intéressée par l’histoire états-unienne pour accrocher. En revanche le jeu de Natalie Portman est impressionnant. J’ai aussi regardé deux documentaires Arte : America First : Le bilan sur la présidence de Trump et les relations internationales (ça fait froid dans le dos) et Le monde secret des chats qui cherche à savoir si un chat peut être jaloux. Pour finir sur Arte (promis je suis même pas sponsorisée), j’ai regardé la courte série Fluide et c’était très chouette à voir.
La newsletter que je mentionnais plus haut, Queer Cinema Club, avait recommandé Fucking Åmål, un film qui n’avait rien d’exceptionnel mais qui était intéressant. Par contre le documentaire Amours interdites qui fait le point sur le vécu des lesbiennes en Amérique du Nord à la fin du vingtième siècle était très intéressant, je le recommande. Il me semble pas qu’il était dans la newsletter mais comme c’est un film qui parle de relation lesbienne ça va avec, j’ai regardé Baka Bukas, un film philippin qui reprend le trope de friends to lovers.
Avant de voir la Snyder’s Cut de Justice League, j’ai re-regardé Man of Steel et Batman v. Superman pour me rappeler à quel point on commençait mal… Et la Snyder’s Cut était pas mal, ça prouve encore une fois que des studios sont prêts à saccager un film pour des histoires de petit sous jusqu’à ce que ça donne quelque chose qui n’a rien à voir et à la limite du regardable.
Je vous souhaite un beau mois de mai et j’espère que vous aurez l’occasion de sortir prendre l’air et de lire de chouettes livres (si vous en avez envie).