The Expanse T7 : Persepolis Rising, de James S.A. Corey, Orbit, 2018 (publication originale : 2017), 560 pages.
L’histoire
Presque trente ans après la fin de la guerre et l’anéantissement de la Flotte libre, l’humanité a retrouvé un semblant d’ordre et de stabilité. La Terre et Mars ont reformé leur coalition et se relèvent progressivement, tant sur le plan économique que militaire. L’Union des transports, l’organisme ceinturien chargé de réguler les échanges commerciaux entre les différents systèmes, tient un rôle essentiel au sein de l’Univers connu. L’équipage du «Rossinante», aidés par leurs alliés du système Sol, vont devoir opérer dans l’ombre et se lancer dans un ultime combat pour tenter de déjouer les plans du régime dictatorial qui tente de s’imposer sur l’humanité.
Mon humble avis
Après la lecture du sixième tome, Les Cendres de Babylone, qui m’avait moins plu que les volumes précédents, j’étais tout de même impatiente de retrouver les personnages de The Expanse. Si vous n’avez pas lu les tomes précédents et que vous souhaitez garder la surprise, n’hésitez pas à jeter un œil aux chroniques des autres tomes.
L’intrigue du Soulèvement de Persépolis commence trente ans après Les Cendres de Babylone. Si c’est surprenant au premier abord, c’est un choix qui me semble tout à fait cohérent. Cela permet d’expliquer les avancées technologiques, la reconstruction des infrastructures et de la vie sur Terre, et de ne pas avoir une autre catastrophe qui s’enchaîne directement après les événements du sixième tome. Cela me rappelle, même si ce sont des livres très différents bien qu’ils relèvent tous deux de la science-fiction, La Trilogie des Trois Corps de Liu Cixin. Mais, l’intérêt de ce bon en avant ne s’arrête pas là : cela nous permet de suivre l’évolution des personnages, devenus vieillissant trente ans après, même si les progrès technologiques et médicaux leur permettent d’être encore en relative bonne forme. J’ai peu eu l’occasion de lire des romans de science-fiction s’intéressant à des personnages vieillissants et c’était un plaisir de lire ce qu’ils ne peuvent plus faire comme avant, les genoux qui tiraillent, les cheveux gris et les visages ridés. Encore une fois, le récit arrive à nous happer parce qu’il est réaliste, malgré l’univers éloigné du nôtre : que les personnages ne puissent plus faire les mêmes cabrioles avec la même aisance que trente ans avant ne les rend que plus palpables et intéressants.
Holden let that idea sink in. He didn’t understand the bond between Amos and Clarissa except that it was fierce and platonic and had lasted through the years. If it was love, it didn’t look like any version he’d ever experienced, but it didn’t look like anything else either.
p. 70
On retrouve beaucoup dans ce tome un thème que j’apprécie particulièrement, celui de la famille choisie. L’équipage du Rocinante cohabite depuis trente ans, certains d’entre elleux depuis plus longtemps encore et les liens créés entre ces personnages semblent incassables. The Expanse marque encore des points en terme de diversité avec la représentation d’amours véritables qui n’ont pas besoin d’être sexuels pour être importants et forts.
And, almost without her knowing it, they’d become her family. [Bobbie] still had brothers and nieces and nephews back on Mars related to her by blood, but she rarely spoke to them. Even then it was always in a recorded message fired across space on the end of a laser. Instead, she had Amos, the gruff big brother who’d let her fuck up on a repair job and just laugh at her, but then fix it later and never mention it again. And she had Clarissa, the annoying know-it-all little sister who wrapped herself in rules and procedure lists and formality like a shell around her fragile center.
And then, Holden and Naomi, who couldn’t help but become the parents of the ship. Alex, the best friend she’d ever had, and the person she’d realized recently she had every intention of growing old with, in spite of never having seen him naked. It was an odd group of people to fall in love with, to adopt as your own kin and tribe, but there it was, and she wasn’t ever going back.
p. 77
En trente ans, le tableau politique a eu le temps d’évoluer et de façon drastique : les « Ceinturien⋅nes » n’ont plus de raison d’être opposé⋅es à la Terre et à Mars puisque toustes sont éparpillées à travers différents systèmes, dont le système solaire n’est qu’un point de départ. Ainsi, la Coalition Terre-Mars réunit les deux planètes pourtant opposées depuis si longtemps et elle travaille en harmonie relative avec l’Union des Transports composée majoritairement d’ancien⋅nes Ceinturien⋅nes. Ces changements sont d’autant plus intéressants qu’on se rend compte qu’ils auraient été invraisemblables dans le premier tome de The Expanse, et pourtant les auteurs ont fait tellement évoluer leur univers et ses habitant⋅es que cette alliance est devenue non seulement envisageable mais même évidente.
Malheureusement, cette paix si durement trouvée va être mise à mal (sinon, ce ne serait pas un tome de The Expanse). On assiste à l’arrivée d’un régime autoritaire et organisé qui semble avoir tout ce qu’il faut pour s’imposer, peu importe les armes, les vaisseaux et les tactiques de la Coalition ou de l’Union. Bien entendu, ce régime se présente comme rationnel, avec un « Président » qui n’est rien d’autre qu’un dictateur, qui prétend devoir prendre le contrôle de tous les systèmes pour le bien de l’humanité bien évidemment.
“And also if you call me ‘little girl’ again, I will hurt you.”
“Is that right, ninita?” Ramez said, his grin turning condescending.
“No,” Bobbie said, stepping toward him. “No, that’s not right. Pulling that gear will be delicate work. I can’t risk her damaging her hands before we get out there.” Bobbie took another step into Ramez and stared down at him. “So I’ll hurt you. Mao’s my second on this. Don’t make me beat some respect into you, ninito.”
p. 234
L’histoire insiste beaucoup sur le sentiment d’impuissance qui peut envahir une population quand toutes les issues semblent fermées et qu’il semble impossible de contrer ce changement et cette invasion. Malgré tout, certains personnages – dont notre équipage préféré vous vous en doutez – ne baissent pas les bras et vont tout mettre en œuvre pour mettre à mal les plans de cette dictature. Mais cette fois-ci, il n’est pas dit que leurs plans réussissent.
It was all becoming normal. He could see it in the way the clerk served up the terrible, terrible coffee. He could hear it in the conversations at the nearby tables. It showed on the screens and in the gaits of the people walking by. Panic and alarm were exhausting. He was exhausted by them, and Medina was exhausted too. It was already shifting into its new routine. Checkpoints, yes. Armed security, yes. All the theater of dominance and control and nothing to undercut that narrative.
p. 266
J’ai encore passé un très bon moment avec les personnages de The Expanse que je recommande toujours autant !