Courir au clair de lune avec un chien volé, Callan Wink, traduit de l’américain par Michel Lederer, Albin Michel, 2017, 290 pages
Le Montana, ses paysages, ses hivers rudes, ses lacs.
La première nouvelle qui donne son titre au recueil, démarre sur les chapeaux de roue. Il est nu, il court dans la nuit aux côtés d’un chien, poursuivi par deux hommes prêts à tout pour récupérer ce fameux chien. D’emblée, on est embarqué dans un voyage insolite.
Entre la rivière à dompter, les chats à éliminer, la dernière bataille de Custer à reconstituer, la carcasse d’un bœuf à évacuer et bien d’autres choses encore, Callan Wink nous propose des nouvelles d’atmosphère à travers lesquelles il brosse des portraits de personnages ordinaires, au parcours ordinaire, des personnages comme vous et moi, pleins de rêves et de regrets.
Les ellipses sont nombreuses. Charge au lecteur de recoller les morceaux. Cette manière de ne pas raconter de manière linéaire, dans un texte court, donne un ton particulier et m’a vraiment séduite. Ce sont des tranches de vie. L’auteur suggère et laisse le soin au lecteur de conclure ce qu’il veut de ce qu’il vient de lui conter.
Le poids de la solitude, l’envie d’être aimé, les erreurs de jugement, la culpabilité, l’auteur explore les failles humaines, traque les non-dits, décrit des êtres abimés qui subissent leur vie et cherchent une échappatoire.
La mort est omniprésente, elle est le fil rouge du recueil et nous conduit vers une réflexion sur la valeur de la vie.
Dans Dérapage, j’ai été touchée par la relation entre un grand-père et son petit-fils. Ils vont passer un dernier moment ensemble sur le lac pour pêcher, avant que Terry ne soit incarcéré pour deux ans. Le final est prodigieux.
« Parvenu à ce qu’il estima être le milieu du plan d’eau, Terry arrêta de ramer. La lune, qui ne brillait déjà pas beaucoup, avait fini par succomber aux nuages et le ciel formait au-dessus de lui une tache d’encre impénétrable. Il n’y avait pas de vent, si bien que le canot ne tanguait pas, pas plus qu’il ne dérivait. Il restait là, immobile, comme suspendu dans le vide. »
La dernière nouvelle, la plus longue, Regarder en arrière, m’a particulièrement émue. Lauren est un personnage auquel on s’attache. Et une fois encore, Callan Wink raconte sans chichis, d’une manière simple, épurée et sans linéarité. Le bilan d’une vie en somme.
Lecture commune avec Ingannmic, Kathel, Miss Sunalee et Une comète.
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