Les affaires de viol alimentent la littérature depuis toujours et plus encore ces dernières années, mouvement #MeToo oblige. Mais alors que l’on s’est habitué à lire des histoires sordides du point de vue de la victime, plus rarement de son agresseur, Mathieu Menegaux nous offre un nouvel angle, celui de la justice.
Pourtant le procès qui se déroule au fil des pages de Femmes en colère n’est pas celui des bourreaux de Mathilde Collignon mais bien le sien. Cette femme mise sur le banc des accusés est jugée pour un crime barbare dont on connaîtra les détails au fil du récit. Pour déterminer sa culpabilité, six jurés, des hommes et des femmes, comme vous, comme moi, comme elle. Des hommes et des femmes avec leur intime conviction, leur désir de vengeance ou de pardon, leur histoire, leurs opinions. Et au côté de ces six jurés populaires, trois magistrats présents pour faire appliquer le droit, intraitable, implacable, inflexible, immuable. Du déroulé du procès au secret des délibérations, Mathieu Menegaux nous montre à voir ce que la justice de l’homme peut avoir à faire de la douleur d’une femme. D’une femme meurtrie, détruite, à terre mais en colère. Qui de Mathilde Collignon victime ou bourreau l’emportera devant la cour d’assises ? C’est à mesdames et messieurs les jurés de le déterminer.
La Justice vous intime de la condamner lourdement. L’Humanité devrait vous conduire à la clémence envers cette femme qui a reconnu les faits et qui a déjà été punie. Alors, que choisirez-vous ? Serez-vous des justicier ? Ou serez-vous justes ?
Comme dans Est-ce ainsi que les hommes jugent ? l’auteur nous livre un fait de société qui questionne notre capacité à vivre ensemble en nous le présentant à travers le destin d’une femme dont on découvre peu à peu les plus sombres pensées et agissements. Afin que son cas ne reste pas un acte isolé, il mêle à son histoire une approche très pédagogique des arcanes de la justice, la façon dans les hommes jugent en ne cherchant pas à déterminer ce qui est juste mais ce qui relève de la justice. Une nuance avec laquelle le lecteur aura à batailler pendant près de 200 pages, un bras de fer usant dont on finit par douter qu’il y ait vraiment un vainqueur.
L’ESSENTIEL
Femmes en colère
Mathieu MENEGAUX
Editions Grasset en GF
Sorti le 03/03/2021 en GF
198 pages
Genre : roman psychologique et social
Personnages : Mathilde Collignon et ses bourreaux
Plaisir de lecture :
Recommandation : oui
Lectures complémentaires : Je me suis tue, Un fils parfait et Est-ce ainsi que les hommes jugent ? du même auteur, Le consentement de Vanessa Springora, La familia grande de Camille Kouchner, Le rouge n’est plus une couleur de Rosie Price
RÉSUMÉ DE L’ÉDITEUR
Cour d’assises de Rennes, juin 2020, fin des débats : le président invite les jurés à se retirer pour rejoindre la salle des délibérations. Ils tiennent entre leurs mains le sort d’une femme, Mathilde Collignon. Elle est accusée d’un crime barbare, qu’elle a avoué, et pourtant c’est elle qui réclame justice. Dans cette affaire de vengeance, médiatisée à outrance, trois magistrats et six jurés populaires sont appelés à trancher : avoir été victime justifie-t-il de devenir bourreau ?
Neuf hommes et femmes en colère doivent choisir entre punition et pardon.
Au cœur des questions de société contemporaines, un suspense haletant porté par une écriture au scalpel.
TOUJOURS PAS CONVAINCU ?
3 raisons de lire Femmes en colère
- Comme tous les romans de Mathieu Menegaux, celui-ci se lit d’une traite, en retenant son souffle
- Cet auteur a un don pour se glisser dans la peau des victimes
- C’est un livre qui nous en apprend beaucoup sur le fonctionnement de la justice pénale en France
3 raisons de ne pas lire Femmes en colère
- Impossible de s’évader avec un tel sujet
- On frôle peut-être l’overdose en ce moment sur le thème du viol (mais s’il y a des livres en trop sur ce sujet, ça n’est pas le cas de celui-ci)
- Comme toujours avec cet auteur, c’est beaucoup trop court !
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