La roue du temps, Le Sentier des Dagues, Alliances (tomes 15 et 16) - Robert Jordan

Par Carole My-Bo0ks @Car0le_

Le Chemin des Dagues, tomes 15 et 16 de la saga La Roue du Temps de Robert Jordan. Félicitations pour avoir atteint les 2/3 de cette longue série de livre ! Attention, spoilers en vue et cætera...

Le monde est confronté à un été qui n'en finit plus. Bientôt deux ans d'été déjà, sur le papier ça parait bien (et pour le bronzage aussi), mais pour faire pousser de la nourriture ou survivre, ça commence à devenir compliqué. C'est pour cette raison qu'Elayne, Nynaeve et Aviendha ont recherché laborieusement puis utilisé la Coupe des Vents, un artefact capable de modifier le climat. Au passage elles ont récolté toute une colonie de réfugiées capable de manipuler le Pouvoir dans le plus grand secret, se sont coltinées avec l'Ajah Noire (encore!) et doivent maintenant fuir les Seanchans qui sont de retour avec un débarquement militaire qui écrase tout sur son passage. Elles doivent en plus gérer 3 factions qui se détestent dans leur équipée, trouver un moyen de rentrer en Andor, sécuriser un trône... bref elles ont de quoi s'occuper !

Rand quant à lui a conquis un nouveau royaume et chassé un Rejeté de plus dans le précédent tome. Bon point pour lui ! Maintenant il doit se confronter aux Seancheans (qui se taillent un royaume faisant un quart du monde quand même), et surtout à leurs redoutables Damanes utilisant le Pouvoir comme arme.

Il dispose lui-même de ses propres troupes, les Asha'mans, dressés uniquement pour la guerre... mais qui sont condamnés à devenir fous à brève échéance et tuer tout le monde sans distinction. Le choc s'annonce terrible, et il va subir pour la première fois une véritable défaite.

En plus, il a beau étendre sans cesse le territoire sous son contrôle, (la vie classique de l'élu de la prophétie et tout ça), il se rend compte qu'unir les gens pour les sauver ne marche pas vraiment. Ils continuent tous à vouloir se manipuler, se trahir, tirer leur épingle du jeu à n'importe quel prix.

Il a uni de force trop de gens, trop vite, et désormais même ses outils les plus efficaces risquent de se retourner contre lui ou de lui exploser au visage ! Il y a par exemple Masema, Prophète auto-proclamé de Rand, qui a surtout prolongé des millions de personnes dans des guerres civiles chaotiques. Perrin est parti avec sa femme, Faile pour tenter de le contrôler, voir de l'arrêter purement et simplement. Mais ce n'est pas facile de raisonner un fou entouré de milliers de partisans fanatisés. Le fait de pouvoir parler aux loups n'est pas d'un grand intérêt quand ces derniers ont forme humaine !

Enfin, Egwene sort progressivement grande vainqueur des conflits sans cesse avec ses propres Aes Sedai et tente maintenant de les organiser dans le seul vrai but possible : réunir la Tour Blanche éclatée, quitte à passer sur le corps de l'horripilante Elaida si nécessaire.

En bref, en un mot comme en cent, les bouquins n'ont jamais été si bordélique ! C'est le grand chaos général qui précède la fin du monde...

Ce tome fait partie de ceux que j'aime le moins de la saga - j'arrive sur les raisons - mais pourtant il contient plusieurs perles qui qui m'ont touché (par exemple j'adhère enfin à Nynaeve et ses crises de colères, mais son chéri de Lan y est pour beaucoup).

Il y a aussi plusieurs gros pavés qui sont balancés dans la mare de nos certitudes, dont le plus évident est Rand. Avec son complexe du héros et ses succès qui s'enchaînent, on a plus beaucoup de sympathie pour le gentil berger énamouré du début.

Pourtant on nous révèle ici des échecs, de plus en plus violents (mais spoiler free) tant au niveau global que personnel, ou juste émotionnel. C'est en lisant ce livre que je me suis demandé pour la première fois si le héros n'était pas devenu irrémédiablement cinglé... et s'il n'allait pas finir par devenir le méchant à abattre, tel un fou enragé. Et pour arriver à faire ça au personnage principal, d'une série de plusieurs dizaines de milliers de pages... Il faut s'accrocher !

Sur une saga aussi gigantesque que la Roue du Temps (et ayant des fans si... fanatiques à son propos), beaucoup se sont amusés à découper les livres en périodes. Il y a par exemple "la période où tous les héros sont de jeunes gens innocents qui découvrent le monde en même temps que nous" (plus couramment appelé "le début").

Il y a la période "Ascension" où ils accèdent tous à des jobs allant de héros à sauveurs de l'humanité. D'autres sont centrés sur des personnages "Rand paranoïaque", "Rand devient cinglé", "Egwene Amyrlyn experte"...

Malheureusement vous venez d'entrer dans la période un peu pénible ("The Slog" en anglais) où le nombre de personnages et de sous intrigues sont tels que l'histoire principale n'avance plus trop.

Là où les tomes précédents étaient bien guidés avec un objectif assez rapidement en vue qui finissait par être atteint tant bien que mal à la fin du tome avant de relancer l'intrigue le tome suivant...

Désormais, et pendant les 2 tomes suivants, les choses vont avancer plus lentement, se compliquer : beaucoup de fils d'histoire se sont mélangés et il va falloir un peu de temps avant d'avancer vraiment. Certains personnages pourtant centraux disparaissent pour 1 volume pour notre plus grand chagrin (oui, Mat le Chanceux c'est toi qu'on regrette).

Attention, ça ne veut pas dire qu'il ne se passe rien d'intéressant dans l'histoire ! Relisez le synopsis plus haut, certains passages m'ont captivé ! Simplement ces tomes sont justes "pas mauvais mais j'aurais préféré qu'on avance l'histoire de untel ou untel".

C'est la raison pour laquelle je ne ferai pas de critiques des prochains tomes, ils sont plus délicats à aborder et je m'en voudrais de dire du mal de cette saga. Cela dit, ils sont indispensables avant d'avoir la remontée en rythme, en qualité et en drama qui suit !

La fin de la Roue du Temps est la seule et unique raison pour laquelle j'ai commencé à lire en anglais, moi qui avait toujours détesté ça et comprenait 1 mot sur 2 au début. Quand elle sortira enfin en français et que vous pourrez poser vos mains dessus, la fin de la Roue du Temps sera la meilleure fin que vous n'ayez jamais lue. Point.

Littéralement, une fois venu à bout vous serez emplis d'un sentiment de mélancolie, d'avoir tourné une page sur votre vie, que plus JAMAIS vous n'aurez de suite à lire.

A côté de ça, s'il faut passer par "The Slog" pour y arriver, est-ce que ça n'en vaut pas le coup ?