Les Prélats de Faneas, tome 3 : La résistance d'Amiran - Charlotte Abécassis Weigel

Les Prélats de Faneas, tome 3 : La résistance d'Amiran - Charlotte Abécassis WeigelLes prélats de Faneas3, Charlotte Abécassis Weigel

La résistance d’Amiran

 Editeur : Autoédition

Nombre de pages : 531

Résumé : Asté et Cléora se dirigent vers le domaine des grands lacs afin de retrouver Morgana et de fortifier les pouvoirs de la larmia. Toutefois, la route vers l’aqua-monde est plus périlleuse qu’il n’y paraît. Pendant que Cléora renoue difficilement avec ses origines, Noctis et Niall travaillent de concert pour réformer l’armée rebelle. Le roi Bosham, que cette rébellion excède, entend bien profiter de cette faiblesse pour en finir. 

 Un grand merci à Charlotte Abécassis Weigel pour l’envoi de ce volume et à la plateforme SimPlement pour avoir rendu ce partenariat possible.

- Un petit extrait -

« Asté pouvait entendre tous ces gens murmurer et leurs paroles résonnaient dans sa tête si fort qu’elle ne prêtait que peu d’attention aux mots de Kaede. Et le pire était qu’au fond d’elle-même, elle pensait exactement comme eux. Ils avaient beau parler sous le coup du désespoir, ils disaient la vérité. Elle tressaillit et son regard se voila à cause des larmes qui commençaient à la submerger. Kaede la regarda avec tristesse, ne sachant pas vraiment comment réagir. Il hésita entre laisser jaillir sa colère à l’encontre des passants ou consoler celle qui aimait, aussi gauche qu’il puisse être. »
- Mon avis sur le livre -

 Après l’effort, le réconfort, dit-on souvent : maintenant que j’ai rendu mon dernier gros devoir de l’année universitaire, et que je n’ai « plus qu’à » réviser les ultimes partiels, j’ai désormais beaucoup plus de temps à consacrer à la lecture. Alors que pendant des mois et des mois, je ne pouvais caser qu’une misérable petite séance d’une heure, le soir avant d’aller me coucher, pour avancer tant bien que mal (entre la fatigue et le manque de luminosité) dans mes lectures en cours, je peux désormais m’accorder deux voire trois « pauses lectures » dans la journée, et qu’est-ce que ça fait du bien au moral de pouvoir lire sans ressentir cette culpabilité sous-jacente ! Et qu’est-ce que ça fait du bien de voir la pile de services presse en attente de traitement baisser enfin : c’est toujours un réel plaisir que de travailler avec des auteurs ou des éditeurs, mais je me suis vraiment laissée submerger par les événements, et tous ces livres empilés sur mon espace « à faire » commençaient vraiment à m’angoisser au plus haut point, de crainte de ne pas être capable de tenir mes engagements dans les temps impartis … Il faut dire que Charlotte Abécassis ne m’a pas facilité la tâche : avec de gros pavés pareils, la pile semblait encore plus haute, mais heureusement, la saga est tellement addictive que ça se lit très facilement !

Tandis que Sora, Noctis et Niall s’efforcent d’unifier les rebelles de tous horizons pour lutter contre l’armée endorienne toujours plus conquérante, Kaede, Asté et Cléora rejoignent le fief sous-marin de cette dernière : il est grand temps pour la jeune prélate de recevoir l’intégralité de ses pouvoirs, et les deux jeunes femmes espèrent également retrouver Morgana, la mère de Cléora, disparue depuis dix longues années. Mais le domaine des grands lacs n’est plus que mort et désolation : le choc est rude pour Cléora qui doit non seulement se préparer à se confronter avec le Dieu d’Avalon et à renouer avec ses origines, mais doit également supporter cette funeste vision … Pas le temps toutefois de se laisser gagner par l’accablement et le découragement : il leur faut à tout prix se préparer à combattre le roi Bosham avant qu’il ne soit trop tard. Car trop d’innocents sont déjà morts depuis l’invasion : la jeune prétendante au trône et ses tout aussi jeunes prélats doivent se rendre à l’évidence, pour ramener la paix il leur faudra gagner la guerre. Mais seront-ils un jour suffisamment puissant pour vaincre ce démon qui ne recule devant aucune atrocité pour accroitre toujours plus son pouvoir et sa domination ?

Si je devais résumer ce que je pense que ce troisième opus en quelques mots, c’est tout simplement : encore meilleur que le deuxième, qui lui-même était déjà bien meilleur que le premier ! Pour un auteur, l’équilibre est toujours délicat à trouver entre écrire pour soi et écrire pour les autres : d’un côté, il faut aimer ce qu’on écrit, car l’écriture doit rester un plaisir, mais de l’autre, il faut également songer au lecteur, dont les attentes sont souvent bien différentes … C’est à mes yeux toute la différence entre le premier opus, qui m’avait souvenez-vous laissé une impression un tantinet mitigée, et les deux tomes suivants : le premier n’a visiblement pas été écrit « dans le but » d’être édité, l’autrice écrivait avant tout pour elle (et c’est très bien), alors que pour les suivants elle avait « conscience » d’écrire aussi pour d’autres … On passe donc d’un premier tome aux accents d’urban fantasy où l’intrigue était principalement centrée sur les amourettes adolescentes de deux personnages si opposés que ça en devenait quelque peu cliché, à des suites qui nous proposent une intrigue bien plus riche et subtile, avec des enjeux bien plus vastes et profonds, avec un meilleur équilibre entre l’action et l’émotion … Bref, de la bonne fantasy comme je les aime !

Ce troisième opus nous propose une intrigue bien plus sombre et violente que les précédents … Partout où passent nos héros règne la mort et la désolation, la douleur et l’accablement : c’est un royaume à bout de souffle dont hérite la jeune Asté, un royaume dominé par la peur et la peine, où la joie et l’espoir ne sont plus que de lointains souvenirs dont on n’est pas certains de l’existence. Et chaque nouvel affrontement est plus meurtrier encore que le précédent, et le doute s’insinue toujours un peu plus dans l’esprit de nos héros : seront-ils réellement en mesure de vaincre le roi Bosham, cet être qui semble se repaitre de la souffrance autant que de la puissance ? La petite voix rassurante qui nous accompagnait dans le second tome, nous exhortant à croire en la victoire de nos cinq héros, se voit bâillonnée un peu plus à chaque nouvelle confrontation, à chaque nouvelle révélation : cette fois-ci, tout semble définitivement perdu. Comment se mesurer à un individu qui semble jouer avec vous alors que vous devez puiser jusqu’à la dernière étincelle d’énergie qui vous reste pour garder les yeux ouverts, pour vous souvenir comment respirer ? Petit à petit, la noirceur et le découragement envahissent le cœur des héros … et du lecteur.

Il faut dire que de nombreuses découvertes et révélations sont faites dans ce tome, et viennent remettre en question tout ce que nous tenions pour acquis. D’ailleurs, autant je trouvais que les « révélations » du premier opus étaient beaucoup trop prévisibles, autant cette fois-ci, j’ai parfois eu du mal à suivre, à comprendre, à saisir vraiment les implications de telle ou telle parole, de tel ou tel acte. A vouloir faire plus complexe, l’autrice en a peut-être fait un petit peu trop … Mais fort heureusement, cela ne gâche en rien le plaisir de la lecture et la montée progressive de la tension dramatique. Car même si tout n’est pas très clair dans notre esprit, nous comprenons bien l’essentiel : un nouveau compte à rebours s’est enclenché, encore plus effroyable que la perspective d’une grande bataille contre l’armée démesurément puissante du roi d’Endor. De nouvelles forces entrent en jeu, des forces contre lesquelles nos jeunes héros ne peuvent rien : qui peut lutter contre les dieux, contre la destinée, contre la fatalité ? Tout ce qu’ils peuvent faire face à cette échéance terrifiante qui se rapproche inexorablement, sans qu’ils ne puissent rien pour l’arrêter ou même la ralentir, c’est continuer de se battre pour leurs idéaux, continuer de tout donner pour sauver la vie de ces milliers d’innocents qui souffrent … pour sauver la vie de ceux qu’ils aiment.

Car je ne l’ai pas assez évoqué dans mes deux premières chroniques, qui étaient déjà particulièrement longues, mais ce que j’aime vraiment énormément dans cette saga, c’est la force de l’amitié. De l’amour aussi, mais vous le savez, je suis bien plus sensible aux histoires d’amitié qu’aux histoires d’amour. Et clairement, ici, je suis comblée. Il y a quelque chose de très puissant que de voir des êtres réservés et détachés reconnaitre enfin l’affection qu’ils ressentent pour leurs compagnons, que de voir des êtres fiers et indépendants reconnaitre enfin qu’ils ont besoin les uns des autres pour être plus forts. C’est plutôt rare, en fantasy, des relations amicales aussi fortes … et surtout aussi importantes pour l’intrigue. Car tandis que dans le second tome, nos héros acceptaient leurs responsabilités envers ce peuple qui a tant besoin d’eux, tandis qu’ils se faisaient à l’idée qu’ils devaient tout sacrifier pour sauver ces innocents qui comptent sur eux, dans celui-ci, ils se rendent compte que malgré tout, ils ne peuvent pas laisser tomber ceux qui leur sont chers. Ils sont prêts à tout risquer pour eux, parce qu’ils ne peuvent pas vivre les uns sans les autres. On peut leur reprocher d’être inconscients et irresponsables, mais je trouve plutôt que c’est ce qui les rend profondément humains et donc plus proches du lecteur …

En bref, vous l’aurez bien compris, il me faudrait encore de nombreuses pages pour réussir à expliquer et exprimer pourquoi j’ai tant apprécié ce tome, mais je vais donc me contenter de vous exhorter à ne surtout pas vous laisser « rebuter » par les quelques maladresses qui parsèment le premier tome, et à clairement vous ruer sur la suite car vous ne serez clairement pas déçus ! On est dans de la fantasy à la fois très sombre, très brutale, mais aussi très lumineuse, très douce : d’un côté, nous avons le récit de cette lutte épique contre le mal incarné, et de l’autre, nous avons l’histoire de ce groupe d’amis qui font face main dans la main à toutes les épreuves, même et surtout celles qui menacent de les séparer à tout jamais. J’ai beaucoup aimé l’équilibre que l’autrice a su instaurer entre ces deux intrigues qui s’entremêlent, entre ces deux facettes d’une même pièce, vu qu’on se rend progressivement compte que tout est intrinsèquement lié … Et que pour gagner une bataille, ils vont peut-être devoir accepter d’en perdre une autre. Je ne sais pas trop si j’ai hâte ou si j’ai peur de me plonger dans le quatrième et dernier tome : bien sûr, j’ai envie de connaitre le fin mot de l’histoire, mais j’ai tout de même peur de ce qui m’y attend au vue de la fin de celui-ci !