Il m’est souvent arrivé, après avoir terminé un livre en audio, de me demander si ma lecture aurait été la même en papier. Grâce au Prix des lecteurs, j’ai pu répondre à cette question pour le roman de Cécile Coulon, Une bête au paradis.
Je suis ravie d’avoir pu donner une seconde chance à ce roman que je présentais comme « très précisément le type de littérature que je redoute : certainement brillante mais de mon point de vue absolument pas passionnante, ni entraînante, ni bouleversante, pas vraiment dérangeante non plus et pour tout dire plutôt chi… ». Rien que ça…Vous l’aurez compris sans peine, entre ce roman et moi ça n’a pas été une grande histoire d’amour en audio. Heureusement, je m’en sors mieux avec la version papier même si pendant les 200 premières pages j’ai eu là aussi du mal à avancer dans cette histoire dont je me souvenais des grandes lignes. Aujourd’hui je parviens mieux à en percevoir la raison : Une bête au paradis est avant tout un roman d’atmosphère, un roman de la terre, âpre, rude, sombre et sans artifices. Personne ne passe les portes du Paradis, la ferme tenue par Emilienne et sa petite-fille Blanche. Il y a bien le commis, Louis, mais il fait partie des meubles, tout comme Gabriel, le frère de Blanche qui ne prend pas part aux travaux de la ferme, trop frêle pour cela. Ce petit monde vit en vase clos, au rythme des saisons et des besoins des animaux. Blanche ne cherche pas à savoir ce qui se passe en dehors du Paradis, son monde est entre les murs et les clôtures de la ferme familiale. De fait, le récit de ses jeunes années se déroule dans une forme certaine de monotonie. Même son histoire d’amour avec Alexandre ne pétille pas de romantisme ni de projets, Blanche vit les choses de l’amour avec simplicité et pudeur, d’un air morne. La suite du roman tourne à la tragédie mais toujours sans effusions ni éclats, avec simplement une passion enfouie. Cette absence de démonstration et cette ambiance maussade ont douché à plusieurs reprises mon enthousiasme de lectrice mais je reconnais à l’auteure cette capacité à transmettre l’attachement viscéral que l’on peut ressentir pour sa terre et ses racines. Tout au long de ma lecture j’ai eu l’impression d’évoluer dans la pénombre, un monde où le soleil ne brille pas et où l’espoir – ou est-ce l’envie ? – d’un ailleurs est impossible. Si en audio ce livre m’avait laissée de marbre, en papier il crée chez moi une forme de malaise difficile à expliquer.
Est-ce que j’ai plus apprécié Une bête au paradis lors de cette relecture : oui, assurément. Tout simplement parce qu’il m’aura davantage marquée, heurtée, ébranlée et gênée que la première fois. Signe que certaines œuvres peuvent s’apprécier davantage à l’écrit ou à l’oral, c’est selon.
Une bête au paradis fait partie de la sélection de mai du Prix des lecteurs 2021
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L’ESSENTIEL
Une bête au paradis
Cécile COULON
Editions L’iconoclaste
Sorti le 21/08/2019 en GF et le 27/08/2019 en audio
352 pages (5h44 d’écoute)
Lu par Flor Lurienne
Genre : roman contemporain
Personnages : Blanche, Emilienne, Alexandre, Gabriel, Louis
Plaisir de lecture : (contre en audio)
Recommandation : oui
Lectures complémentaires : La vraie vie d’Adeline Dieudonné, la saga des Neshov d’Anne B. Ragde
RÉSUMÉ DE L’ÉDITEUR
La vie d’Émilienne, c’est le Paradis. Cette ferme isolée, au bout d’un chemin sinueux. C’est là qu’elle élève seule, avec pour uniques ressources son courage et sa terre, ses deux petits-enfants, Blanche et Gabriel. Les saisons se suivent, ils grandissent. Jusqu’à ce que l’adolescence arrive et, avec elle, le premier amour de Blanche, celui qui dévaste tout sur son passage. Il s’appelle Alexandre. Leur couple se forge. Mais la passion que Blanche voue au Paradis la domine tout entière, quand Alexandre, dévoré par son ambition, veut partir en ville, réussir. Alors leurs mondes se déchirent. Et vient la vengeance.
Une bête au Paradis est le roman d’une lignée de femmes possédées par leur terre. Un huis clos fiévreux hanté par la folie, le désir et la liberté.
TOUJOURS PAS CONVAINCU ?
3 raisons de lire Une bête au paradis (les mêmes que dans mon avis précédent)
- Si vous aimez les romans qui sentent bon la terre
- Si vous recherchez des atmosphères un peu glauques
- Si vous avec aimé le style de La vraie vie d’Adeline Dieudonné
3 raisons de ne pas lire Une bête au paradis (3 raisons différentes de mon avis précédent)
- L’ambiance est particulièrement pesante
- On peine à être touché par cette histoire
- On s’enlise un peu par absence de rythme
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