Le bruit du rêve contre la vitre, Axel Sénéquier, Quadrature, 2021, 141 pages
Et on dirait bien que c’est ma quatrième participation au challenge Mai en nouvelles ! Je n’en ai jamais lu autant d’affilée…
Celui-ci, l’auteur me l’a fait envoyer parce que j’avais bien aimé son premier recueil Les vrais héros ne portent pas de slip rouge. J’avoue que j’ai hésité… parce que douze nouvelles sur le confinement, ça ne vend pas du rêve ! Non, mais sans blague, je ne souhaite qu’une chose, ne plus entendre parler de Covid, confinement, couvre-feu etc… Et là, bam ! Je m’enfile un recueil qui ne parle que de ça… Suis-je tombée sur la tête ?
Bref ! Et si j’en parlais de ce recueil ? Hein ?
D’abord, le titre. Magnifique. Vraiment. Rien que pour ça, il mérite le détour. La nouvelle ainsi nommée est superbe, malgré un thème à priori peu-porteur. Un mec intubé parce que covidé, et dans le coma, entend ce qui se dit autour de lui et dérive au-delà de la fenêtre de sa chambre. Finement vu.
Axel Sénéquier a saisi différentes situations que la crise sanitaire a mis en lumière : du père qui a du mal à faire « l’école à la maison », à la femme qui subit la violence de son mari, de la famille qui veut se confiner à la campagne, au musicien bénévole dans un EHPAD… Et puis il y a aussi ce quadragénaire qui aurait bien aimé changer de métier, de rythme de vie… il y croyait… Certaines nouvelles terminent en beauté, d’autres laissent un léger goût amer, il a su trouver le ton juste pour aborder ces histoires de l’ordinaire et les transformer en petites pépites confinées. Une dose d’humour, un regard parfois grinçant, parfois émouvant sur toi, sur moi, sur nous, des chutes réussies sans être spectaculaires, une écriture efficace, que demander de mieux ?
Dans Sauvage, Milou, une jeune femme « sans abri » observe la nature reprendre ses droits, les animaux reconquérir les espaces, grâce au confinement.
« Pourquoi toujours ce besoin de cueillir les fleurs ? »
Un petit moment de poésie avec Balcons fleuris : un vieil homme dépose des banderoles dans les boites aux lettres de ses voisins sur lesquelles des aphorismes sont écrits. Messages que les gens accrochent à leurs balcons.
« Prenez une aiguille et réparons le monde. »
Et puis, il y a Marée noire, qui évoque la terrible solitude, elle est particulièrement émouvante et bien construite. Elle m’a beaucoup touchée.
L’homme a-t-il appris de ses erreurs ? Le confinement lui a-t-il permis de réfléchir, de poser un autre regard sur son monde ? Pas sûr, et même sûr que non… mais Axel Sénéquier, lui, aura su tirer parti de la situation pour nous présenter un recueil fort sympathique, et non dénué d’intérêt.
Dernière participation au challenge de Marie-Claude et d’Electra, Mai en nouvelles.