Ce rendez-vous hebdomadaire consiste à vous présenter chaque lundi mes lectures passées, en cours et à venir en répondant à trois questions :-)

Un titre qui interroge, un grand format immersif, des couleurs qui attirent, et nous voici avec un album qui nous image deux choix de vie. L'un à gauche, l'autre à droite. Le départ est similaire, les deux premières images sont quasi symétriques, le texte identique ("une rencontre"): un couple, au milieu d'une forêt et des animaux qui viennent vers eux. Au fil des pages, les mots diffèrent, toujours dans des phrases lapidaires, les dissemblances et choix s'accentuent... Choix d'un individu qui devient collectif, politique même et qui dessine une société, une manière d'être et de faire, pour soi, pour les autres. Y a-t-il un parti à prendre? Cet album nous amène à nous interroger sur la manière dont nous vivons, avec quoi et au milieu de quoi, comment changer. Il n'y a pas de bonne ou mauvaise réponse.

Ce n'est qu'après ma lecture et en y repensant que le "frère" du titre m'est apparu! C'est fou, non?! Sur le site de l'éditeur, j'ai vu qu'il s'agissait de deux frères et non d'un terme générique pour dire, représenter l'humanité. Ainsi, cet album nous offre aussi une réflexion sur la famille, la fraternité et combien nous pouvons différer de ceux à qui on pense ressembler le plus en raison de ce lien de sang. Il montre aussi combien, même en pensant être élevé de la même manière, nous faisons chacun nos choix de vie, parfois si opposés.

Un énorme coup de cœur découvert grâce à Colette dont je vous parlerai davantage.

La couverture de cet album est une formidable invitation. Le dessin est délicat, rond, tendre, plein d'enfance. Son histoire oscille entre rêve et réalité, nous raconte un anniversaire et un souvenir, une rencontre et une amitié incroyable, entre nature et une volonté fantastique. Enormément de poésie se dégage de phrases minimaliste et d'un dessin au classicisme enveloppant et soyeux, dans lesquels on retrouve beaucoup d' Alice (au Pays des Merveilles).

Depuis, cet album a été réédité chez L'Etagère du Bas en 2020.

C'est une histoire de sœurs, une histoire de famille, une histoire de différences, d'âges, d'envies, de complicité, narrées du point de vue de la benjamine, "la petite" comme elle est appelée par tous. Par son regard, nous découvrons ses sœurs et leurs chambres à chacune. Leurs caractères propres et leur goûts, leurs jeux ensemble ou séparées, ou quand elle "la petite" se retrouve esseulée. mais aussi la place que chacune occupe dans le cœur des parents. Eléonore est l'aînée, Martha la cadette, et Jane, la dernière. Elle raconte les départs, les envols des sœurs une à une, le sien plus tardif, par crainte de laisser les parents seuls, ses voyages et ses retours, puis sa maison à elle. Nous la laissons au seuil de cette nouvelle aventure, à la fois seule, et avec ses sœurs.

Délicat, cet album est porté, sublimé par les illustrations de Nathalie Novi réalisées au pastel (?). Elle retranscrit le texte tout en lui conférant un fort onirisme coloré et floral, dans lequel les oiseaux trouvent souvent place.

Dans cet album muet qui se déploie, nous suivons Monsieur Hulot dans ses tribulations fantaisistes et amoureuses. Étourdi, maladroit, nous le suivons de page en page, sur son vélo qui sème la zizanie sans le vouloir. Humour, détails cocasses, clins d'œil, détails qui fourmillent. On se régale tout du long!

Comme il est bon de suivre Monsieur Hulot au fil de ces 22 strips muets dans cet album format à l'italienne. Humour, poésie, clins d'œil, références littéraires et cinématographiques, détails et jeux graphiques les parsèment, à la fois vintages et pourtant tellement d'actualité.

Avec mes garçons, nous sommes fans!

Peut-être vous souvenez-vous de Bigoudi? Si je me souviens d'elle, je n'avais pas lu l'album qui nous la faisait la rencontrer vieille dame. Comme ce titre nous l'indique, nous remontons le temps pour la découvrir enfant, et comment elle quitta la campagne où elle s'épanouissait pour la grande ville qui la dépassait. Plus rien ne lui plaisait, ne l'enchantait, et peu à peu, Louise de son prénom s'enfonçait dans une attitude rebelle et négative. Jusqu'à ce qu'un jour, en cours de dessin, une altercation avec sa voisine changea le cours de sa vie et sa vision des choses.

Cet album est une ode à l'amitié, au bonheur qu'elle nous procure et comment ce qui nous semblait auparavant gris, triste et terne, prend d'un coup des couleurs et de l'intérêt. Il nous montre combien l'amitié enrichit notre vie et nous emmène à la rencontre de découvertes jusque-là boudées ou insoupçonnées.

J'aime beaucoup le dessin d'abord minimaliste de Sébastien Mourrain qui se pare de nuances de roses ça et là.

Akhenaton, leader du groupe de rap marseillais IAM, livre un texte qui se rape plus qu'il ne se lit, en réponse à leur titre, "La fin de leur monde" sorti en 2006. Dans ce texte, il se questionne, il s'indigne, il admoneste. Il fait un état des lieux, en revenant en arrière et en se demandant, en énonçant ce qu'il s'est passé depuis. Les choses n'ont pas changé, il le dit lui-même, seules les formes ont "évolué. Un grande fatalité, et tristesse, s'échappent de ce texte aux rimes bien posées qui percute.

Ce texte se prolonge par celui de la Fin de leur monde, et nous pouvons les écouter tous les deux, chantés.

Calabre, région du sud de l'Italie, pauvre et forte de chômage, qui accueille de nombreux migrants "comme elle peut" au fil des réformes et changements.

Il y a tous ces reportages sur les migrants qui s'échouent en mer ou sur nos plages européennes, et italiennes en particulier. Moins fréquents sont ceux qui s'interrogent vraiment sur les raisons de leur départ du pays. Plus rares encore sont ceux qui se penchent sur l'après. Une fois qu'ils sont arrivés en Italie, comment cela se passe-t-il? Où vont-ils ? Comment sont-ils accueillis, dans quelles conditions physiques et administratives, et dans quel but?

Les deux auteurs sont partis en Calabre pour y répondre . A leurs côtés nous écoutons des Migrants et des Italiens, des projets de vie et d'insertion, et des changements politiques et administratifs.

C'est poignant, révoltant, émouvant.

Je vous en parlerai davantage mercredi.

Bartok a invité Nouk pour une partie de cache-cache et nous les découvrons au top départ. Bartok compte et Nouk court. Mais dès qu'elle a une idée de cachette, quelqu'un s'y trouve. L'un se cache aussi, les autres se disputent, d'autres s'amusent... et Nouk d'aller toujours plus loin, vers la forêt...

Bartok a fini de compter et nous le voyons cheminer dans les pas de Nouk, croiser ceux qu'elle a croisés, évidemment un temps après. Les premiers ne se cachent plus, "petites catastrophes" obligent, les autres se disputent toujours plus fort., quand d'autres rient toujours autant... Bartok trouvera-t-il Nouk?

Cette partie de cache-cache est fort bien retranscrite. Les arrières-plans fourmillent de détails, dans les décors comme dans les actions des tierces personne avec qui Nouk puis Bartok interagissent. Il y a plein de clins d'œil et de références (Caroline dans Boule et Bill, le renard qui prend le thé avec le Bonhomme de pain d'épices...), j'adore! C'est frais, floral, végétal.

C'est grâce à Isabelle que j'ai découvert cet album, un coup de cœur pour elle!

Faire chavirer les icebergs.Aurore GOMEZ. Éditions Magnard Jeunesse, mai 2021

Aurèle, 17 ans est en Première et part vers les Fjords pour un stage de cinq semaines. Outre l'intérêt pour ses études et ce qu'il compte découvrir et apprendre, il y va aussi pour s'éloigner de sa mère qui a tendance à trop l'entourer, l'étouffer même.

Dès son arrivée, il est chamboulé. Sa rencontre avec Matthias, le frère de Tony chez qui il s'installe, le bouleverse et le remue plus qu'il ne veut se l'avouer.

Dès les premières pages, les mots d'Aurore Gomez, autrice de L'espoir sous nos semelleset Où le loup demeure, que j'ai beaucoup aimés, m'ont embarquée et touchée. J'ai hâte de poursuivre ma lecture!

Steam Sailors - Tome 1 - l'Héliotrope. E.S. GREEN. Gulf Stream Editeur, 2020

Quatre siècles après la Grande Fracture qui a vu se séparer le Monde en un Bas et un Haut, l'atmosphère est propice aux violences et aux fantasmes de toutes sortes.

Prudence est orpheline et fait des rêves étranges et prémonitoires qui la bouleversent. A treize ans, elle a dû quitter l'orphelinat pour être mise en apprentissage chez un médecin. Douée et sensible, ce dernier l'a adoptée, pour la plus grande jalousie des autres apprentis. Mais sa mort précoce l'a mise au ban de la société. Femme-médecine appelée Sorcière, la population fait appel à elle, en toute discrétion, la payant en denrées.

Mais un jour, un vaisseau du Haut-Monde s'écrase et les Pirates de la Milice s'empare du pilote, qu'ils brutalisent. Déjà mis à mal par l'accident, ce dernier sombre dans l'inconscience. le médecin étant absent, on fait appel à Prudence, qui a tout intérêt à sauver son mystérieux patient.

Un univers fantastique et steampunk, j'aime! Il me faut encore saisir quelques aspects de ce monde nouveau et sombre, mais j'aime l'écriture de l'autrice, très descriptive et qui embarque.