Des diables et des saints de Jean-Baptiste Andrea

Des diables et des saints de Jean-Baptiste Andrea

Des diables et des saints, Jean-Baptiste Andrea, L’iconoclaste, 2021, 363 pages

Oh le gros coup de cœur ! Mais pourquoi n’ai-je pas encore lu cet auteur ? C’est son troisième roman, j’ai vu ses livres sur les blogs, mais jusqu’ici je n’avais jamais franchi le cap. Quelle écriture !

Le ton, le rythme, les mots justes, les images, tout m’a séduite. Et puis l’histoire, bien sûr.

Les ingrédients ?

Un orphelinat, de la maltraitance au nom d’un Dieu « sourd » aux malheurs des orphelins, des enfants courageux, des amitiés fortes et des trahisons, une fleur aux épines acérées mais au parfum ô combien doux…

« Alors si, j’ai longtemps cru que Dieu était cruel. Sadique.

Et puis un jour, au détour d’une sonate, j’ai saisi. Personne n’a pensé que Dieu était peut-être, tout simplement, sourd comme un pot ? Qu’il l’était déjà quand son fils a lancé Eli, Eli, lama sabachthani, pourquoi m’as-tu abandonné ? Qu’il n’a abandonné personne, qu’il a bien vu les lèvres bouger, les lèvres blêmes de son enfant, mais qu’il n’a pas compris ? Toute cette affaire, la crucifixion et la suite, les cathédrales qui piquent le ciel, les controverses, les bûchers, les ongles qu’on arrache et les auréoles qu’on accorde – souvent aux mêmes -, n’est peut-être qu’un gigantesque malentendu.

Si Dieu est sourd, il faut lui pardonner. Lui pardonner, pas à moitié, nos jours blessés et nos cœurs éclopés. »

Joe, à 69 ans, raconte sa vie à ceux qui s’étonnent de le voir jouer du piano dans les gares.

« – Qu’est-ce qu’un homme comme vous fait là ? »

Il ne joue que du Beethoven. Vous savez, ce compositeur qui est devenu sourd à la fin de sa vie… Il joue pour que quelqu’un l’entende et le reconnaisse rien qu’à son doigté. Peut-être cette personne descendra-t-elle un jour d’un avion, d’un train… Peut-être…

Les parents de Joe sont morts dans un accident d’avion quand il était enfant. Il va alors se retrouver dans un orphelinat lugubre, dans les Pyrénées, loin de tout… Il ne faut pas en dire davantage, cela ne sert à rien. Ce roman pourrait être très sombre, ce que vivent les enfants est tellement difficile à imaginer. Mais Jean-Baptiste Andrea parvient à en faire un roman lumineux. Espoir, liberté, solidarité, et la musique pour lier tout ça. Ce roman est beau comme un Do mineur (la tonalité préférée de Beethoven).

Je vais essayer de trouver rapidement les deux autres romans de Jean-Baptiste Andrea tellement j’ai été charmée par celui-ci.