Olivier Bourdeaut – “Florida, je l’ai porté pendant 7 ans”

Par Ava Fitzgerald

Olivier Bourdeaut m’a fait l’immense honneur et plaisir de m’accorder une interview pour la sortie de son dernier titre “Florida” que j’ai beaucoup aimé et dont vous pouvez également trouver la chronique sur mon blog.

 

Bonjour Olivier,

Pouvez vous nous résumer en quelques mots l’histoire de Florida ?

Bonjour Emma !

Florida c’est l’histoire d’Elizabeth Vernn, 7 ans, qui se voit offrir par sa mère deux choses : la première, c’est une robe de princesse et la seconde, c’est une inscription à un concours de mini-miss. La malédiction d’Elisabeth, c’est qu’elle va gagner ce premier concours, par conséquent sa mère va l’inscrire ensuite tous les week-ends à des concours de mini -Miss qu’elle ne gagnera plus jamais. Voilà l’origine du problème de Florida.

Pouvez-vous nous raconter comment vous est venue l’idée de ce roman et de ce personnage ?

J’ai eu cette idée il y a  sept ans maintenant, juste après l’écriture de Bojangles (“En attendant Bojangles”). J’ai regardé un documentaire sur une chaine du câble sur les mini-Miss. Ce documentaire était proprement effarant, j’ai ressenti un malaise qui m’a poursuivi pendant quelques heures ensuite, quelque chose d’assez indéfinissable. Au delà des images, il y avait quelque chose en plus. J’ai mis le doigt dessus assez rapidement, c’est que ces jeunes filles sont jugées sur leur apparence, forcément, et elles ne peuvent absolument rien faire pour changer ça. Il n’y a pas de marge de progression, comme quand on s’entraine au basket ou quand un père veut transformer son père en champion de tennis ou en maitre de piano avec la possibilité de s’entrainer dix, quinze, vingt heures par semaine. Là en l’occurrence, il n’y a pas d’entrainement possible, il n’y a que des artifices. Les artifices ce sont le maquillage, les tenues, éventuellement la chirurgie esthétique. Elisabeth, la pauvre, a une oreille légèrement décollée, sa mère exigera qu’un chirurgien s’en occupe. Donc voilà, elles sont obligées de tirer certains leviers pour espérer gagner. Et c’est ça le malaise qui m’a occupé : être jugé sur une caractéristique sur laquelle on a aucun pouvoir en quelque sorte. Et la frustration venait de ça. Voilà comment est né le début de Florida. Je n’avais pas été en Floride, j’aime bien mettre les pieds dans les endroits où se passent mes romans. C’était le cas pour l’Espagne avec Bojangles, je l’ai écrit sur place même et je vis toujours sur place d’ailleurs. C’était le cas pour les marais salants dans lesquels j’ai travaillé. Et là, j’ai eu l’occasion de passer un mois aux Etats-Unis pour humer les détails, c’était il y a un an et demi, et j’ai nourri Elizabeth, je l’ai alimenté, je l’ai fait grandir dans ma tête pendant 7 ans, 6 ans exactement. Et il y a l’idée du bodybuilding qui s’est présenté ensuite parce que je me disais que c’était intéressant de passer d’un jugement sur un physique sur lequel on a aucun pouvoir, au jugement sur un physique sur lequel on a tout pouvoir.

Dans Florida, vous écrivez sur les mini-Miss, le milieu de l’art et du culturisme. Autant d’univers qui ne nous sont pas familiers et dont il a fallu s’approprier les règles, les mots et les réalités. Comment avez-vous fait ? Avez-vous lu sur le sujet, vous êtes-vous documenté ou avez-vous rencontré des personnes pour écrire sur ces différents sujets ?

Pour Florida j’ai regardé une dizaine d’heures de documentaires juste avant de me mettre à écrire l’année dernière. Tout simplement parce que ça faisait sept ans que j’avais vu le premier et je voulais m’assurer que le sentiment que j’avais eu lors du premier visionnage, la première découverte de ce milieu était le bon sentiment. Et en regardant dix heures, ce qui est énormément, j’ai pu constater que c’était encore pire en réalité. Etant donné que j’avais ce sentiment qui m’alimentait depuis quelques années, j’ai confirmé ce sentiment et j’ai arrêté de me documenter sur les mini-miss. Pour moi j’avais suffisamment d’images et d’exemples dans la tête. Concernant le monde de l’art, j’ai travaillé dans une galerie d’art pendant un an et ce n’était pas une galerie d’art contemporain mais d’art figuratif. Mais je m’en suis servi effectivement pour l’euphorie des vernissages, et l’ambiance qu’il y avait, j’espère qu’on la ressent. J’ai bien aimé travailler dans une galerie et j’ai trouvé que les coups de feu pendant les vernissages étaient intéressants à écrire et à décrire. Pour le body building, j’ai regardé aussi beaucoup de documentaires, à la différence des mini-miss, les body-builders sont des adultes qui sont majeurs, vaccinés, selon l’expression consacrée et moi je suis pour la liberté absolue. Il y a des gens très intelligents qui font du bodybuilding, je ne note pas dans le bodybuilding de problèmes psychologiques. C’est une passion comme une autre, mais c’était intéressant d’avoir les deux extrêmes.

J’ai une petite anecdote concernant le bodybuilding, j’étais à Miami et il y a des ponts qui se lèvent. C’est assez fascinant comme phénomène. J’étais au volant, en train de fumer une clope et de penser à Elizabeth. J’avais Elizabeth dans ma tête. C’était l’année dernière, j’avais déjà écrit un peu, Elizabeth existait sur le papier et tout d’un coup, hasard incroyable, une apparition : une jeune femme est passée, avec les cheveux bleu, un sac de sport et des muscles assez saillants et j’ai dit à Suzanne : “Elle était dans ma tête et désormais elle est sur le passage clouté”. Donc je l’ai regardé passer comme si c’était une apparition divine et j’ai demandé à Suzanne de consulter internet pour voir s’il y avait une salle de musculation et je me suis retrouvé une heure après aux championnats du monde de musculation entouré d’une centaine d’Elizabeth et d’une centaine d’Alec. Je dois reconnaitre que pour un écrivain se retrouver propulsé en plein milieu de son sujet pendant une heure et observer ce monde qu’on veut décrire, c’était une expérience très jouissive.

Ce roman diffère beaucoup de ce que vous avez écrit précédemment. Comment avez-vous abordé la question de vous réinventer, ou de la transition, après le succès phénoménal de Bojangles ?

Alors concernant le fait de se réinventer ou pas, c’est une bonne question à laquelle malheureusement je n’apporterai pas la réponse souhaitée. En l’occurrence, je pense que c’est le thème qui choisit le style. Bojangles, il y avait une folie douce au début, en tout cas, qui à mon sens, devait être teintée de mélancolie, de poésie, d’où les rimes, les descriptions poétiques. Pactum Salis était un peu plus rugueux mais les marais salant c’est un endroit où j’ai beaucoup contemplé donc je voulais retranscrire la contemplation et écrire de grandes descriptions. Concernant Florida, l’histoire est sordide et je ne voyais pas écrire ce roman avec le style de Françoise Sagan par exemple. C’est le thème qui entraine le style, et là il me semblait important que le style soit cru, vif, dynamique, corrosif avec une pointe d’humour, cynique, acide, ça dépendra de la position du lecteur.

Je ne sais pas comment répondre à la question de la transition. A vrai dire, le luxe que j’ai eu avec “En attendant Bojangles”, c’est d’être beaucoup lu. Le livre a énormément plu, c’est un luxe considérable. Le luxe que j’ai tiré de ce succès c’est la possibilité d’être libre, de choisir les thèmes que je souhaite sans être obligé d’essayer de continuer dans cette veine. Cela m’a offert une liberté et une indépendance absolue. Je crois, enfin en tout cas pour moi, la liberté et l’indépendance sont les deux plus grands luxes qu’on puisse obtenir dans la vie.

Pour rester sur le sujet de l’écriture, on dit qu’un auteur ne cesse, tout au long de sa carrière d’écrivain, de réécrire la même histoire. Quel est le sujet qui vous obsède lorsque vous écrivez ?

C’est une excellente question et sans choisir le thème, sans vouloir délibérément le traiter, il y a en tout cas particulièrement dans Bojangles et Florida, le thème de la famille et de l’enfance. Je dois le concéder tout en restant elliptique. Ma jeunesse, mon enfance, mon adolescence n’ont pas été des plus joyeux, bien au contraire, et je me sers de cette période que je considère comme atroce comme d’un sujet, d’une toile de fond, pour mes romans. A vrai dire, je ne regrette rien de ce que j’ai vécu mais pour rien au monde, je le revivrais. C’est à dire que si par malheur une fée vient avec sa baguette magique et me propulse dans ma chambre d’enfant à sept ans, je crois que j’ouvre la fenêtre et je saute. Alors je me sers de ça, car je crois que ces quinze ans, vingt ans, font ce que je suis aujourd’hui. Si je ne les avais pas vécu, je ne serai pas à répondre à vos questions aujourd’hui donc je dois tout à cette période même si elle a été extrêmement pénible à vivre. Donc la toile de fond pour le moment c’est l’enfance, la famille. Je tiens à rassurer les lecteurs, je voue un amour sans limite à ma chère mère. Dans les concours de mini-Miss, dans 90% des cas ce sont des mères qui s’occupent de ça. Il s’agit cette fois-ci d’une mère acariâtre, mais c’était pour coller à la réalité. J’aime ma mère !

 

Comment avez-vous écrit ce roman ? Est-ce que vous aviez un plan précis de son développement ou alors aviez-vous seulement une idée de départ et l’histoire s’est déroulée d’elle-même au cours de l’écriture ?

Ecoutez, c’est comme tous les romans. J’en ai écris quatre désormais, dont un qui ne sortira jamais, le premier, qui m’a permis d’apprendre à écrire. Et j’ai une idée à la fois précise et floue de ce que je veux faire et je dois reconnaitre, même si c’est très, très banal, que je me fais toujours dépasser par mes personnages. En ce qui concerne Elizabeth, je crois que cela a pris une ampleur considérable puisque l’ayant eu en tête pendant sept ans avant de me mettre à écrire l’année dernière, elle existait plus que tous les autres personnages. Elle existait. C’est assez simple, elle était assise à côté de moi, je l’entendais ruminer, je la voyais se battre et donc elle m’a dépassée, elle m’a tenue la main, elle m’a orientée tout au long du roman, elle est assez incontrôlable, c’est ce qui fait son charme et parfois sa faiblesse. Je dois dire que la littérature, en tout cas l’écriture pour moi, littérature c’est prétentieux, est le seul domaine dans ma vie où ce que j’imagine est moins bien que le résultat final. C’est à dire que le texte me parait toujours beaucoup mieux que ce que j’avais en tête. C’est le seul domaine où cela existe et j’en profite. D’habitude quand je rêve à des choses, à des voyages, des journées, ça se passe un peu moins bien que ce que j’avais en tête la veille. Là à mon sens c’est toujours mieux sur la feuille que dans mon cervelet.

Combien de temps avez-vous porté “Florida” ?

J’ai porté ce roman pendant sept ans. Evidemment je n’y ai pas pensé tous les jours, néanmoins plus Elisabeth grandissait, plus elle devenait présente, plus elle tapait à ma porte régulièrement. Jusqu’à ce qu’elle vienne toquer toutes les dix minutes dans le mois qui a précédé l’écriture où là j’avais vraiment le sentiment qu’elle était chez moi du matin au soir. Je remercie ma femme d’avoir accepté cette invasion puisque j’étais souvent dans mes pensées pendant cette période.

Même si ce roman est très différent de vos précédents titres, on y retrouve une mère incontrôlable, un couple et une famille qui semble être le lieu où se frottent les obsessions, les névroses, le chaos intérieur de chacun de ses membres avec un enfant unique qui en est la victime collatérale. On retrouvait aussi ce schéma familial pour Jean dans “Pactum Salis”. Est-ce que pour vous la famille est forcément une tragédie ?

Déjà je vous remercie de citer Jean pour “Pactum Salis” et je félicite votre mémoire parce que c’est un passage assez court, la famille de Jean de Pactum Salis. Vous avez très bonne mémoire. Je dois reconnaître que moi-même j’avais oublié ce passage. La famille, bon il faudrait une dizaine d’heures ou une dizaine de mois pour traiter ce sujet. J’ai la chance d’avoir beaucoup de frères et sœurs, qui ont été un soutien incroyable et donc j’ai un regard très positif sur la famille. Néanmoins j’ai eu un père très dur, très strict, violent physiquement, intellectuellement, moralement et mes frères et sœurs, ainsi que ma mère, m’ont énormément soutenus car j’avais un statut privilégié dans cette famille (dans le mauvais sens du terme) et donc je leur dois énormément. En fait j’ai une vision très positive de la famille, j’aime ma famille mais c’est une réponse d’une banalité consternante (il rit). Elle m’a énormément soutenue à tous points de vue et depuis le début donc c’est un réconfort incroyable. Mais bon le sujet de la famille c’est d’une banalité consternante, je suis d’un commun incroyable, tout le monde a une famille donc ça n’en fait pas un sujet très original mais toutes les configurations familiales sont envisageables donc je trouve que c’est un sujet éternel et inépuisable. La famille n’est pas forcément une tragédie. ça peut l’être au début et ne plus l’être à la fin et inversement.

C’est quoi le problème avec les psys ?

Ecoutez je n’ai pas de problème particulier avec les psys. J’ai beaucoup été renvoyé (quatre fois), je devais avoir un comportement assez particulier puisqu’à chaque fois les infirmières scolaires recommandaient le passage chez un psy. Je dois reconnaître que je n’ai pas du tout aimé ces passages-là mais je me suis servi de ça. J’ai fait exactement l’inverse d’Elizabeth qui harcèle son psy pour obtenir que ses parents l’envoient en pension, elle répète, répète, répète jusqu’à ce que le psy convoque les parents pour leur dire “Ecoutez il y a un problème, il faut absolument que vous envoyiez votre fille en pension pour l’éloigner de vous et lui permettre de se reconstruire”. Sa démarche a été le contraire de la mienne puisque j’étais en pension et le troisième psy (je crois), je l’ai harcelé tous les samedis matins pendant quatre mois afin qu’il dise à mes parents de me retirer de pension. J’ai donné à Elizabeth le même raisonnement que moi pour avoir un résultat inverse et le psy a bien convoqué mes parents pour leur dire que la pension devenait obsessionnelle pour moi, et c’était peu de le dire, mais je me suis fait viré de l’école bien avant, donc ces mois de répétition de perroquet ne m’ont servis à rien.

La surprise c’est qu’il s’agit également d’un roman engagé, abordant la question du culte du corps et l’exploitation du corps féminin avec les injonctions intenables auxquelles notre société le soumet. La question du consentement est aussi clairement évoquée. Est-ce que vous aviez conscience en commençant à écrire Florida que vous alliez devoir prendre position sur ces sujets ou la réflexion s’est invitée au cours de l’écriture ?

Alors c’est encore une fois une très bonne question. C’est une bonne question parce que vous venez de résumer dans votre question ce qui s’est passé. En réalité j’avais une histoire assez simple, résumable en trois lignes : Elizabeth gagne un concours de mini-Miss, sa malédiction c’est qu’elle gagne et qu’ensuite elle ne cessera de perdre. Et ensuite elle se vengera de sa mère et de son corps en commençant activement des séances de musculation. Voilà ça tient en quatre lignes. J’ai tenu ce résumé dans ma tête pendant quelques temps sans vraiment réfléchir au thème qui allait en découler. Et les thèmes se présentaient au fil de l’écriture. Il y a énormément de thèmes traités dans ce roman, beaucoup plus que je l’imaginais il y a encore deux ans quand je résumais le texte à mes amis ou à mon éditeur en disant : “voici l’idée”. Les thèmes apparaissaient, semblaient évidents, je pensais surtout à la vie d’Elizabeth à ce moment-là, je ne pensais pas aux thèmes qui allaient revenir à la surface. Ils sont tous revenus à la surface au fil de l’écriture.

Vous semblez vous être glissé très facilement dans la peau d’Elizabeth pour parler très justement du rapport complexe qu’elle peut entretenir avec son corps. Comment réussit-on, quand on est un homme, à se glisser dans la peau d’une jeune femme ?

Je suis un fils, je suis un époux, je suis également un frère, je passe une grande partie de ma vie entouré de femmes, ce sont mes premières lectrices et j’avais une appréhension forcément en me mettant à ma table de travail. Mais j’ai une appréhension à chaque fois que je me mets à ma table de travail quelque soit le sujet traité. J’ai une idée de l’écriture qui est telle, un peu pesante, assommante et donc j’ai toujours une appréhension. Là j’avais une appréhension particulière et je me suis mis à écrire c’est venu très naturellement et c’est surtout que dans les dix premiers lecteurs il y avait neuf lectrices et très vite elles m’ont toutes encouragées et elles ont toutes considéré que j’étais à ma place avec Elisabeth. Et Elisabeth avait sa place chez moi.

Ce roman a un côté très cinématographique, avec des dialogues ciselés et cet incroyable sens de la formule qui vous caractérise. Je vous verrais bien écrire des scénarios. Est-ce que un domaine de l’écriture qui pourrait vous tenter ?

Je n’ai pas participé à l’écriture du scénario du film de Bojangles par absence de temps et puis avec l’idée que je n’étais pas compétent dans ce domaine-là. Néanmoins j’ai sympathisé avec le réalisateur, j’ai vu le film dernièrement , qui a réalisé une merveille et nous en parlons beaucoup. Je fermais la porte il y a un an et demi, je la ferme un peu moins. Affaire à suivre !

J’ai trouvé ce roman très dense, profond avec une construction plus complexe, un sujet et des personnage à la psychologie fouillée. Il y a toujours la même énergie dans votre écriture mais celle-ci a gagné en épaisseur et en maîtrise. Qu’est ce qui a changé pour vous dans votre manière d’écrire depuis vos deux précédents romans ?

C’est une très bonne question, mais comme je le disais, c’est le thème qui choisi le style et là de parler à la première personne, d’être Elizabeth pendant un an, étant donné que je connaissais sa personnalité par cœur, j’ai tout de suite vu le style et la structure, car j’ai changé aussi la structure. J’écrivais et j’avais le sentiment d’être à bout de souffle lorsque j’écrivais car tout va très vite avec Elizabeth, chaque jour il se passe quelque chose de très intense et donc la structure était importante, je ne voulais pas qu’il y ait de respiration dans le texte avec par exemple tiret à la ligne, tiret à la ligne pour les dialogues. J’ai décidé de mettre les dialogues d’un seul bloc, à la suite. Étant donné que c’était haletant à écrire, j’espérais que ce soit haletant à lire. Donc j’ai tout changé par rapport à Bojangles et à Pactum Salis parce que la personnalité d’Elizabeth me l’imposait, je ne voyais pas autre chose. Après ça marche ou ça ne marche pas, mon éditeur trouvait ça très, très bien, il trouve que c’est mon meilleur roman. C’est important l’avis d’un éditeur, il y a beaucoup d’avis qui sont importants mais celui-ci l’est particulièrement et donc je pense avoir fait les bons choix.

Vous dites que vous avez pris beaucoup de plaisir à écrire Florida. Comment l’avez-vous écrit ?

Oui j’ai pris un plaisir immense à écrire Florida. A vrai dire, l’écriture, ça aussi c’est un lieu commun, je suis désolé de le répéter, est un mélange d’euphorie et d’accablement. D’euphorie quand tout coule sous les doigts, dans la tête et d’accablement lorsqu’on bloque sur une virgule. Je dois reconnaitre que pour Florida, il y a eu très, très peu d’accablement. En réalité, cette histoire et cette jeune fille m’ont transporté et chaque jour comme je le disais il se passe quelque chose d’incroyable dans sa vie, il n’y a pas de temps morts et donc il n’y avait pas de transitions entre chaque passage, tout va tatatatata  …très vite ! C’est un peu un roman mitraillette. C’est ce que disent les lecteurs pour le moment, c’est ce que disent les journalistes : on a du mal à reprendre son souffle. Et c’est le sentiment que j’avais donc j’avais le sentiment du devoir accompli lorsque je terminais ma séance de travail et une fatigue saine. Oui j’ai pris énormément de plaisir à écrire Florida, c’est celui qui m’a le plus emballé, en tout cas dans la période d’écriture. J’ai écris l’année dernière trois mois, un mois de corrections, mais étendus sur un an. C’est à dire par périodes de quinze jours d’écriture à la suite, histoire d’avoir une longue séance d’écriture qui permet de bien vivre une scène que j’écrivais et ensuite je prenais trois semaines de pause et puis je m’y remettais. Quand je me remettais à ma séance de travail, j’avais le sentiment de reprendre ma respiration et hop, d’y aller à fond. Voilà j’ai beaucoup aimé. Avec l’euphorie que cela donne quand ça s’arrête.

Vous avez également évoqué votre forte envie de vous intéresser à d’autres thèmes. Est-ce que vous avez déjà en tête le sujet de votre prochain roman ?

J’ai plusieurs romans en tête, j’ai plusieurs sujets en tête, j’en ai trois. Ça dépendra de mes envies, de la façon dont je verrai les choses, si je m’en sens capable, si c’est à ma portée. Ce ne sont pas les idées qui manquent. C’est une question de capacité, d’humeur et de volonté.

Est-ce que vous diriez que Florida est le roman qui vous ressemble le plus ?

J’ai plusieurs points communs avec Elizabeth, que j’ai un peu évoqué avec vous. Je crois que chaque roman donne une facette de ma personnalité, évidemment on a tous des dizaines, des centaines, des milliers de facettes. Chaque roman jusqu’à présent donne une carte de visite, peut-être que lorsque que j’en aurai écris dix on pourra voir se dessiner à peu près qui je suis, c’est à dire un taré comme tout le monde.

Elizabeth a une personnalité qui prend beaucoup de place. J’imagine qu’il a dû être difficile en tant qu’auteur, de s’en séparer. Comment ça s’est passé ?

Oui Elizabeth est le personnage que j’ai eu le plus de mal à quitter. Alors ça tombe bien car la promotion me permet de retrouver le personnage, j’imagine que c’est comme le tournage d’un film. Ce sont des périodes de tournage intense tous les jours et puis ensuite les comédiens se séparent et le réalisateur aussi et ils se retrouvent un an après pour en parler. Elizabeth est toujours là puisque j’en parle toute la journée, à la presse et bientôt aux lecteurs, j’espère. Donc elle est toujours là, elle m’a beaucoup manqué lorsque j’ai remis le texte définitif à mon éditeur et pendant quinze jours j’ai eu un vide parce qu’en fait elle continuait à vivre et il y avait encore beaucoup de choses à dire. J’aurais encore pu tenir le journal d’Elizabeth sur trente ans. Elle tellement riche, intelligente, tellement imprévisible qu’on a du mal à l’oublier.

Pour finir, question de lectrice ! Quel est votre roman préféré ?

Mes romans préférés changent au gré de mes lectures alors je dois avoir une cinquantaine de romans préférés. Je vous adresse un clin d’œil car je sais que vous aimez beaucoup Truman Capote et je lui ai adressé un clin d’œil  et dans Bojangles puisque vous avez eu la gentillesse de le reconnaitre, personne ne m’en a parlé, vous êtes la première à en parler. Félicitations ! Tout le monde m’a parlé de Boris Vian que j’avais lu il y a très longtemps et qui ne m’avait pas emballé et personne ne m’a parlé de “Petit déjeuner chez Tiffany”. Ce personnage flamboyant de Holly. Un de mes romans préférés en tout cas, c’est “Petit déjeuner chez Tiffany”.

Je remercie infiniment Olivier Bourdeaut pour sa disponibilité et le temps qu’il m’a accordé pour pouvoir vous offrir cette interview. Je remercie également Suzanne Bourdeaut pour l’aide précieuse qu’elle a apporté à la réalisation de l’enregistrement vidéo que vous pouvez retrouver sur l’IGTV de mon compte Instagram.

J’espère que cette interview vous aura plu et vous donnera envie de découvrir le livre. N’hésitez pas à me laisser vos commentaires ci-dessous :-).

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MA CHRONIQUE DE “FLORIDA”