Résumé
Cette longue série est une bande dessinée résolument innovatrice. Tandis que les séries western, empreintes par un cinéma hollywoodien snob et subjectif, nourrissent l’opinion publique avec une culture erronée décrivant l’homme blanc comme le « bon » et l’indien comme le « méchant », les récits de Kirk font figure de précurseurs en présentant de manière plus réaliste et objective, les rapports entre indiens et la soi-disant « civilisation » des Blancs. Ce n’est qu’en 1970 que le cinéma américain commencera à changer de registre. Si l’on pense que « Sgt. Kirk » date de 1953, on comprend aisément la valeur de cette série western en bandes dessinées qui, dès les premiers épisodes, présente le protagoniste – un sergent du 7ème régiment de cavalerie de l’armée américaine – accablé par les doutes et les sentiments contradictoires, incertain et confus entre le sens de son devoir de soldat et la pitié, la soif de justice à l’égard des Indiens. Après une lutte intérieure douloureuse et ardue, il décide de déserter et de se ranger du côté des Peaux-Rouges. Il devient ainsi le “frère de sang” de Maha, le jeune fils du chef indien de la tribu Tchatooga, s’intégrant au mieux au sein de sa tribu. Autres personnages d’envergure de la série : le docteur Forbes – un médecin anticonformiste – et El Corto, un ancien bandit aux réminiscences romantiques. La richesse des dialogues qui expriment souvent thèses idéologiques contrastées et principes de vie divers fait de cette série un produit entièrement abouti.
Notre avis
Le sergent Kirk est un soldat du 7ème de Cavalerie de l’armée nordiste américaine qui, révolté par le massacre des Indiens, se range à leur côté après avoir déserté. Ces aventures, mouvementées, et les histoires d’ Hugo Pratt et Oesterheld nous racontent de belles aventures, du très bon western où on croise indiens, cow-boys, bandits, shérifs, marshals, tuniques bleues… En fait, tout ce qui fait les bons ingrédients du western. Si les histoires ont plus de cinquante ans, elles n’en ont néanmoins pas vieilli et restent toujours aussi plaisantes. Du divertissement de grande qualité et des audaces graphiques de Pratt qui apparaissent déjà dans cette série avec un sens de la mise en scène faisant de la lecture une vision « quasi-cinématographique » de l’œuvre. Le lecteur n’a pas le temps de s’ennuyer.
En deux mots
Du bon Western on the rocks !
Jean-Claude Attali
Lien vers la page des Éditions ALTAYA de « Tout Pratt, Édition Collector »
Retrouvez les chroniques des albums précédents de la même collection sur notre site.
Info édition : ©Altaya 2018. © CONG SA, Suisse. Pour les histoire de la série Corto Maltese : Corto Maltese ® et Hugo Pratt