Titre : Les possibles
Auteur : Virginie Grimaldi
Edition : Fayard
Genre : Contemporain
Pages : 378
Parution : 12 mai 2021
Juliane n’aime pas les surprises.
Quand son père fantasque vient s’installer chez elle, à la suite de l’incendie de sa maison, son quotidien parfaitement huilé connaît quelques turbulences.
Jean dépense sa retraite au téléachat, écoute du hard rock à fond, tapisse les murs de posters d’Indiens, égare ses affaires, cherche son chemin. Juliane veut croire que l’originalité de son père s’est épanouie avec l’âge, mais elle doit se rendre à l’évidence : il déraille.
Face aux lendemains qui s’évaporent, elle va apprendre à découvrir l’homme sous le costume de père, ses valeurs, ses failles, et surtout ses rêves. Tant que la partie n’est pas finie, il est encore l’heure de tous les possibles.
Le dernier Virginie Grimaldi, m’attendait sagement dans ma pal, je le regardais du coin de l’œil, guettant le moment opportun pour le sortir. J’ai toujours ce problème avec les livres de Virginie Grimaldi, je me sens orpheline quand je finis le dernier sorti…
Et voilà, je l’ai lu, d’ailleurs, je ne sais pas si c’est un signe, mais je l’ai fini le jour de la fête des pères…
Julianne, n’aime pas les imprévues, toute sa vie est millimétrée, elle n’aime pas faire de vagues, elle veut se fondre dans la masse. Et on comprend vite pourquoi, quand le premier imprévu d’une longue liste lui tombe dessus.
La maison de son père vient de brûler, il va devoir rester chez elle quelque temps. Elle ne l’avait pas vu depuis plusieurs mois. Pourtant, elle aime son père, mais ils sont très différents. Alors qu’elle est discrète et introvertie, son père lui est exubérant et se fou royalement du regard des autres.
Son père a toujours été loufoque, elle a déjà été embarrassée à plusieurs reprises dans son enfance et son adolescence. Mais plus elle observe son père qui vit désormais chez elle, plus elle se pose des questions. Il déraille, ce ne sont définitivement pas ses bizarreries habituelles, il oublie, se trompe d’heure, mange sans cesse. Julianne s’alarme et décide de lui faire passer des examens.
Quand le verdict tombe, elle est nostalgique et bien décidée à profiter de tous les instants où son père est encore bien présent, avec elle, avec son petit-fils Charlie. Il y a encore des beaux moments à partager…
Charlie applaudit, Gaëtan hyperventile, et mon père jubile.
Sans grande surprise, ce livre est un coup de cœur et confirme bien que Virginie Grimaldi est mon auteure préférée. Dès les premières pages, j’ai retrouvé cette plume qui me fait temps vibrer, cette plume qui ne ressemble à aucune autre. Virginie Grimaldi fait passer les émotions à travers des répliques parfois drôles, parfois poétiques. Je ne saurais pas exactement comment décrire sa façon d’écrire, mais pour moi, elle est vraiment unique.
Du côté des personnages, encore une fois, ils sont très réalistes, très naturels, on peut facilement s’attacher à eux. D’ailleurs, je me suis énormément retrouvée dans le personnage de Julianne.
Je bouffe mes émotions. Je mastique mes chagrins, j’engouffre mes angoisses, j’ingurgite mes joies.
Elle aime que tout soit planifié, organisé, elle n’aime pas que les choses se passent autrement que comme elle les avaient prévues, au risque de déclencher des angoisses. Elle déteste se faire remarquer, préférant se fondre dans la masse, être comme les autres.
Elle essaie de rendre tout le monde bien en arrondissant les angles autour d’elle, surtout quand son père débarque chez elle avec la délicatesse d’un éléphant dans un magasin de porcelaine…
J’ai aussi adoré ce père farfelu qui fait ce qu’il aime, porte ce qu’il a envie, et dit ce qu’il veut, sans se préoccuper de l’avis des autres. Il n’a pas toujours été un père présent, mais quand il était auprès de ses filles, il s’est toujours bien occupé d’elles. Il est touchant, il apporte une vague de fraîcheur dans cette histoire et contrebalance avec la rigidité de sa fille.
Et puis il y a aussi Charlie, le fils de Julianne, qui, lui aussi à quelques difficultés dans la vie, il n’est pas tout à fait dans la norme.
C’est sur la relation père-fille que Virginie Grimaldi à axé son histoire, sur une relation qui a une date limite.
Elle évoque la difficulté de voir ses parents vieillir, surtout quand leurs cerveaux commence à dérailler beaucoup trop tôt.
Son corps se trouve aujourd’hui, sa tête est hier.
Julianne comprend et nous fait comprendre qu’il faut profiter de ses moments précieux avec nos parents.
Le livre est découpé en plusieurs parties, 5 précisément et pas n’importe lesquelles, celle du deuil : déni, colère, dépression, acceptation. Ici, ce n’est pas la mort, mais ma maladie, Julianne doit accepter que son père ne soit plus jamais vraiment le père qu’elle à toujours connu.
Comme toujours, ce livre est remplie d’amour, ici, c’est l’amour familial, l’amour de Julianne et sa sœur pour leur père. Elles font tout pour le rendre heureux en allant jusqu’à réaliser ses rêves pour voir les étoiles dans ses yeux le plus longtemps possible.
Je trouve cette chronique un peu fade par rapport à ce que j’ai ressenti pendant cette lecture. Parce que Les Possibles, fait partit de ces livres que j’ai tellement aimé, qu’il est compliqué pour moi d’en faire une chronique à la hauteur.
En tout cas quel bonheur de retrouver la plume de Virginie Grimaldi, ses personnages si réels et si touchants. Ses messages subtils qu’elle glisse entre les pages : profitez de vos proches tant qu’il est encore tant. Et surtout, j’ai aimé l’humour qu’elle place toujours aux côtés des sujets plus dures qu’elle aborde. Un humour fin, délicat et irrésistible. Elle transmet les émotions d’une manière incroyable.
En lisant ce livre, je suis passé du rire aux larmes, j’ai été complètement embarquée dans la famille de Julianne.
Ils m’ont touché en plein cœur, je ne les oublierais pas de sitôt et je compte bien les retrouver un jour en relisant ce livre, tant je l’ai aimé…
Même au creux des moments les plus sombres, il arrive qu’on rencontre un instant suspendu de bonheur.