Alicia, prima ballerina assoluta - Eileen Hofer & Mayalen Goust

Par Stéphanie @Stemilou

Présentation
Dans les rues de La Havane, entre 1959 et 2011, les vies se croisent et se recroisent. Aujourd'hui celle d'Amanda, jeune ballerine en devenir. Hier, celle de Manuela, mère célibataire, qui n'aura fait qu'effleurer son rêve de danseuse classique et enfin celle d'Alicia Alonso, dont on suit l'ascension vers la gloire jusqu'à devenir prima ballerina assoluta au parcours exceptionnel. Dans un Cuba où règnent la débrouille et l'entraide, tout autant que la dénonciation et le marché noir, l'histoire de la démocratisation de la danse classique rime singulièrement avec l'avènement du régime révolutionnaire. Pour Amanda, la compétition est rude pour être parmi les meilleures tandis que pour Alicia, les choix ne sont plus seulement artistiques mais politiques, lorsqu'on voudra faire d'elle un instrument de l'idéologie castriste.

Avis
Véritable légende à Cuba, Alcia Alonso a voué sa vie au ballet mais a aussi servie à promouvoir la révolution cubaine, devenant bon gré mal gré une icône du castrisme. Cet album croise le destin de trois danseuses: Amanda, pour qui Alicia est une idole depuis toujours, jeune danseuse elle porte ses rêves mais aussi ceux de sa mère Josephina, amoureuse elle aussi de la danse. Manuela, amie de Josephina, est une danseuse qui a autrefois rêvée d'intégrer le ballet de Cuba mais qui aujourd'hui tente de survivre en dansant dans un cabaret et en vendant parfois ses charmes.

Puis par des retour dans le passé nous suivons les débuts puis la gloire d'Alicia Alonso, la cécité qui la gagne mais aussi sa poigne pour diriger son école de danse pendant plus de cinquante ans.
Cet album montre le contraste existant à travers cette figure de la danse classique, à la fois vénérée et controversée à cause de ses opinions politiques, Alicia aura pourtant une longue carrière et est toujours admirée. Elle va populariser le ballet et en faire un lien entre chaque cubains, rivalisant même avec la Cachita (sainte patronne de Cuba). Elle a su imposer une sorte de modernité dans le ballet, le métissage mais aussi les formes (les cubaines ayant un corps différents des ballerines classiques).

Entre Alicia et Amanda ce sont deux portraits de Cuba et de la danse que j'ai découvert et à travers deux époques 1959 et 2011. L'une promeut le castrisme à travers la danse, l'autre montre la réalité de la révolution cubaine, ses répercussions sur la vie actuelle faite de débrouille et de marché noir. Les illustrations dans les tons pastels offrent une douceur et une légèreté au récit, malgré la dureté des choix de ces deux ballerines.