Vincent Almendros, né en 1978 à Avignon, est un romancier français. Après des études de lettres à la faculté d'Avignon il commence à écrire de la poésie et de la littérature en prose. Faire mouche, son troisième et dernier ouvrage paru, date de 2018.
Vincent, le narrateur, revient dans son petit village quelque part dans le centre de la France. Il revient parce que sa cousine Lucie va se marier, non pas qu’il veuille voir la mariée, loin de là, mais pour voir son oncle Roland, avant qu’il ne meure. D’ailleurs, il ne voulait pas non plus y revoir sa mère…
Superbe roman qui marrie ce qui semblait inconciliable, un texte très court tout en ambiances et un angle discret de thriller, épice savoureuse ici.
Le décor, la cambrousse de la France profonde avec cette odeur de drame paysan mal défini mais qu’on sent planer tout du long. Et ces petits mystères ou non-dits qui émergent lentement, les uns après les autres, au fil de notre lecture : Vincent est venu accompagné de Claire mais il fait croire à tout le monde qu’il s’agit de sa fiancée Constance (ils se sont séparés et Claire, sa meilleure amie a accepté de jouer la comédie) ; Vincent réalise que sa mère et son oncle vivent ensemble, revient à sa mémoire une vielle rumeur locale selon laquelle son époux avait été empoisonné ; le frère de Constance cherche désespérément à joindre Vincent car il n’a plus de nouvelles de sa sœur…
Une famille en décomposition pour ce qu’il en reste, des rapports tendus entre certains des protagonistes, des phrases courtes qui ne disent pas tout, voire qui omettent l’essentiel, des bribes de révélations plus ou moins avérées qui remontent de temps à autre comme des bulles du fond d’une mare. Le lecteur se sent pris dans un drame dont il ne connait pas tous les aboutissements ou les causes, c’est très intrigant. Et l’épilogue de ce minuscule thriller qui ne dit pas son nom tient en une seule phrase, la toute dernière du roman.
Excellent !
« Qu’est-ce que tu fais ? Et le café ? Je restais assis. Il fallait attendre. J’avais pourtant besoin d’air. Je regardais par la fenêtre. Roland avait dit vrai. Le beau temps était revenu. Le soleil entrait dans le salon en dessinant des trapèzes sur le sol carrelé. Après le café, ma mère nous raccompagna jusqu’à la porte. Alors ? Cette langue ? C’était bon, répondit Claire en reprenant son K-way. Bon, répondit ma mère avec satisfaction, tant mieux. Je vous donnerai la recette. Comme ça, dit-elle en me désignant de la main, quand je serai morte, ça lui fera un souvenir de moi. »
Vincent Almendros Faire mouche Editions de Minuit – 127 pages –