Songe à la douceur

Par Entre Les Pages @EntreLesPages

Songe à la douceur est un roman de Clémentine Beauvais. Plus précisément, son roman en vers qui a connu un joli succès à sa sortie en 2016. Le titre est emprunté à Baudelaire et l’idée du roman Eugène Onéguine, d’Alexandre Pouchkine. Autant le dire tout de suite, cette œuvre a donc tout pour plaire. Dans tous les cas, elle promet beaucoup avant même que la lecture ne commence. Des questions se posent déjà. Les lecteurs (le lectorat visé du moins) connaissent-ils Eugène Onéguine ? Auront-ils envie de lire ce livre après avoir lu Songe à la douceur ? Place à l’histoire avant toute chose. 

Eugène et Tatiana ne se sont pas vus depuis dix ans lorsqu’ils se croisent dans le métro. Lui se rend aux obsèques de son grand-père et elle porte un badge de femme enceinte pour avoir une place assise. L’attirance est inévitable, mais le drame qui les a séparés est toujours présent à leur esprit. Que s’est-il passé ? Retours en arrière et incapacité de se concentrer sur des funérailles ou un travail dans le présent s’entrechoquent. Les journées n’ont plus aucun sens sans la présence, l’odeur, le toucher de l’autre, le voyage dans l’autre. Mais l’autre, le veut-il ?

Songe à la douceur est un ouvrage dont beaucoup de lecteurs (lectrices ?) sont tombés amoureux. Sans dire qu’il faut se demander pourquoi, il faut tout de même préciser qu’une grande frustration est ressentie à la lecture d’un tel texte. Lui qui est si travaillé dans sa forme, si maîtrisé dans son vocabulaire et ses images, comment peut-il être si ennuyeux sur tant de pages, si lisse dans son fond ? Les personnages sont réduits à leur pulsions. Certains passages, s’ils sont loin d’être mauvais d’un point de vue de l’écriture, oublient la poésie et en font beaucoup trop, rappelant qu’il est très difficile de croire à ces protagonistes et à cette histoire d’amour. SPOILER Tomberiez-vous de nouveau amoureuse d’un homme que vous croyez coupable de meurtre depuis une décennie ? Est-ce que quelques explications autour d’un verre suffiraient ? Quitte à changer la façon de faire lire, faisons aussi évoluer ce qu’on fait lire. Lire Eugène Onéguine ? Pas tout de suite.

Présentation de l’éditeur :
Quand Tatiana rencontre Eugène, elle a 14 ans, il en a 17 ; c’est l’été, et il n’a rien d’autre à faire que de lui parler. Il est sûr de lui, charmant, et plein d’ennui, et elle timide, idéaliste et romantique. Inévitablement, elle tombe amoureuse de lui, et lui, semblerait-il… aussi. Alors elle lui écrit une lettre ; il la rejette, pour de mauvaises raisons peut-être. Et puis un drame les sépare pour de bon. Dix ans plus tard, ils se retrouvent par hasard. Tatiana s’est affirmée, elle est mûre et confiante ; Eugène s’aperçoit, maintenant, qu’il la lui faut absolument. Mais est-ce qu’elle veut encore de lui ? Songe à la douceur, c’est l’histoire de ces deux histoires d’un amour absolu et déphasé – l’un adolescent, l’autre jeune adulte – et de ce que dix ans à ce moment-là d’une vie peuvent changer. Une double histoire d’amour inspirée des deux Eugène Onéguine de Pouchkine et de Tchaikovsky – et donc écrite en vers, pour en garder la poésie.

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