Nous sommes tout un monde • Justine Augier

Par Marine @blueM1991

Un roman ado dans l’air du temps, qui pose des questions intéressantes.

 ╰☆ Résumé ☆╮

Dans NOTRE BELLE ZONE, tout est propre, ordonné et contrôlé. Un véritable havre de paix protégé du chaos extérieur, des pandémies et de mégafeux, par un haut mur d’enceinte, où chaque citoyen aspire à donner le meilleur de lui-même pour le bien-être de tous. Cloîtrée avec sa mère dans un petit appartement, Cléo semble accepter sa vie parfaitement réglée entre les sessions d’instructions sur le réseau Mondo et les rares sorties autorisées… sous la surveillance étroite des drones. Pourtant, le doute s’installe en elle, l’image de la cité parfaite se fissure.
Pour trouver les réponses à ses questions, il lui faudra franchir le mur, prendre des risques, elle le sait.
Un roman d’anticipation prenant, comme un écho aux questionnement d’aujourd’hui.

✿ Mon (mini) avis ✿

La couverture vous a intrigué et vous vous demandez dans quel univers l’autrice nous emmène ? Allez, je vous raconte tout (ou presque !). Dans ce roman ado, Cléo, une jeune fille de 12 ans vit avec sa mère dans un des appartements que vous pouvez apercevoir en première de couverture. Moderne, un peu futuriste même et surtout verdoyant, ce monde donne envie d’y vivre… jusqu’à ce qu’on se rende compte que nous sommes là dans un décor un brin postapocalyptique. La société est cloitrée chez elle, interdit de sortie à cause d’une maladie qui règne dehors (ça vous rappelle quelque chose ?). Les interactions sont à 99% virtuelles, sur le Mondo, et les seuls moments où Cléo peut sortir, c’est lorsque c’est son tour d’aller s’occuper du potager sur le toit de l’immeuble. Ce sont d’ailleurs les moments qu’elle préfère puisque c’est à ce moment-là qu’elle peut parfois entrevoir son voisin de palier avec qui elle interagit brièvement en secret (puisque c’est interdit !).

Un monde qui nous rappelle un peu la période covid lorsqu’on était tous en confinement obligatoire (mais en pire ici puisque c’est devenu la norme). Comme quoi, les malheurs des uns font l’inspiration des autres. De nombreux thèmes sont abordés dans ce bref – mais intense – ouvrage : écologie, pandémie, isolement, nouvelle technologie, climat, politique des enfants (reproduction), mixité, super-surveillance étatique, classes sociales (riche/pauvre), vieillissement de la population etc…

J’ai un peu retrouvé la même trame que celle du Passeur (Loïs Lowry) et quelques similitudes avec l’univers de la trilogie Promise d’Ally Condie. On est dans une société où tout est contrôlé, planifié, où l’humain n’a quasi plus de libre-arbitre et où il est surveillé de tous les côtés. Dans ce récit, une énorme frontière sépare ces ‘privilégiés’ qui sont protégés de la maladie avec le reste du monde où la misère règne. C’est un endroit où Cléo ne peut pas aller bien évidemment mais l’envie de comprendre ce qui se passe, ce qu’on lui cache grandit…

Mis à part l’âge de l’héroïne qui m’a semblée un peu jeune pour mener ces réflexions par elle-même et pour son implication dans les différentes péripéties (j’aurais préféré une ado de 15 ans plutôt que 12 mais ça ne tient qu’à moi), j’ai été agréablement surprise par le récit. Il fait écho à certaines choses que nous avons vécu durant le confinement et il pousse la réflexion encore plus loin au niveau décisions gouvernementales et libre-arbitre. C’est futuriste mais pas si éloigné de la réalité que ça. C’est agréable et bien dosé. Un roman ado dans l’air du temps que je conseillerai vivement aux jeunes qui cherchent à lire de la SF douce. Un grand merci à Actes Sud Junior pour cette belle lecture !

 CHRONIQUE #667 – Juillet 2021 

  • Editeur : Actes Sud Junior
  • Parution :  2021
  • Nombre de pages : 272 pages
  • Genre : SF ado