Le Puma ou l'autobiographie d'un psychopathe : le récit sombre et déstabilisant d'une quête esthétique et criminelle.
Janvier 1998, Maître Christine Balbec, avocate, rencontre à la Prison de la Santé un détenu considéré comme extrêmement dangereux. Celui que l'on a surnommé " le Puma ", un " colosse au regard vert " est accusé d'avoir perpétré cinq crimes atroces sur des femmes ayant toutes plus ou moins le même profil. Alors qu'il est reclus derrière les barreaux, Frédéric Stahlschwert, tel est son nom, annonce qu'un nouveau crime identique à ceux qu'on lui attribue, vient d'être commis en plein Paris. Puis il confie à l'avocate un dossier manuscrit dans lequel il relate son existence. A l'issue de sa lecture, la jeune femme devra accepter ou non de le défendre...
Dès le premier chapitre, le parallèle avec le Silence des Agneaux est inévitable et entièrement assumé par l'auteur qui fait lui-même référence à l'œuvre de Thomas Harris. Nul doute que le Puma impressionne presque autant que son célèbre confrère américain : dès le premier entretien, Stahlschwert prend le dessus, il intimide la pauvre avocate, la manipule , lui révèle d'emblée qu'il sait tout d'elle et la compare déjà à ses victimes. Tout comme Clarisse Starling, l'avocate en perd ses moyens. Elle hésite à le défendre car il possède toutes les caractéristiques d'un tueur en série, mais ce qu'elle va découvrir dans le journal intime du prédateur va faire basculer son point de vue. D'autant plus que pendant qu'il croupit en cellule, les meurtres qui lui sont imputés reprennent de plus bel.
En suivant l'avocate dans sa lecture des carnets intimes du Puma, Otto Zouhln nous propose de pénétrer le psychisme d'un criminel qui relate son existence pour le moins mouvementée : " un psychopathe qui se regarde tuer " , pour l'avocate comme pour le lecteur, le sujet est monstrueux et fascinant à la fois. Loin d'excuser ses actes, ces écrits tendent à éclaircir le cheminement psychologique qui a entrainé un jeune enfant à devenir un tueur sadique. Dès la petite enfance, marquée par les femmes qui l'entourent et les voyages à l'étranger sur les pas d'un père militaire, le jeune Stahlschwert souffre de problèmes psychologiques graves, à priori non détectés: il commet son premier crime de sang-froid à l'âge de 7 ans, ce sera le début d'une longue série...
Le personnage a de quoi fasciner : séduisant esthète, intelligent et cultivé, Frédéric Stahlschwert est à la tête d'une fortune colossale qui lui permet de voyager aux quatre coins du globe, parmi les milieux les plus érudits... tout en jalonnant son parcours de nombreux cadavres. Pourtant, loin de me séduire, le personnage m'a plutôt mise mal à l'aise, notamment en raison des nombreuses descriptions sordides et répétitives de crimes d'une violence inouïe. Ces scènes très dures s'opposent totalement avec les récits passionnés de voyages culturels où art et littérature sont prédominants. Mais là encore je n'ai pas été sensible à ce trait de caractère ni à cette profusion de connaissances dans le domaine. D'autres seront séduits assurément car une chose est sûre, le Puma ne laissera personne indifférent.
Le style d' Otto Zouhln est maîtrisé, l'écriture est fluide et recherchée. est un thriller atypique, de par sa forme, tout d'abord: un tueur qui se raconte à travers un manuscrit; et par le fonds d'autre part : des crimes sanglants sur deux époques différentes avec suspicion d'un double meurtrier: alors imitation ou manipulation ? Vous le saurez en vous plongeant dans l'abime existentiel de Frédéric Stahlschwert... jusqu'à un dénouement particulièrement inattendu.
Je remercie très sincèrement Librinova de m'avoir proposé cette lecture.