Sylvain Tesson : La Panthère des neiges

sylvain tessonSylvain Tesson, écrivain et voyageur, né en 1972, est le fils de Marie-Claude Tesson (fondatrice du Quotidien du médecin, décédée en mai 2014) et du journaliste Philippe Tesson, et le frère de la comédienne Stéphanie Tesson et de la journaliste d'art Daphné Tesson. Il a étudié au lycée Passy-Buzenval puis effectué une hypokhâgne et une khâgne. Géographe de formation, il est titulaire d'un DEA de géopolitique. Sylvain Tesson est lauréat de nombreux prix littéraires dont le prix Goncourt de la nouvelle en 2009 et le prix Renaudot en 2019 avec La Panthère des neiges.

A l’initiative de Vincent Munier, photographe animalier, Sylvain Tesson part pour le Tibet à la recherche de la panthère des neiges, félin menacé de disparition. Les accompagnent dans ce périple, Marie Amiguet cinéaste compagne du photographe et Léo, assistant. C’est dans une vallée proche des sources du Mékong, après plusieurs semaines de recherches qu’ils verront avec succès l’objet de leur quête…

Récit d’expédition en terrain difficile, le Tibet avec ses altitudes et son froid intense (-25°), le barda qu’il faut trimballer (les autres mais pas Tesson, because mal de dos) et cette « chasse » sans certitude de réussite, il y a beaucoup de cela dans ce petit livre mais à la vérité, il s’agit surtout d’un bouquin de philosophie, d’une leçon de vie.

Bivouacs dans des cabanes ou des grottes, journées passées à l’affût, sur le ventre et jumelles aux yeux dans l’espoir de voir la bête. Le plus souvent ce sont plutôt des yacks, des loups, des corbeaux, tous riches d’enseignement mais point de panthère ! Jusqu’à ce que, finalement, à trois occasions ils puissent l’apercevoir dans sa sublime beauté puissante.

Sylvain Tesson tire de ce récit bien plus que ces quelques lignes qui en font le décor. L’homme a du bagout et de la culture à revendre, de ce texte suinte son omniscience et les précisions géographiques, historiques, scientifiques abondent. Quand on évoque la Nature, on en vient toujours à l’Homme et fatalement ce n’est jamais à son avantage. Et c’est là qu’il touche au grandiose (j’exagère peut-être ?) quand il fait de cette expédition, une expérience philosophique dont la pratique de l’affût lui a ouvert les portes d’une certaine compréhension du monde : « Au « tout, tout de suite » de l’épilepsie moderne, s’opposait le « sans doute rien, jamais » de l’affût. Ce luxe de passer une journée entière à attendre l’improbable. »

L’écriture cultivée marie la précision du vocabulaire et la poésie élégiaque dans des envolées lyriques mais maitrisées où pointent de-ci-delà, une réflexion gentiment réac comme seul Tesson sait les distiller au compte-goutte sans exaspérer le lecteur. L’émotion affleure quand la panthère évoque pour l’écrivain soit sa mère décédée, soit une femme qu’il aimât jadis mais qu’il ne sût retenir ; sans oublier les fameux aphorismes plaisants dont il aime parsemer ses ouvrages, « En dépit de la haute opinion qu’il se fait de lui-même, l’homme finit devant la soupe. »

Un très bon bouquin.