La cave aux poupées

En ce début de semaine, j’ai le plaisir de partager avec vous ma première lecture pour le PAI 2020, en catégorie Noire.

La cave aux poupées

211 pages – Éditions Taurnada – Broché – E-Book (03/2020)

J’avais hâte de débuter mes lectures pour cette nouvelle édition du PAI, et je ne suis franchement pas déçue !
L’univers de Magali Collet a été une vraie découverte et j’ai plongé la tête la première dans sa Cave aux Poupées. Vous êtes bien accrochés ? Tant mieux !

Ce qu’il en est :
J’aurais pu choisir ce livre en magasin. Le titre et la couverture indiquent clairement la couleur, et collent parfaitement à l’histoire qui se déroule à huis-clos.
Manon vit en recluse à la merci de son père ; la fatalité et son instinct de survie ont pris le pas sur ses désirs de normalité. Parce que Manon sait qu’ailleurs, les vrais gens ne vivent pas comme eux.Mais que peut-elle y faire, à part obéir sans broncher pour échapper à la prochaine raclée, et mettre ses sentiments ou émotions de côté ?
Le père, pédophile violent et pervers, a dressé sa fille au fil des ans pour qu’elle l’aide à s’occuper des adolescentes qu’il ramène, et qu’il loge dans la cave. Manon est tellement asservie que plus rien ne la choque, et elle effectue méticuleusement toutes les tâches qui lui sont assignées : le ménage et la cuisine évidemment, mais aussi la toilette et la distribution des repas pour « les filles ». Et attention, « Le Père » est exigent, elles ont intérêt à être prêtes quand ça lui chante, sinon c’est contre Manon qu’il se retourne.
L’auteure ne tourne pas autour du pot, et on entre dans le vif du sujet la cave dès le départ. L’atmosphère est tellement bien décrite qu’on sent le froid des murs et des barreaux, et la peur qui suinte.
La porte s’ouvre sur une fille qui se demande « où est passée l’autre ? », qui se trouvait encore à ses côtés la veille au soir. Quand Manon lui apporte son repas, elle se sent forte et joue les cyniques. Mais au fond, est-elle vraiment ainsi, ou est-ce un masque pour sa propre sécurité ?
Petit à petit, on en apprend plus sur la vie de Manon dont la carapace se fissure imperceptiblement face aux assauts d’une Camille désespérée, prête à tout pour se sauver, elle et son enfant.
Manon et Camille. Désormais leurs vies dépendent l’une de l’autre. Sauront-elles s’unir ou au contraire se battre pour sortir de l’enfer qu’est cette cave ?

Quand on ouvre ce genre de livre on sait à quoi s’attendre, et on espère ne pas être déçu(e) par des ellipses ou des passages trop édulcorés. Et ici on est servi ! Magali Collet nous sert sur un plateau la noirceur d’une âme perverse, l’abnégation, la résilience, l’angoisse, le sadisme, l’inceste… et un peu d’espoir tout de même. Mais tout au long de ces pages, on plonge dans l’abîme psychologique d’êtres différents, dérangés, et pas vraiment aidés par la vie.
Les personnages sont vrais, l’écriture est fluide et sincère, et les scènes sont tout à fait crédibles – et p****n que ça fait froid dans le dos ! C’est pour cette raison que j’apprécie particulièrement ce genre de roman : parce que ça pourrait être vrai. Une histoire aussi glauque et bien contée accélère votre respiration quand vous entendez les pas dans l’escalier, vous hérisse le poil lors des scènes atroces, vous met une boule dans la gorge face à la souffrance souvent dépeinte et parfois indicible. L’auteure sait jouer avec nos nerfs et notre ascenseur émotionnel, cela ne fait aucun doute.

Site officiel du PAI : https://www.prixdesauteursinconnus.com/

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