Nastasia Rugani – Je serai vivante ***

Nastasia Rugani – Je serai vivante *** " Je suis morte sous le cerisier. "

Un dimanche d'avril, tout bascule. Trois mois après, la narratrice sent encore l'écorce du cerisier sur la peau de son dos. Ses racines qui lui écorchaient le dos pendant qu'il la violait.

" Vous ne me croyez pas puisque je respire. Seulement j'ai appris à faire semblant d'être en vie. J'ai appris cela lors de cet après-midi livide. "

Aujourd'hui, elle est face à un officier de police. Elle porte plainte, enfin. Elle revit, mot après mot, le supplice. Un supplice qui se joue du temps et de la chronologie. Les mots s'étranglent en elle face au mépris de l'homme.

Tout au long de ce court roman, elle s'adresse à l'officier. Le vous est percutant, cinglant.

La mort, elle la porte en elle depuis ce maudit dimanche d'avril. Le viol a agit depuis comme une affreuse métamorphose - de son corps, de sa vie. Une métamorphose de la nature aussi, complice du crime - cette Nature qui portera l'empreinte éternelle de sa mort. " La nature n'a rien fait. Le monde n'a rien modifié de sa beauté au-dehors. Et cette immobilité m'a tuée une nouvelle fois. " Enfin, une métamorphose du Temps, qui s'est vicieusement figé depuis ce matin d'avril - un Temps qui ne s'écoule plus normalement.

Dans une langue à la fois poétique et incisive, Nastasia Rugani nous offre un texte d'une puissance folle - des mots d'une puissance rare. La douleur éclate. L'étrangeté et le sauvage s'empare des mots ; laideur et sublime s'entremêlent dans un corps à corps qui nous saisit à la gorge et nous bouscule.

" Je ne suis plus frileuse. Je suis l'hiver. "