L’été, période de creux dans les parutions, c’est le bon moment pour goûter les bouquins d’écrivains qui ne m’attirent pas a priori. Bernard Minier est de ceux-ci mais d’un autre côté, j’en entends tellement parler par ailleurs, qu’il me fallait aller y voir.
Martin Servaz, héros récurrent de l’auteur, a été suspendu de ses fonctions de commandant de police à Toulouse. Il vit seul avec son gamin depuis la disparition de sa femme Marianne, il y a huit ans, jamais retrouvée. Jusqu’à ce qu’il reçoive un appel téléphonique en pleine nuit, Marianne l’appelle à son secours ! Elle est perdue en forêt, dans une vallée des Pyrénées. Martin y fonce aussitôt…
Venu pour retrouver sa femme, il va se retrouver mêler à une série de meurtres épouvantables avec des victimes suppliciées. Cette enquête est confiée à Irène Ziegler, une ancienne connaissance que les lecteurs de Minier n’ignorent pas non plus. Martin suspendu ne peut intervenir officiellement dans cette affaire… Ces meurtres et la réapparition de Marianne sont-ils liés ? Et en quoi ?
J’abrège, alors disons qu’il y aura une abbaye dont le père supérieur sait des choses, une psy qui en sait aussi mais que tous deux sont liés par le secret professionnel ; qu’un éboulement criminel bloque tout le village et nos héros dans la vallée ; astucieusement l’écrivain angoisse ses lecteurs avec des détails annexes comme des maladies gratinées ou des autopsies, le mystère s’épaissit, la mort rôde, des indices étranges autour des cadavres, un site internet diabolique, des liens ténus se dessinent entre les victimes… La population commence à gronder, la police est vilipendée pour son inaction, une ambiance gilets jaunes perturbe l’enquête.
Les lecteurs de Bernard Minier retrouveront dans ce roman des références à des évènements et des personnages croisés dans de précédents opus, sans que cela ne perturbe les nouveaux arrivés dans ce thriller rondement mené. Autour de l’intrigue proprement dite, l’écrivain plaque tout ce qui fait de notre époque une période devenue folle : des réflexions sur les réseaux sociaux, les télés d’information en continu, les clivages brutaux et les haines au sein de la population française, tout ce qui rend les JT du 20h exaspérants à suivre… Le monde se barre en couilles, Dieu est aux abonnés absents etc. La chaos local devient une métaphore sur l’état de notre société.