La porte

La narratrice de La Porte est une écrivaine sans grand succès qui, n’arrivant pas à tenir sa maison, engage Emerence, une femme comme elle n’en a jamais rencontrée, pour l’aider.

La porte

La porte est une confession. La narratrice dit dès la première page avoir tué Emerence. Alors, elle raconte tout depuis le début, du moment où elle a rencontré Emerence jusqu’à son décès. Il s’est passé des années entre ces deux événements.

Emerence est un personnage mystérieux, les indices semés font comprendre qu’elle a traversé des épreuves difficiles. Avant même d’être engagée par la narratrice, elle est la dominante dans leur duo alors qu’elle est engagée pour être à son service. C’est elle qui mène la danse et qui lui dit quoi faire. Ce sera à celle qui l’emploie de marcher sur ses traces, d’aller voir sa famille pour prendre des nouvelles, en donner et aussi pour savoir d’où vient Emerence et ce qu’elle a vécu.

Le texte de Magda Szabo est un récit qui comprend très peu de dialogues. Sa narratrice parle, raconte comme si le lecteur avait connaissance des lieux, des décors, des coutumes, de l’ambiance d’une certaine Hongrie de telle partie du 20ème siècle. Il ne manque pas que des clés culturelles au lecteur, il n’y a juste aucune description. Il est par exemple impossible de se représenter la narratrice, sa maison, son époux, sa rue, son bureau d’écrivaine. S’il s’agit là d’une question d’identification, cela ne fonctionne pas. Comme il est difficile de lire un roman alors que les personnages évoluent dans un flou !

Les deux femmes présentées ici sont attachantes si cette avarice des détails ne dérange pas le lecteur, si la situation ne le met pas mal à l’aise. S’il n’est pas non plus agacé voire irrité par celle qui n’arrive pas à faire son ménage car elle écrit un livre (elle précise bien qu’elle est une intellectuelle !), ou par celle qui sait tout sur tout et qui orchestre le quotidien de tout le monde. La porte est de ces romans qui divisent. Pour certains, c’est un chef d’œuvre, une magnifique histoire d’amitié. Pour d’autres, une longue histoire gênante en laquelle il est difficile de croire. Fort heureusement, l’écriture est fluide en dépit de la longueur des phrases (et de la violence faite au chien – à quoi cela sert-il ?) pour ceux qui auront décidé d’aller jusqu’au bout quand même. 

Présentation de l’éditeur :
« C’est moi qui ai tué Emerence. Je voulais la sauver, non la détruire, mais cela n’y change rien. » La Porte est une confession. La narratrice y retrace sa relation avec Emerence Szeredás, qui fut sa domestique pendant vingt ans. Tout les oppose : l’une est jeune, l’autre âgée ; l’une sait à peine lire, l’autre ne vit que par les mots ; l’une est forte tête mais d’une humilité rare, l’autre a l’orgueil de l’intellectuelle. Emerence revendique farouchement sa liberté, ses silences, sa solitude, et refuse à quiconque l’accès à son domicile. Quels secrets se cachent derrière la porte ?

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