Le titre de ce volume est parfait. Tout se complique, pour tout le monde. Et rien ne se décante, pour personne. La guerre se poursuit, le quotidien est difficile pour la population et celui des Cazalet ne fait pas exception à la règle. Dans la grande tribu les enfants ont bien grandi. Les cousines Polly et Clary s’installent ensemble à Londres et débutent une vie active chaotique. A 19 ans, Louise est loin de s’épanouir depuis son mariage et ce n’est pas une grossesse inattendue qui va arranger les choses. Chez les adultes, Hugh ne parvient pas à se remettre du décès de sa femme, Edward mène toujours une double vie, Zoë, n’espérant plus le retour de Rupert, tombe dans les bras d’un photographe américain et Rachel joue toujours la bonne samaritaine auprès de ses parents vieillissants, au grand dam de son amour Sid. Beaucoup de non-dits, beaucoup de tromperies, beaucoup de souffrances intimes que l’on garde pour soi car s’épancher n’est pas une habitude dans la famille Cazalet. Le roman se termine au moment de la victoire alliée, peut-être l’occasion pour chacun d’y voir une porte ouverte vers un avenir meilleur…
Quel bonheur de retrouver cette saga dont je me délecte depuis la première page du premier tome, quel plaisir de suivre les destins de cette floppée de personnages tous parfaitement campés. C’est facile à lire, l’écriture est simple et ne cherche pas de complications inutiles et on se surprend à trouver la narration addictive malgré la multiplication des intrigues.
Les thématiques abordées depuis le début ne changent pas, l’émancipation féminine face à la mainmise du patriarcat reste au cœur du récit, comme le manque de considération des adultes pour les enfants (se traduisant notamment par une volonté permanente de leur cacher les dures réalités de la vie).
Un tome charnière, où l’on sent la grande famille bourgeoise atteindre le crépuscule de son âge d’or. Et si la chute risque d’être rude, elle pourrait aussi permettre à chacun de se projeter enfin vers de nouveaux horizons.
La saga des Cazalet T3 : Confusion d’Elizabeth Jane Howard (traduit de l’anglais par Anouk Neuhoff). La Table Ronde, 2021. 480 pages. 23,00 euros.