Robert Sundance : La Danse du soleil

Par Lebouquineur @LBouquineur

Rupert McLaughlin alias Robert Sundance est né dans la réserve sioux de Standing Rock en 1927. Alcoolique très jeune, en 1977 la médiatique « affaire Sundance » sensibilise les Etats-Unis à la question. Il arrête définitivement de boire et passe les quinze années qui suivent à essayer de sortir ses compatriotes de la rue à la tête d’une association. Ce livre La Danse du soleil, ses mémoires achevées juste avant sa mort en 1993, vient d’être traduit et paraître chez nous.

Robert Sundance ou l’histoire d’un Sioux qui tombe dans l’alcoolisme dès l’enfance et d’une vie épouvantable en découlant, jusqu’à sa rédemption après sa prise de conscience et son ultime combat contre l’institution policière, bras armé du gouvernement qui préférait châtier les alcooliques plutôt que de les considérer comme des malades, après un procès qui fera grand bruit dans les années 70’…

Le bouquin est puissant, très dur et in fine très beau mais pas exempt d’interrogations ou de critiques.

On pourrait dire que le récit est en deux parties, avant et après la prise de conscience du narrateur. La seconde après plus de deux cents pages d’horreur que certains trouveront peut-être insoutenables mais surtout très répétitives. L’alcoolisme est un enfer, le vivre c’est mourir chaque jour quand on n’a pas sa dose de vin, whisky, vodka etc. et quand on ne peut s’en fournir, des dérivés comme le vernis ou autres improbables breuvages font l’affaire. Dans ces conditions on se bat pour trouver trois sous qui payeront le litron, on se bat ensuite parce qu’on est soul, on se bat pour une femme et si on n’obtient pas celle-ci, on viole celle-là, mineures ou pas, à plusieurs etc. Castagne avec les flics, taule ou pénitencier, libération, alcool, bagarres, flics, cellules, bis repetita.

Je suis bien conscient qu’il s’agit d’un récit, de faits vécus et je ne minimise pas les souffrances de l’auteur, mais cet enchainement sans fin alcool-baise-bagarres-prison et on recommence, j’ai trouvé cela soulant (sic !). Par ailleurs, on peut plaindre le malheureux mais on peut aussi considérer que sous l’emprise de l’alcool en permanence, quasiment toute sa vie, ce fut un sacré enfoiré pour ne pas dire plus ! Répugnant et ignoble (« Une fois, elle n’a pas voulu se laisser prendre par un gars qui me proposait deux litres de gnôle, et j’ai dû la tenir pour lui. ») Certes il y a aussi des passages cocasses et pittoresques (?), le ton est enlevé, le rythme rapide.

Par contre grosse interrogation, tous ses souvenirs sont très détaillés mais c’est d’autant plus étonnant que lui-même confirme ce que nous savons « les poivrots n’étant pas réputés pour leur mémoire, ça nous est sorti de la tête ». Or le type est tellement alcoolisé et bourré qu’il fera un nombre astronomiques de crises de délirium tremens ; ou bien il nous raconte des faits auxquels il n’a pas assisté…

La dernière partie est plus intéressante et démontre une grande force de caractère et enfin de volonté quand après plusieurs tentatives avortées il se débarrassera de son alcoolisme, lira et apprendra de lui-même comment attaquer juridiquement l’institution policière au péril de sa vie encore une fois. A Los Angeles, Le LAPD n’est pas du genre à prendre des gants avec ceux qui s’opposent à lui.

Son combat déploie plusieurs volets. Faire reconnaitre l’alcoolisme comme une maladie et non un délit ; ce qui concerne particulièrement les indiens, lesquels, soignés, pourront enfin défendre leurs droits ; si le peuple indien retrouvait sa puissance d’antan, sa conception de la vie et ses coutumes participeraient au sauvetage écologique de la planète.

Un bouquin intéressant mais avec des points faibles et à lire avec des pincettes…