Il m’arrive d’éprouver des difficultés pour expliquer les raisons qui font que je n’ai pas su apprécier un livre mais pas cette fois. Je sais parfaitement pourquoi Vanda a été un rendez-vous manqué, et cela tient à peu de chose : un mauvais timing.
Vanda de Marion Brunet a été l’un des trois titres en compétition pour le Prix des lecteurs 2021 au mois d’août. Or ce roman n’a rien d’une lecture estivale. Vanda sent la grisaille, le froid, la pluie, le désoeuvrement, la colère, les désillusions, la rage, les lamentations. Rien de ce qui me fait envie précisément à ce moment de l’année. Impossible de vivre cette lecture autrement qu’en décalage et pour tout dire, j’ai tourné chaque page avec peine, n’en pouvant plus de toute cette noirceur quand je ne rêvais que d’horizon et d’eaux turquoises. Peut-être que si j’avais pris connaissance de la vie pourrie de Vanda et de son fils au mois de novembre, j’aurais éprouvé plus d’empathie pour cette mère paumée, cette louve qui n’a pas trouvé à mes yeux de circonstances atténuantes. Non Vanda ne m’a pas émue ni attendrie, bien au contraire. Je n’ai pas compris que l’on puisse aimer aussi mal son enfant au point de faire passer son amour avant les intérêts de l’être aimé. Non je n’ai pas éprouvé de révolte salutaire pour cette mère en souffrance et en difficultés.
Il n’a jamais invité Vanda chez sa mère. Bien sûr qu’il a toujours aimé cloisonner les espaces de sa vie, bien sûr que c’est une façon de la maîtriser, mais pas seulement. Vanda, la fréquentation qui le perdrait, la chute sociale. Pas de repères, une solitude prête à toutes les excentricités, une forme de liberté complètement flippante.
Or, sans empathie pour le personnage, impossible d’apprécier ce roman mais voilà en ce moment je suis saturée de cette littérature sans espoirs ni horizons. Quand je veux du noir, j’aime le trouver dans un thriller voire exceptionnellement dans un polar, deux genres qui sont finalement plutôt ludiques. Mais la littérature contemporaine qui ne fait que ressasser ce qu’il y a de plus sombre dans notre société, je l’avoue sans peine, je n’en peux plus.
Donc non Vanda n’a pas été ma meilleure lecture de l’année et en d’autres circonstances je ne serais pas allée jusqu’au bout. Et je regrette d’ailleurs de ne pas avoir écourté mon calvaire car la fin est à l’image du reste et ça ne cadre toujours pas avec l’humeur du moment.
Et vous, vous sentez aussi qu’il y a une saison pour les livres ?
L’ESSENTIEL
Vanda
Marion BRUNET
Editions Albin Michel et Le livre de poche
Sorti le 26/02/2020 en GF et le 03/03/2021 en poche
240 pages
Genre : contemporain
Plaisir de lecture :
Personnages : Vanda, Simon et « le petit bulot »
Recommandation : bof
Lectures complémentaires : Rosa dolorosa de Caroline Dorka-Fenech, Rhapsodie des oubliés de Sofia Aouine, La meute de Sarah Koskievic
RÉSUMÉ DE L’ÉDITEUR
Personne ne connaît vraiment Vanda, cette fille un peu paumée qui vit seule avec son fils Noé dans un cabanon au bord de l’eau, en marge de la ville. Une dizaine d’année plus tôt elle se rêvait artiste, mais elle est devenue femme de ménage en hôpital psychiatrique. Entre Vanda et son gamin de six ans, qu’elle protège comme une louve, couve un amour fou qui exclut tout compromis. Alors quand Simon, le père de l’enfant, fait soudain irruption dans leur vie après sept ans d’absence, l’univers instable que Vanda s’est construit vacille. Et la rage qu’elle retient menace d’exploser.
TOUJOURS PAS CONVAINCU ?
3 raisons de lire Vanda
- c’est une histoire qui va vous déchirer le coeur (si vous parvenir à avoir un peu plus d’empathie pour Vanda que moi)
- l’écriture est sublime
- ces liens du sang qui prennent aux tripes sont magnifiquement décrits
3 raisons de ne pas lire Vanda
- c’est déprimant au possible
- c’est déprimant au possible
- c’est déprim… ah, je l’ai déjà dit ?
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