Les deux vies de Pénélope - Judith Vanistendael

Par Stéphanie @Stemilou

Présentation
" Je m'appelle Pénélope. Mais je n'attends pas. Je ne tisse pas. Je sauve des vies. " Chirurgienne pour une organisation humanitaire, Pénélope passe la plupart de son temps en mission dans des pays en guerre. Quand elle revient chez elle, elle retrouve un mari aimant, une fille adorable et un foyer rassurant. Et pourtant ces retours à la maison lui sont de plus en plus pesants. Comment s'intéresser à la vie de tous les jours quand on pense sans cesse aux morts qu'on a laissés derrière soi ? Chez elle, Pénélope se sent inadaptée, pas à sa place.

Avis
Pénélope, chirurgien de guerre depuis dix ans, revient d'une mission de plusieurs mois à Alep. Son mari, Otto, et leur fille Hélène, ne la voit plus beaucoup.
Ce retour à la vie normale est pourtant différent cette fois, quelque chose l'empêche de profiter de ces moments en famille. Détachée et repoussant au plus loin qu'elle le peut cette culpabilité qui la dévore de délaisser ainsi sa fille, Pénélope a du mal à oublier ses jeunes vies qu'elle tente de sauver en Syrie notamment une enfant dont le fantôme semble l'avoir suivi en Belgique.
Pénélope se rend compte de tous ces moments importants qu'elle manque, elle sait pourtant qu'il serait temps de rester définitivement auprès des siens, chacun tente d'ailleurs de la convaincre. Son devoir envers l'humanité lui semble plus important que son rôle de mère et d'épouse, certains ont davantage besoin d'elle que d'autres.

Ce sont les illustrations qui m'ont le plus marqués dans cet album, une mise en rapport de deux situations, de deux vies. Le personnage de Pénélope m'a perturbé, je vois cette femme quitter l'horreur pour revenir auprès des siens, ceux qui devraient le plus compter pour elle et pourtant aucune émotion, pas d'effusion à son retour. Les échanges entre les membres de cette famille sont plats et l'esprit de Pénélope est sans cesse tourné vers la Syrie et ceux qu'elle ne peut sauver en étant où elle est. L'état émotionnel de cette femme est compréhensible, coupant toute forme d'émotion surgir lors de ses missions pour ne pas souffrir elle finit par appliquer la même méthode à la maison. On ne peut pas dire qu'elle a choisi sa carrière plutôt que sa famille mais son sens du devoir est certes plus orienté vers les autres.
C'est un album fort qui nous ouvre les yeux sur ceux qui s'éfforcent de venir en aide aux autres.