Cinq amis doivent se retrouver à New York chez Max Stenner et sa femme Diane Lucas pour regarder le Super Bowl, finale du championnat de football américain, l'événement sportif le plus regardé à la télévision aux Etats-Unis, et l'un des événements sportifs les plus suivis au monde. Martin Dekker, enseignant en physique est déjà arrivé, ne manquent que Jim Kripps et son épouse Tessa Berens poétesse, retardés par un atterrissage en catastrophe de leur avion revenant d’Europe. La soirée évènementielle va prendre une tournure inattendue quand l’électricité va manquer et plonger New York dans le chaos…
Une télé qui tombe en panne pour vous gâcher la soirée, puis l’électricité vous lâche et le mini-drame personnel devient catastrophe de grande ampleur. Inspiré (?) de la dernière grande panne électrique qui frappa New York en août 2003 (après celle de 1965), ce court roman est une métaphore sur la fragilité de nos sociétés, toujours plus modernes, plus technologiques, mais aussi beaucoup plus vulnérables : un simple OFF sur le bouton et tout s’écroule.
La séquence d’ouverture du livre nous montre Jim et Tessa dans leur avion, Jim débitant comme une litanie les informations affichées sur l’écran devant ses yeux, température extérieure, vitesse de l’avion etc. tel un intoxiqué des informations comme celles qui défilent sur le bandeau en bas d’écran des chaines de télévision d’infos en continu. Le décor est planté et nous est familier, le lecteur rit jaune.
Le huis-clos qui suivra pourrait être drôle s’il n’était inquiétant. L’écran noir de la télé – la sacro-sainte télé – rend dingue Max et pour échapper à son angoisse, il s’imagine speaker et invente à haute voix des commentaires sur le match qu’il ne peut pas voir. Quand l’ampleur du désastre va prendre jour, les uns et les autres vont se livrer à des réflexions plus ou moins compréhensibles, comme un long délire sur le délitement du monde, ce monde affaibli par ce qu’il pensait être ses points forts, la haute technologie, l’informatique et internet etc. Sans télé, sans ordinateur, sans téléphone portable, que reste-t-il ? Que devenons-nous ? Ajoutons-y les catastrophes écologiques et les épidémies, la messe est dite et le silence se fait.
Comme souvent dans ses romans, Don DeLillo exprime sa fascination pour le langage et les mots, pour l’image, et plus largement pour une angoisse latente liée à la fin de tout et donc à la mort.
Un bouquin intéressant sur le fond, certes, mais pas renversant à lire.