La phrase de trop pour Loris, prononcée par sa mère suite à un incident survenu au lycée. A 17 ans, le jeune garçon n’a jamais connu son père. Personne ne lui en a jamais parlé et il est temps pour lui de connaître la vérité. Alors Loris va monter dans un train en gare d’Enghien, direction Grenoble. C’est là-bas que sa mère et sa grand-mère vivaient au moment où il a été conçu. Il l’a appris de la bouche d’un boulanger en retraite chez qui travaillait sa grand-mère et à qui elle s’était confiée. Sur place, de révélation en révélation, une horrible réalité se fait jour sur ses origines…
« Tu crois qu’on peut être heureux quand on naît d’une violence ? »
Cette question est au cœur du parcours de Loris. Elle explique le silence de sa mère sur l’identité de son père. Elle explique son mal-être, sa difficulté à trouver sa place au lycée, et plus généralement dans la société. Mais la connaissance de la vérité est aussi un mal nécessaire pour se construire un avenir solide et résilient.
Comme d’habitude Gilles Abier ne ménage ni ses personnages ni ses lecteurs. Et comme d’habitude c’est fait avec tellement de talent qu’on lui pardonne volontiers de nous bousculer à ce point. C’est sombre et réaliste, cash, sans faux semblant ni volonté de forcer le trait. Si l’évidence n’est qu’une illusion, le drame est d’autant plus crédible que le déroulement des événements s’articule de manière imparable. On en ressort bluffé par tant de maîtrise narrative. Comme d’habitude j’ai envie dire.
Comme ton père de Gille Abier. Ed. In8, 2021. 132 pages. 8,90 euros. A partir de 13-14 ans.