Alors que sa grand-mère est hospitalisée, Nellig profite de devoir veiller sur la maison familiale pour s’accorder des vacances en Bretagne. Mais la demeure est hantée de souvenirs, de présences, d’échos d’enfance enfuie… et Nellig n’aime pas vraiment ça. La nuit de la Toussaint, tandis qu’une tempête se fracasse sur les côtes et que les phares s’éteignent, pendant que d’anciennes légendes refont surface, le fantôme de son grand-père lui apparaît. Et il a un message à lui faire passer.
Pourquoi ce livre ? Je n’en suis pas à ma première découverte de cette autrice. En général j’aime beaucoup sa plume et ses univers, même s’il m’a toujours manqué cette petite étincelle pour en faire des lectures mémorables.
C’est une fois de plus le cas avec Notre-Dame de la Mer, même si cela me choque moins puisque c’est une novella, un texte court, je savais que ce serait trop court et par conséquent frustrant. Si le début est vite balayé comme le veut le genre, la suite nous offre quand même un bel approfondissement quant à l’héroïne principale Nellig. On suit et apprécie son évolution tout au long de l’intrigue, d’abord jeune femme triste, puis bouleversé, puis déterminée et enfin… Les événements apparaissent comme dans un conte, avec un schéma narratif bien défini : un élément perturbateur suivi des péripéties et de la fin, un peu plus nébuleuse mais déterminante dans la vie de Nellig. C’est cette fin que j’ai le moins aimée, je l’ai trouvée bien vite expédiée - ce qui, je le reconnais, est nécessaire étant donné ce que cela implique dans la vie et les décisions du personnage.
En si peu de pages, il est normal que les contes et légendes évoquées, les Marie Morgane et autres sirènes, ne soient pas plus étayées. Rozenn Illiano fait plusieurs allusions à des méfaits passés, ce qui permet à tout le moins de planter le décor, faisant comprendre au lecteur qu’on n’a pas affaire à des femmes bienveillantes. D’ailleurs, le lien entre ces créatures et Nellig se joint au fur et à mesure que cette dernière enquête de manière assez crédible dans l’ensemble.
Comme je le disais, difficile d’apprécier pleinement les personnages (on voit surtout l’héroïne principale) quand le texte est si bref. Cela dit, j’ai pris plaisir à suivre les traces de son histoire, remontant les générations pour comprendre le mal qui frappe sa famille. Pas d’attachement, mais une sincère curiosité qui va de paire avec celle de Nellig. J’ai beaucoup aimé les habitants de la petite bourgade où ont vécu ses grands-parents, assez méfiants vis-à-vis des questions assez anormales mais conciliants malgré tout, avec une réelle aide.
Quant à la plume, j’ai pris plaisir à retrouver un style poétique. Ca manque d’onirisme comme j’avais aimé dans Midnight city, mais cela reste très beau à lire.
Une bonne novella dans la Bretagne, région qui tient à cœur l’autrice et cela se ressent dans sa façon de la dépeindre, on a le sentiment d’y être. L’intrigue, loin d’être une banale, repose sur une histoire de famille convaincante, où la l’oubli de la politesse entraîne une malédiction. Entre légendes et récit de famille, c’est presque trop pour une novella. J’ai adoré la lire et je la recommande à tous.
15/20