“Sa Majesté des Mouches” de William Golding est un classique anglais que je m’étais promis de lire un jour. C’est chose faite !
Thème : drame, classique, roman jeunesse, littérature anglaise, survie, île déserte, enfance, cruauté, William Golding.
☆ Résumé de l’éditeur
“L’avion qui transportait des collégiens britanniques vient de s’abîmer dans le Pacifique. Les enfants se retrouvent seuls sur une île montagneuse. Obéissant à Ralph, le chef qu’ils ont élu, ils s’organisent pour survivre. Mais, pendant la nuit, leur sommeil se peuple de créatures terrifiantes. Et s’il y avait vraiment un monstre tapi dans la jungle ? Sous l’impulsion de Jack, violent et jaloux de Ralph, la chasse au monstre est déclarée. Mais les partisans de Jack et ceux de Ralph ne vont pas tarder à s’affronter cruellement.”
☆ Pourquoi “Sa Majesté des Mouches” est un livre à lire
☆ Parce que c’est un classique de la littérature anglaise.
☆ Pour la peinture de l’exercice du pouvoir qu’il en fait.
☆ Mon avis sur “Sa Majesté des Mouches”
Depuis le temps que j’entends parler de ce roman !
Comme cette année j’ai décidé de lire davantage de classiques (et pas seulement des auteurs français) et que je suis tombée sur ce titre dans une boite à livres, j’en ai aussitôt attaqué la lecture.
Les premiers chapitres m’ont paru laborieux car je n’arrivais pas à m’ancrer dans cette histoire mais j’ai persévéré et j’ai eu raison, car finalement je ne l’ai plus lâché.
J’étais d’ailleurs tellement dedans que les derniers chapitres m’ont fait frémir.
Ahah j’ai dû me raisonner en me rappelant que ce n’était qu’une histoire qui s’adresse, en plus, à un jeune public. Mais comme on le dit souvent, les histoires pour les enfants sont souvent des histoires pour les adultes. Et c’est bien le cas de celle-ci.
Quand l’avion s’écrase sur cette île déserte, qui a tout de paradisiaque (plages de rêve et soleil, pas d’animaux dangereux à priori et fruits abondants), les enfants ,qui sont les seuls survivants, sont alors livrés à eux-mêmes.
Très rapidement les plus âgés décident d’organiser la vie sur l’île : il faut un minimum de règles et il faut prendre en charge les plus jeunes.
Ralph qui est le plus raisonnable et rationnel prend rapidement l’ascendant et est élu chef, contre Jack.
Ce dernier briguait ce titre au motif qu’il a pris la tête des chasseurs et qu’ils sont les seuls capables de ramener de la viande.
Mais pour Ralph, la priorité c’est d’organiser la construction des cabanes pour se mettre à l’abri la nuit et d’alimenter un grand feu pour signaler leur présence aux bateaux qui croiseraient au large pour qu’on vienne les secourir.
Cependant la nuit, les plus jeunes font des cauchemars et prétendent qu’un monstre rôde autour du campement.
La disparition d’un enfant au début de leur installation, laisse à penser aux plus grands, qu’il y a peut-être un fond de vérité dans cette terreur nocturne et la chasse au monstre commence.
En réalité cette chasse au monstre va rapidement précipiter l’apparition d’un autre monstre : l’égo de Jack, qui n’a pas digéré de ne pas avoir obtenu le titre de chef et va profiter de l’occasion pour tenter de s’emparer du pouvoir.
Cette fable cruelle et glaçante montre combien la voix de la raison devient, petit à petit, moins audible.
Ralph n’a pas d’ambition personnelle autre que le bien commun, la sécurité de tous et l’entretien du feu qui, seul, leur permettrait d’être sauvés.
L’avis des adultes lui manque cruellement et il tente d’y remédier en se référant à ce qu’ils auraient fait.
Il est soutenu par Piggy qui incarne la sagesse et la réflexion et par Simon, qui a la faculté de voir au-delà des évènements présents.
Mais ces deux-là sont timides et différents des autres enfants dont ils sont régulièrement moqués.
De son côté, Jack est conseillé par Roger qui à une âme de despote et ne maîtrise pas ses bas instincts.
Ce dernier a parfaitement compris que l’égo blessé de Jack ne demande qu’à basculer du côté de la vengeance, fusse-t-elle être cruelle.
“ Ralph gémit doucement. Malgré sa fatigue, la peur inspirée par la tribu l’empêchait de dormir. N’aurait-il pu pénétrer hardiment dans le fort, dire en riant : “ Pouce ! ” et s’endormir au milieu des autres en prétendant qu’ils étaient encore des enfants, des collégiens à casquettes, habitués à répondre : “ Oui, monsieur ; non, monsieur ” ? Le jour aurait pu répondre oui, mais les ténèbres et les épouvantes de la mort répondaient non. Étendu dans la nuit, Ralph comprit qu’il était devenu un paria. “Tout ça parce j’étais un peu raisonnable.”
“Sa Majesté des Mouches” pourrait être vu au final comme une allégorie de notre société dominée par la distraction.
De la même manière que les plus jeunes enfants ne pensent qu’à s’amuser, nous sommes distraits par tout ce que la société de consommation produit dans ce but (smartphone, réseaux sociaux, voyages, loisirs….
Peu à peu, nous n’entendons plus la voix de la raison au profit de ceux qui flattent nos bas instincts, la peur, notre besoin de sécurité et de consommation (Jack se sert de la viande grillée pour détourner l’essentiel de ceux qui étaient restés fidèles à Ralph), ce qui en fait un livre très actuel.
☆ Bilan de ma lecture
“Sa majesté des Mouches” de William Golding, en plus d’être un IN-CON-TOUR-NA-BLE classique, est véritablement un livre à lire !
C’est un poignant et dérangeant roman sur la fin de l’enfance, la perte de l’innocence, le pouvoir et la noirceur de l’âme humaine.
Je suis heureuse que le hasard l’ai mis sur ma route, d’autant que je regarde en ce moment la série Netflix “Suits : avocats sur mesure” et qu’à un moment Mike Ross en parle, sauf que je n’avais pas la référence et que je me suis sentie très frustrée. Voilà qui est réparé !
N’hésitez pas à le mettre entre les mains de vos ados (après l’avoir lu, bien sûr !)
A lire si vous aimez les roman d’aventure, les contes philosophiques et réfléchir sur les comportements humains
☆ A lire aussi – idées lecture
Je n’ai lu aucun autre livre de William Golding, je suis donc preneuse si vous avez des titres à me conseiller.
J’ai vu qu’il y avait chez Folio “l’envoyé extraordinaire”, un autre conte philosophique cruel que je ne manquerais pas de me procurer un de ces jours.
Je n’ai pu m’empêcher de penser une fois encore au brillant essai de “La civilisation du poisson rouge” de Bruno Patino (autant dire qu’il va vous falloir vous décider à le lire un jour).
“Sa Majesté des Mouches” est à rapprocher de “Robinson Crusoé” de Defoe et de “Emile ou de l’éducation” de JJ Rousseau dont elle prend le contre-pied.
Vous avez entendu parler de ce livre ou vous l’avez déjà lu ?