Auteur : Éric Cazenave
Éditions : Crin de Chimère
Paru le : 15 septembre 2021 (numérique)
Parution le : 13 octobre 2021 (papier)
513 pages
Thème : Steampunk
disponible sur le site de l'éditeur
et sur Amazon
Ma note :
Résumé
« Paris, 1888. Au coeur de la révolution industrielle, humains et vampires vivent en bonne intelligence dans un univers alternatif où le fleuron de la technologie à vapeur côtoie la magie.L’inspecteur Armand Chasseloup de la brigade spéciale de la Sûreté enquête sur le meurtre sordide d’un politicien véreux. Comme lui, la victime était un vampire. Tout semble accuser la prostituée avec qui il a passé la nuit. Mais cette dernière est introuvable.
Antoine de Beauterne est un vétéran des guerres franco-allemandes. Son corps bardé de prothèses mécaniques a gardé les stigmates des champs de bataille qu’il a longtemps fréquentés. Le vieux soldat reprend du service lorsque la fille d’un ancien frère d’armes lui demande de retrouver sa sœur disparue dans des circonstances mystérieuses.
Les chemins des deux hommes finiront par se croiser. Ensemble, ils vont tenter de découvrir la vérité entre complot anarchiste, bacchanales sanglantes et conspiration de l’Église. Mais rien dans ce monde n’est ce qu’il semble être. Et la plus sombre des sorcelleries pourrait bien être à l’origine de tout. »
Ma chronique
Je remercie énormément la maison d'éditions Crin de Chimère pour cette nouvelle découverte.Cela fait bien longtemps que je n'ai pas lu de Steampunk et Ô joie ! Je ne peux qu'admirer le tout. Je parle bien de la couverture, du livre, de l'histoire, de l'écriture, la plume, des personnages, des intrigues, bref c'est un tout admirable que j'ai adoré lire par petits morceaux pour mieux le savourer. J'avais une envie folle de le dévorer, mais le lire trop vite aurait été vraiment un gâchis. C'est comme un délicieux gâteau qui vous donne faim par son aspect, qui est gouteux au palais, mais que l'on garde le plus longtemps en bouche pour en savourer jusqu'à la dernière miette. C'est exactement ce que j'ai fais avec "Les loups de Prusse". Prenons déjà la couverture qui est sublime à bien des égards. Cette Tour Eiffel qui n'est pas totalement construite et pour cause, son créateur a du mal à la faire augmenter de quelques mètres, pour ne pas dire quelques centaines de mètres par des travailleurs qui ont peur du vide. Les pavés, un Paris qui n'a pas encore de routes comme nous les connaissons où les chevaux vapeurs sont sous un capot et non de vrais chevaux tirant des calèches et autres inventions. Des tentacules trainant allégrement sur la gauche, l'ancêtre du Ça de nos jours ? Ce personnage qui paraît dans l'intrigue avec des caractéristiques particulièrement lié au Steampunk. Et ses ombres dont nous ne savons pas sur le coup dans quel camp elles se situent ? Une couverture magnifique qui représente parfaitement l'ambiance dont nous allons plonger les deux pieds dedans. Vint ensuite l'histoire. Ah, le récit prenant, entrainant dans une aventure hors du commun, avec des créatures et des entités bien particulières. Un meurtre a été commis, une prostituée en fuite, une coupable idéale. Pourtant tout cela semble bien trop facile, surtout lorsqu'il s'agit de vampires, car oui, Messieurs Dames, nous sommes en présence de vampires et autres bestioles qui sont présentes depuis bien des siècles ! Et l'Histoire dans l'histoire n'est pas anodine, bien au contraire. Le mélange des genres, des personnages, de la manière dont chacun voit son monde se modifier tel un rêve éveillé est grandiose. L'auteur nous apporte plus que les bases du steampunk avec ses modifications, ses véhicules et autres exemples de moyens de locomotion qui sont en parfaite adéquation avec le thème, tout en mélangeant une bonne dose de fantastique avec les créatures qui vont et viennent de ce monde où d'un autre. Beaucoup de recherches et de lectures se font ressentir. Des annotations qui titillent, des moments d'évasion qui nous plongent dans un passé connu ou au contraire imaginé. Les personnages sont travaillés que l'on peut les toucher du bout des doigts. J'adorerais pouvoir parcourir ce vieux Paris qui ne connait pas encore tous les monuments et qui voient justement la fameuse Tour Eiffel en pleine construction. Bien entendu il y a les mauvais côtés, les bas-fonds de quartier où il ne fait pas bon être un rat, alors un être humain qui pourrait être enlevé, torturé, découpé, exhibé et même bien d'autres choses, non merci. Alors que certains travaillent sans relâche font ce qu'ils peuvent pour avoir un semblant de vie, d'autres sont en pleine recherche de pouvoir sans limite. L’Église a une part importante dans le texte, cette part qui nous emmène bien des siècles en arrière où elle faisait la loi en quelque sorte. Chasser ou être traqué, telle est la question ! Dans un monde où tout est possible, même les résurrections les plus improbables et la longévité de l'être qui s'allonge sans pour autant être un vampire, les restrictions sont nombreuses. L'équilibre des forces du mal et du bien est perpétuellement précaire, car il ne s'agit pas de gagner pour l'un ou l'autre des camps, mais plutôt de trouver les bons alliés pour obtenir ce pouvoir qui donne tant de sueurs. Les arrangements sont nombreux, les traitres ne cessent de pousser comme des champignons hallucinogènes. Des manuscrits sont recherchés et ceux qui veulent mettent la main dessus ne s'arrêtent pas à un corps au sol. Le récit débute avec un homme qui se donne la mort. Pourquoi ? Oh, pas de panique, nous l'apprenons vers la fin. cette fin qui est surprenante et qui nous laisse avec quelques questions. D'ailleurs, si ce tome se termine de manière à ce que nous ne restions pas sur une faim de loup, il reste tout de même quelques petits points à éclaircir, comme ce moment où nous comprenons que ce n'est que le début ! est-ce qu'un jour nous aurons une suite, un dérivé, peu importe, mais un autre récit qui nous emporte dans une autre aventure comme celle-ci ? Je l'espère de tout cœur. En attendant, la Brigade spéciale de Sûreté n'est pas en reste. Un crime impuni, tandis qu'un autre se prépare et il n'y a pas que des humains dans la police. Des visites en rencontres nous découvrons les personnages les uns après les autres nous demandant où ils vont nous emmener. Je ne saurais pas dire quel personnage est mon préféré. Nous avons Bauterne, Ysengrin, Rovier, Chasseloup, Anna et Camille, Faustine, Lucrèce, Bernard et tant d'autres qui ont de nombreuses qualités, pour ne pas dire de putains de qualité ! Bon sang, chacun d'entre eux a des faiblesses comme des forces, un esprit construit en fonction de sa nature. L'auteur va plus loin que les créatures traditionnelles en fantastique, il invite d'autres "bestioles" dans son monde et elles arrivent de manière si naturelle qu'elles font parties des égouts de Paris, mais aussi de la Seine et d'autres endroits que nous ne voyons pas toujours. Tellement d’événements qu'il est difficile de ne pas partir en tout sens, alors laissez-vous porter et n'hésitez pas à le découvrir vous-même. J'ai énormément apprécié le fait de plonger dans le passé de certains des personnages afin de mieux les comprendre. Je pense à Bauterne et Chasseloup bien entendu. tous deux ont un passé si réel, avec des faits véridiques qui font partie de notre Histoire que cela en devient presque dérangeant. Et si tout cela n'était pas juste une histoire, mais bien plus encore ? Dans tous les cas, les protagonistes sont réalistes et les émotions tout comme leurs sentiments explosent en tout sens (en même temps que certaines rues) La bande du scooby-gang n'a qu'à bien se tenir en comparaison de ceux qui vont s'allier bon gré, mal gré. L'amitié, la famille, le respect envers une vieille connaissance, un peu d'amour aussi, mais juste une naissance d'amour, rien de plus, nous ne pouvons nier que les personnages ont de quoi faire, penser, se battre pour survivre. Et sans l'intrigue qui voit chacune de ses branches s'épaissir pour former d'autres histoires, sans les personnages qui font vivre le roman, nous aurions toujours la plume de l'auteur qui indéniablement est une pure merveille. Sorcellerie, église, inquisiteurs, savant fou, nous ne sommes pas au bout de nos surprises avec "Les loups de Prusse". Par ailleurs nous apprenons l'histoire de ces loups et c'est un vrai plaisir de comprendre comment tout ce petit monde est lié d'une manière ou d'une autre. Le danger guette, bien plus que la mort d'un homme qui de toute manière était mauvais. Le danger est partout et ceux qui désirent ouvrir le monde en deux ne sont pas uniquement des fous : ils sont aussi des fanatiques impossible à ralentir. Il faut donc une frappe d'attaque, même si les démons intérieurs ou non sont prêts à sortir de l'ombre. L'enquête première n'était qu'un prétexte pour montrer la noirceur des êtres et grâce à ce crime, nous plongeons directement tête la première dans des trahisons de toute sorte et une guerre sans merci. L'être humain qu'il soit humain ou non d'ailleurs n'a pas fini de nous étonner, surtout lorsqu'il faut penser au lendemain. En conclusion, un récit que j'ai pris énormément de plaisir à découvrir. La technologie qui s'allient au surnaturel, des personnages travaillés, un univers Steampunk qui a su m'émerveiller, les multiples intrigues ont fait que j'ai été conquise. Un coup de cœur que je n'oublierais pas de sitôt ! Et donc, une suite ou autre chose peut-être ???? *fais les yeux de chat potté*
Extrait choisi :
« Beauterne serra son énorme poing mécanique et prenant à témoin son camarade :
— Voici une bonne occasion de tester ma nouvelle prothèse.
Étienne Durieux avait entraîné Ysengrin dans un rade malfamé du fin fond de Saint-Ouen.
Rares étaient les soiffards assez hardis pour oser s’aventurer ici. L’établissement jouissait d’une réputation catastrophique. C’était un refuge pour scélérats de tous poils. Ravachol et ses camardes s’y retrouvaient pour refaire le monde ou préparer quelque mauvais coup. Les intrus y étaient difficilement tolérés.
Le tenancier, un colosse gras arborant une fière moustache, réserva aux deux hommes un accueil glacial :
— On sert plus à c’t’heure. Pouvez retourner d’où vous venez !
Ysengrin balaya les lieux du regard. En ce début d’après-midi, il régnait dans ce cloaque un calme moribond. Trois poivrots couperosés sirotaient placidement leur verre d’alcool au comptoir. Dans un coin de salle, on disputait une partie de belote endiablée autour d’un pichet de blanc. »