Auteur : Jérôme Chantreau
Éditions : Phébus
Paru le : 19 aout 2021
320 pages
Thème : Contemporain
disponible sur le site de l'éditeur
et sur Amazon
Ma note : 15/20
Résumé
« Février 2013 : Bélhazar, un jeune homme sans histoire, décède lors d'un contrôle de police. Accident? Bavure ? Suicide, comme l'avance le rapport officiel ? L'affaire en reste là. Passée sous silence, elle tombe dans l'oubli. Jusqu'à ce que Jérôme Chantreau décide de mener l'enquête. Professeur de français et de latin, il avait eu pour élève le jeune Bélhazar. L'auteur se plonge dans le passé, interroge les souvenirs. Mais se heurte à la malédiction qui semble entourer ce drame. Que s'est-il vraiment passé ce soir d'hiver ? Et par-dessus tout, qui était Bélhazar ? Adolescent hypnotique ? Artiste précoce ? Dandy poète laissant derrière lui un jeu de piste digne d'Alice au pays des merveilles ? Jérôme Chantreau écrit contre l'oubli, et pour la vérité. Le crime est-il vraiment là où l'on croit ? Les faits sont réels, mais ils ne disent pas le vrai. Pour comprendre enfin, l'histoire de Bélhazar exige une mise à nu totale : celle de l'auteur. Son engagement inconditionnel emporte le lecteur dans un labyrinthe d'indices et d'émotions. » Ma chronique
Je remercie Babelio ainsi que la maison d'éditions Phébus pour m'avoir fait parvenir ce livre.Toute ressemblance avec un fait divers n'est pas qu'une idée. L'auteur indique du départ qu'il a changé les lieux et les identités afin de garder l'anonymat, les dates peut-être aussi ? Dans tous les cas, nous suivons un professeur de français et latin dans une quête de vérité sur la mort de l'un de ses anciens élèves : Bélhazar, 18 ans, décédé dans des circonstances perturbantes. L'auteur passe l'histoire en Bretagne et pour ma part certains coins sont connus car je viens de là-bas et c'est facile de suivre par où passe le prof. Comme l'indique le résumé, c'est étrange ce décès si soudain. Que s'est-i réellement passer ? Pas de réponse dans ce récit, plutôt un questionnement perpétuel et une recherche de vérité pour aboutir à la vie de Bélhazar avant ce fameux 13 février 2013 au 13 rue de l'éternité. Ce prof, Jérôme, n'a pas forcément pris le temps pour Bélhazar, ce jeune homme qui était déjà différent des autre : un être à haut potentiel qui avait certaines facilités et difficultés dans le même temps. Prendre le temps pour un élève alors qu'ils en ont des dizaines, voire des centaines c'est mission impossible et le prof s'en veut terriblement. Pourtant ce n'est pas de sa faute si ce soir-là tout a tourné court. Il n'était pas présent, mais l'annonce a fait du mal à son fils qui était ami avec. Alors que son couple bat de l'aile, notre prof va mener une enquête qui risque de modifier sa perception des choses. Bélhazar, d'où vient ce prénom ? Le jeune homme l'a sur sa pièce d'identité pas de doute. Un jeune homme qui aimait la vie, surtout la nature, aimant les chemises à carreau de "grand-père", blanc comme un linge, il aime sa vie comme elle est : sans faux-semblant, perturbant parfois les cours, voire un peu plus, ayant quelques amis triés sur le volet. Passionné d'armes, d'histoire Bélhazar est l'enfant qui était tellement attendu qu'il en est devenu un miracle. Ce miracle qui ne va durer que 18 ans et pourtant il avait une vie bien remplie. Au fil des pages, nous le découvrons sous la plume de Jérôme, dans les souvenirs de ses parents, tantes, amis, dans le regard du cercueil, de sa chambre qui n'a pas changé depuis qu'il a fermé les yeux. Ce suicide devant des flics alors que la balle est arrivé par derrière ? Des éléments incompréhensibles et des morts suspectes. Bélhazar aimait les armes, il en possédait même une au minimum, mais de là à vouloir en finir avec la vie pour un contrôle de police ? Et puis les flics qui racontent la même histoire, il a voulu fuir, pour terminer au sol et en finir avant d'aller en prison ? Mais pour quel crime ? Et si Bélhazar avait vraiment voulu en terminer ? Des éléments tendent vers cette fin prévue, alors qui croire, QUE croire au final ? Il y a tant de questions sans réponses qui restent et c'est en un sens dommage dans le sens où je m'attendais à en savoir plus à ce sujet. Mais ce n'est pas le cas, par contre nous en apprenons beaucoup sur l'entourage de ce jeune homme et de lui-même. Des ressentiments, des images restantes, des et si je n'avais pas fais ceci, mais plutôt cela ? Armelle, la mère ne veut absolument pas croire en la thèse du suicide, tandis que Yann le père ne dis rien. L'envie d'avoir un coupable et de ne pas rester dans le flou. Plus le prof avance, plus les peurs, les angoisses sont profondes : et s'il y avait quelque chose derrière qui faisait justement que personne ne saura la vérité et ne voulait pas la donner ? C'est dur d'imaginer son fils se donner la mort, c'est aussi dur de penser que la police l'aurait abattu. L'un comme l'autre est inacceptable et incompréhensible, alors la peur de ne pas comprendre, de ne pas trouver ou au contraire de voir la VERITE en face fait fuir. La mort fait peur, mais la vie ? Celle de Bélhazar reste parfois un mystère avec ses idées propres son haut potentiel qui le rend instable pour des cours traditionnels. Cette vie désirée, cette mort non voulue, les parents vont devoir faire avec une fois de plus. Ils l'ont voulu cet enfant qui a eu du mal à venir, ce miracle de la vie qu'on leur a repris trop tôt. Accepter ? Recommencer à vivre après cela ? Ce sont des étapes qui sont difficiles et semblent insurmontables au début. Mais où s'arrête de début ? Nous en apprenons beaucoup sur Bélhazar jusqu'à partir dans un soupçon de fantastique et là je me suis perdue telle Alice dans le terrier du lapin blanc. Je n'ai pas vraiment compris pourquoi le prof part ainsi, je ne l'ai pas compris. Un autre point m'a quelque peu bloqué, il s'agit de la seconde personne utilisée : le "TU". Dans le texte, nous suivons les actes et pensées du prof, mais par moment, de longs moments, il parle à Bélhazar, comme s'il se trouvait devant sa tombe et lui racontait ce qui se passe, lui posant des questions et bien d'autres encore. Je dois bien admettre que cela m'a perturbé, j'ai décroché de temps en temps malgré mon envie d'en savoir toujours plus. En conclusion, un récit qui nous emporte dans le quotidien d'un jeune homme à haut potentiel dont la vie s'est arrêtée brutalement, laissant derrière lui une famille qui n'arrive pas à comprendre ce qui s'est réellement produit. Un prof qui pensait ne pas être à la hauteur, mais au final il a réussi ce que bon nombre n'aurait jamais fait : laisser son regard tomber sur une famille qui en avait besoin et les aider à sa manière.
Extrait choisi :
« Je dois ressusciter un fait-divers, le ramener à la lumière, trouver sa vérité. Le combat contre la thèse du suicide a toujours été la cause commune entre les parents et moi. Ce livre doit détruire cette ignominie, cette double peine : Bélhazar n'a pas pu se donner la mort. Pas lui, pas le preux chevalier, pas le Regardeur de soleils. C'est une question de style. Et le style est plus infaillible que l'ADN. Il ne peut pas être Bélhazard et mourir ainsi. Il y va de l'honneur d'un jeune homme. Je suis là pour le défendre.
Mais voilà, la moindre de mes certitudes se fissure au contact des faits, et je ne peux passer sous silence, au motif que cela n'arrange pas les parents, les deux scènes qui vont suivre. »