La guerre des clans, cycle 5, tome 4 : L'étoile flamboyante - Erin Hunter

La guerre des clans, cycle 5, tome 4 : L'étoile flamboyante - Erin HunterLa Guerre des clans, Erin Hunter

Cycle 5, tome 4 : L’étoile flamboyante

 Editeur : Pocket Jeunesse (PKJ)

Nombre de pages : 303

Résumé : Après les combats, la terre où sont enracinés les quatre arbres est souillée par le sang. Tous les chats ont perdu des proches. Et si chaque clan a accepté une trêve, le danger n’est pas écarté pour autant car une maladie mortelle menace les deux camps. Les chats vont devoir s’unir pour trouver la seule chose qui pourra les sauver : la mystérieuse Étoile Flamboyante...

 

- Un petit extrait -

« – Qu'est-ce que ça te fait, d'être bientôt père ? le questionna-t-il.

Alors qu'il s'attendait à ce que Pic Crochu exprime son enthousiasme - et sa reconnaissance envers Houx, qui portait ses chatons -, sa réponse le surprit.

– J'ai aidé Houx à préparer notre nid. J'ai chassé plus encore pour lui rapporter davantage de gibier. Elle doit prendre des forces. Et je me suis entraîné, aussi... en veillant sur les petits de Queue de Tortue lorsqu'ils étaient tout jeunes.

Cet esprit pratique déconcerta Ciel Bleu.

– Mais que ressens-tu ? insista-t-il.

Pic Crochu hésita puis jeta un coup d'œil en arrière afin de s'assurer que Plume d'Éclair était trop loin pour l'entendre.

– J'ai le droit d'admettre que... je suis terrifié ? C'est bien la première fois que ça m'arrive !

Ciel Bleu pouffa, bientôt imité par son frère. »

- Mon avis sur le livre -

 Notre situation familiale étant assez complexe, notre déménagement lui-même a été plutôt atypique : plusieurs mois avant le « vrai » départ, mes parents ont déjà commencé à emmener régulièrement des dizaines et des dizaines de cartons dans notre maison neuve … Il s’agissait principalement de choses trop fragiles ou trop importantes à notre cœur pour que nous osions les confier aux déménageurs lors de « l’exode final ». Et ça peut paraitre idiot, mais mes livres ont fait partie de ces « convois exceptionnels » : lors d’un précédent déménagement, plusieurs cartons se sont égarés, parmi lesquels la grande moitié de ma collection Grand galop et d’autres livres de mon enfance, et j’avais donc vraiment peur que cela se reproduise ... C’est ainsi que, semaine après semaine, je vidais progressivement les étagères de mes bibliothèques et me séparais temporairement de certains de mes livres : je ne les retrouverai pas avant plusieurs mois, si ce n’était une année entière … Choisir lesquels partaient d’ores et déjà pour la Franche-Comté et lesquels restaient avec moi en Alsace n’a clairement pas été facile : difficile de savoir en avance ce que j’aurais envie de lire dans six ou sept mois ! Difficile également d’envoyer au loin sa saga préférée : je l’avoue, j’ai mis longtemps avant de glisser La guerre des clans dans les cartons, je les ai gardé auprès de moi aussi longtemps que je le pouvais, et pour tout vous dire, je les ai finalement mis dans un carton de couleur pour pouvoir les retrouver le plus facilement possible !

Après le départ des chats-esprits descendus des étoiles, les survivants de la première bataille se retrouvent dans la clairière des quatre chênes, baignée de sang et de peine. D’une façon ou d’une autre, chaque chat a perdu un être qui lui était cher dans ce combat, et tous ne demandent qu’une seule et unique chose : qu’une telle folie ne se reproduise plus jamais. Suivant les conseils des esprits de leurs proches et amis – « unissez-vous ou mourrez » –, tous les chats acceptent de coopérer sans conflit et de se porter mutuellement secours, qu’ils aient choisis de vivre dans la lande ou dans la forêt, et chacun sera libre d’aller là où il désire habiter. Mais de nouveaux dangers menacent déjà cette paix encore fragile : une maladie inconnue et meurtrière s’abat sur les deux campements, tandis qu’un chat tyrannique commence à semer la zizanie en s’appropriant le pouvoir … Parviendront-ils vraiment à œuvrer patte dans la patte pour lutter contre ces deux fléaux, ou bien la peur va-t-elle raviver les rancœurs sous-jacentes et les manques de confiance ? Tandis que les dangers se multiplient et que les deux groupes de chats s’efforcent d’y faire face, Gris Poil ne cesse de se demander ce que les chats-esprits ont bien voulu leur dire en leur déclarant que « pour survivre, vous devez croitre et vous déployer comme l’Etoile Flamboyante », cette fleur à cinq pétales qui semble être le remède à la terrifiante épidémie qui sévie …

Nous retrouvons nos chats là où nous les avions laissés : sur le champ de bataille, désemparés face au carnage, dévastés par la mort de leur compagnie, ahuris suite à l’apparition des chats-esprits qui leur ont intimé de rester unis pour survivre. Il y a quelques heures encore, aveuglés par la peur, la haine, le mépris et les rancunes, ils ne pensaient qu’à se battre, qu’à écraser leur adversaire afin d’assouvir leur soif de vengeance ou d’assoir leur supériorité … Mais désormais, entourés des cadavres encore sanglants de leur frère, de leur amie, ils ont tous unis par la même pensée : une telle abomination ne doit plus jamais avoir lieu. Le sang ne doit plus jamais couler pour des questions de territoire ou de gibier : qu’ils préfèrent vivre sous le couvert de la forêt ou à l’orée de la lande, tous les chats doivent s’entraider et vivre en bonne intelligence. « Plus jamais ça, plus jamais ça ! » scandent-ils : un slogan qui n’est pas sans rappeler celui des mouvements pacifistes et antimilitaristes suite à la Première Guerre mondiale … et ce seul rapprochement nous fait craindre pour la suite, car nous savons bien ce qui est arrivé par la suite chez nous autres humains, et nous nous doutons malheureusement qu’il en sera de même pour ces braves chats, pleins de bonne volonté mais bien trop fragiles pour que la paix puisse durer bien longtemps …

Comme toujours dans la saga, à la grande histoire de tous les chats s’entremêlent les petites histoires personnelles de nos héros. D’un côté, nous avons Ciel Bleu, qui prend conscience de la folie de ses actes passés, qui traine désormais derrière lui le boulet de la culpabilité : il sait qu’il est l’unique vrai responsable de ce carnage, de ces morts, de ces souffrances. Nous nous rendons désormais compte que Ciel Bleu n’est pas un tyran sans cœur, simplement un chat qui tentait de supporter des responsabilités bien trop lourdes pour lui et qui n’a pas su comment les assumer. Maintenant, c’est un chat brisé par ses erreurs et qui tente de se racheter, qui tente de devenir meilleur, parce que les siens comptent encore sur lui … De l’autre, nous avons Gris Poil, épuisé par la maladie et par la peine, qui ne demande rien de plus que de laisser derrière lui son statut de chef pour pouvoir pleurer sa compagne en paix. On pourrait le taxer d’égoïste, lorsqu’il « fuit » ses responsabilités pour aller se reposer à l’écart, mais on sait bien qu’il a déjà tout donné pour les autres, on sent bien qu’il faut aussi qu’il prenne un peu soin de lui : c’est bien beau, de prendre soin des autres, mais si on ne se préserve pas un peu, on ne sera de toute façon plus d’aucune utilité. Et puis, nous le sentons : Gris Poil doit doucement s’éclipser pour laisser la vedette à d’autres, à ceux qui porteront sur leurs épaules l’avenir de tous ces chats …

Car au fur et à mesure que nous progressons, ce cycle porte de mieux en mieux son nom : oui, l’aube des Clans est toute proche. Elle semble même imminente : déjà des chats-esprits descendent des étoiles et s’immiscent dans les rêves des vivants pour les guider … mais sans leur ôter leur libre arbitre. Car ils ne leur disent pas clairement ce qu’ils doivent faire, c’est à eux de prendre eux-mêmes les décisions qui s’imposent, à eux de parvenir aux bonnes conclusions, à eux de prendre leurs responsabilités. A eux de se tromper pour apprendre de leurs erreurs, aussi. Tout comme Ciel Bleu, on aimerait bien souvent n’avoir qu’à exécuter les ordres, on aimerait bien que d’autres prennent toutes les décisions à notre place, plutôt que de prendre le risque de faire le mauvais choix : c’est bien plus facile de se décharger sur quelqu’un d’autre que d’assumer pleinement nos décisions … Mais ceux qui vont, dans un avenir qui semble de plus en plus proche, prendre la tête des cinq groupes, des cinq Clans, doivent apprendre à ne pas se défiler, à ne pas louvoyer pour éviter d’avoir à choisir non seulement pour eux mais aussi pour tous ceux qui comptent sur eux … Ils doivent apprendre à devenir des chefs, à la fois fermes mais ouverts aux conseils, aux demandes et aux critiques, à la fois forts et capables de faire preuve de douceur, d’empathie et de délicatesse. Leur apprentissage ne fait encore que commencer ….

En bref, vous l’aurez bien compris, le bilan est toujours le même : c’est vraiment un pur régal ! Moi qui craignais de ne pas m’attacher à ces nouveaux héros, je les apprécie de plus en plus, et je pense même que je serai drôlement triste à la fin du cycle, lorsque cette excursion dans le passé sera achevée : on vient à peine de les rencontrer qu’il va déjà falloir les quitter ! De même, moi qui doutais de trouver un quelconque intérêt à la genèse des Clans, je trouve que c’est vraiment fascinant et passionnant de découvrir comment les Clans sont nés, quel a été le cheminement qui a conduit ces chats à se scinder en cinq groupes éparpillés un peu partout dans la forêt et ses environs. C’est d’autant plus intéressant qu’on commence d’ores et déjà à distinguer les prémisses de ce que seront les alliances et les antagonismes entre les Clans bien des générations plus tard, comme si les sympathies et les rancœurs trouvaient leur origine dès les premiers temps et se transmettaient de génération en génération, héritage collectif dont nul ne se souviendra plus l’origine … Une chose est sûre et certaine : les quatre derniers mots de ce tome sont assurément les plus importants de toute l’histoire des Clans. Car si les cinq interlocuteurs de Gris Poil sont pendus à ses lèvres en se demandant qu’elle est cette « petite idée », nous, nous savons parfaitement ce qu’il en est. Et on trépigne vraiment d’impatience, car c’est vraiment un cliffhanger effroyable : arrêter le livre au beau milieu de LA conversation la plus importante qui soit, que c’est horrible !