Après avoir traversé la Méditerranée, Issa trouve refuge dans une région du sud de l'Italie, dans l'espoir de trouver un travail qui lui permette d'aider sa famille restée au Burkina Faso. Lassé par la complexité et la lenteur administrative de la bureaucratie, Issa désespère d'obtenir une réponse positive à sa demande d'asile et décide de quitter le centre d'accueil qui l'a hébergé pour tenter sa chance à Naples. Au fil de ses rencontres, il enchaine divers travaux dans les champs et se retrouve confronté à la réalité de l'agriculture intensive: travail illégal, précarité, absence de protection sociale, et bien pire.
L'auteur prête sa plume à Issa, un immigré clandestin burkinabé qui décide de tenter sa chance en Italie, espérant y trouver une source de revenus pour aider les siens restés au pays. L'Europe représente pour lui un doux rêve, peut-être celui de venir un jour y vivre avec la famille qu'il souhaite fonder avec Aida sa promise... Chacune des rencontres que fait Issa au long de son périple sont l'occasion pour lui de se confier sur sa propre vie, son enfance, sa famille, ses espoirs et ses projets mais aussi sur ses impressions dans ce pays étranger où l'on pratique l'agriculture intensive, au mépris des conditions de travail d'une main d'œuvre illégale. Issa fera quelques belles rencontres mais croisera surtout la route de " caporali ", des rabatteurs qui s'enrichissent sur le dos des migrants, leur proposant un " travail " qui se révèle être de la pure exploitation, une sorte d'esclavagisme moderne de masse. Démunis, sans protection sociale, ils sont la proie idéale de mafieux, prêts à tout pour faire régner la loi du silence, la soumission auprès d'une population prise dans un cercle vicieux.
Peu importe nos opinions sur l'épineuse question de l'immigration, on ne peut pas rester insensible au sort d'Issa, ce personnage courageux et altruiste, qui relate son périple dans un pays étranger au sien où il sera durement exploité. L'auteur, M.A Frébutte est géographe, spécialiste des phénomènes migratoires et des politiques européennes, La Tarentelle noire est son premier roman. Il parvient dans un style simple qui laisse passer beaucoup d'émotion, à dénoncer l'injustice subie par Issa, à l'instar de nombreux immigrés clandestins venus d'Afrique. Lire ce roman c'est ouvrir les yeux sur l'impact du capitalisme sur les petits producteurs, le constat est juste et douloureux, les dérives sont habilement dénoncées par de nombreux exemples réalistes. En dépit de certains passages dont le style journalistique convient assez peu à ce type de récit personnel, ce roman est pour moi un véritable coup de coeur, par les sujets abordés. Une nouvelle fois, et pourtant toujours à ma grande surprise, je me passionne pour un roman où la fiction rejoint la réalité pour en révéler les pires travers. Je remercie les Editions de La Rémanence pour cette lecture , ainsi que le site Babelio de m'avoir offert ce roman lors d'une Masse critique Littératures.