Au début, j’avoue, je n’ai pas trop compris où Yaël Hassan voulait m’emmener. Un roman sur les discriminations raciales ? Sur les violences policières ? Sur un parallèle entre l’Amérique des années 60 et la France d’aujourd’hui ? Je me suis demandé à quel moment Junior allait être confronté au racisme. Directement je veux dire. J’ai attendu le drame, ce moment de tension, cet événement révoltant où le collégien allait affronter lui-même l’insupportable. Et en fait pas du tout. C’est bien plus subtil, c’est bien plus fin.
Junior est la colonne vertébrale d’un récit aux multiples entrées. Qui parle de discrimination bien sûr, mais pas que. De communautarisme aussi, du vivre ensemble, des préjugés, des relations entre collégiens, des différences de point de vue parents/enfants et même d’amour. C’est à travers le jeune garçon que sont abordées ces thématiques, directement ou indirectement. Yaël Hassan fait preuve de pédagogie sans lourdeur, elle montre avec beaucoup de finesse que les choses ne sont jamais toutes blanches ou toutes noires (sans mauvais jeu de mot). Le propos est instructif sans être rasoir car au-delà des nombreux sujets évoqués, on reste touché par ces portraits d’ados croqués avec tant de justesse, des ados loin des clichés qui s’interrogent finalement avec beaucoup de subtilité sur le monde qui les entoure.
Un roman parfaitement dans l’air du temps, instructif et plaisant, dont les personnages attachants en diable raviront à coup sûr les jeunes lecteurs qui auront la chance de les rencontrer.
Poing levé de Yaël Hassan. Le Muscadier, 2021. 168 pages. 13,50 euros. A partir de 12 ans.