Blizzard aurait aussi bien pu s’appeler Brouillard dans la mesure où le lecteur traverse un écran de fumée pendant les trois quarts du livre. Une construction maîtrisée par une auteure qui n’en est pourtant qu’à son coup d’essai !
Entourer chaque personnage d’une aura de mystère pour créer une parfaite opacité dans l’esprit du lecteur a été un parti pris très habile de la part de l’auteure. Si j’en avais le temps, je relirais ce roman dans la foulée pour identifier tous ces petits détails qui m’ont échappé la première fois et qui auraient dû me mettre la puce à l’oreille.
Ce roman choral offre une réelle montée en puissance jusqu’au final qui dissipe tout malentendu. J’ai beaucoup aimé la fin, moins le début du fait justement de ces questions multiples qui entouraient chaque personnage. Je me suis certainement montrée trop impatiente parfois, en voulant à tout prix connaître l’issue de ce roman sans prendre le temps de savourer son ambiance.
L’espoir trompe autant qu’il fait vivre, c’est ce que me répétait Bess et elle avait l’air de s’y connaître en espoirs déçus.
Si j’avais un conseil à donner aux futurs lecteurs de Blizzard ça serait celui-ci : prenez le temps, lisez chaque page en pleine conscience, savourez, vous finirez par comprendre, n’ayez crainte.
Comme son titre peut le laisser deviner, c’est un roman fait pour les soirées d’hiver lorsque l’on est confortablement installé au coin du feu. Vous apprécierez d’autant mieux cette douce chaleur anesthésiante que vous suivrez le cheminement dans la neige et le blizzard des personnages sortis tout droit de l’imagination de Marie Vingtras. Pendant qu’eux se battront pour survivre dans cet environnement hostile et pour ramener l’enfant disparu, vous ressentirez le froid mordant par procuration.
Ce huis clos pesant n’est pas sans rappeler l’ambiance du magistral Esprit d’hiver de Laura Kasischke et comme ce dernier, tout s’éclaire sur la fin, laissant l’impression que l’on s’est bien fait avoir par l’auteure. Si vous ne les avez pas déjà lus l’un et l’autre, vous voilà avec un joli programme de lecture pour la fin d’année, peut-être pas le plus gai qui soit mais certainement l’un des plus marquants.
L’ESSENTIEL
Blizzard
Marie VINGTRAS
Editions L’Olivier
Sorti le 26/08/2021 en GF
192 pages
Genre : roman contemporain
Personnages : Bess, Benedict, Thomas, Freeman, Cole et Clifford
Plaisir de lecture :
Recommandation : oui
Lectures complémentaires : Esprit d’hiver de Laura Kasischke, Le sang des Belasko de Chrystel Duchamp, Pour seul refuge de Vincent Ortis
RÉSUMÉ DE L’ÉDITEUR
Au coeur de la tempête, un jeune garçon disparaît. Il n’aura fallu que quelques secondes, le temps de refaire ses lacets, pour que Bess lâche la main de l’enfant et le perde de vue. Elle se lance à sa recherche, suivie de près par les rares habitants de ce bout du monde. Une course effrénée contre la mort s’engage alors, où la destinée de chacun, face aux éléments, se dévoile.
Avec ce huis clos en pleine nature, Marie Vingtras, d’une écriture incisive, s’attache à l’intimité de ses personnages et, tout en finesse, révèle les tourments de leur âme.
TOUJOURS PAS CONVAINCU ?
3 raisons de lire Blizzard
- Pour son atmosphère qui devient de plus en plus oppressante
- Pour sa construction sous forme de roman choral qui tient en haleine
- Pour les révélations à la hauteur de l’attente
3 raisons de ne pas lire Blizzard
- La construction est compliquée, il faut persévérer
- On évolue longtemps avec l’esprit embrouillé, on manque forcément des choses
- A la fin, on a un goût de trop peu (ce qui est bon signe !)
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