Venom let there be carnage : tout simplement mauvais

VENOM LET THERE BE CARNAGE : TOUT SIMPLEMENT MAUVAIS
L'aventure de Venom sur grand écran nait probablement d'un équivoque qu'il est désormais trop tard pour corriger. L'existence même du personnage est due à Spider-Man; la rivalité, le ressenti qu'Eddie Brock éprouve envers Peter Parker sont le moteur de l'action, ce qui permet de crédibiliser la fusion entre un ancien journaliste et un symbiote extraterrestre, et les motivations qui vont suivre. Le grand problème au cinéma, c'est qu'il est impossible de mettre dans le même film (pour l'instant) Venom et le Tisseur. Question de droits, de division des personnages entre différents studios, bref les conséquences, il y a maintenant de nombreuses années de cela, de la revente en petits bouts du catalogue de la maison des idées, qui au départ n'était pas franchement convaincu de la réussite du projet cinématographique. Aujourd'hui on s'empresse de remettre toutes les billes dans le même sac, mais il est trop tard, certaines trouvailles n'étaient franchement pas bonnes, voir incongrues, et Venom fait particulièrement les frais de ces décisions hasardeuses. Ici nous nous retrouvons avec un second film tout aussi bancal que le premier. Tout d'abord bien difficile de cerner le ton. Si Venom est un personnage horrifique, qui passe son temps à demander à son hôte humain de dévorer de la cervelle, comme nous autres souhaitons ingurgiter un bout de pizza, l'échange prend surtout des allures de comédie. Le spectateur est assommé par une sorte de bromance humoristique entre le journaliste et la créature, à coup de blagues éculées ou d'interventions en complet décalage par rapport à ce qui serait attendu. Certes, cela peut fonctionner et parfois ça fait sourire, mais il y a une telle profusion, une telle insistance lourdingue qu'au bout du compte on finit par se lasser et trouver cela embarrassant. D'ailleurs Tom Hardy est très loin d'offrir là sa meilleure interprétation et probablement n'est-il impliqué dans le projet Venom que pour récupérer un cachet conséquent. Ce second volet souffre également d'une écriture clairement défaillante. Si on pouvait se réjouir à l'idée de retrouver un Cletus Kasady aussi
psychotique et dingue que dans les comics, et qui peut se targuer d'une vraie ressemblance physique, on est déconcerté par l'idée même qui traverse le film. Quelles sont ses véritables motivations? Un drame familial, une enfance totalement hiératique, expliquée de manière lourde et didactique au début du film, et puis plus grand-chose? Le voici en prison, dans le couloir de la mort, avec apparemment une seule idée en tête, se faire un ami de Brock. Pourquoi? Mystère, c'est ainsi. De même l'histoire sentimentale avec Shriek, la seule qui avait vu en lui un peu de potentiel quand il était encore gamin, n'offre absolument rien d'intéressant à se mettre sous la dent. Naomie Harris est particulièrement mauvaise dans ce rôle et le personnage n'offre rien en définitive, si ce n'est quelques cris de-ci de-là, dont on devine dès le départ qu'ils seront le talon d'achille de Carnage, qui est sensible à ce type de manifestation sonore. Aucune inspiration, aucun souffle, Let there be Carnage déroule en mode pilotage automatique, vers le grand mur du fond, qui se rapproche. VENOM LET THERE BE CARNAGE : TOUT SIMPLEMENT MAUVAIS
Une des idées de ce film était de placer Woody Harrelson dans le rôle du grand méchant, et de capitaliser sur la carrière de l'acteur, mais le bon vieux Woody pense avant tout à cabotiner, à s'amuser comme il le peut, sans atteindre les sommets de fureur froide qu'il était légitime d'attendre. Carnage semble surpuissant, surdimensionné, au point même que Venom hésite à s'y frotter, et puis finalement non, une fois dans le feu de la bataille, ça passe, et le terrible psychopathe n'est qu'un symbiote de plus, avec des faiblesses pathétiques (l'amour...) et consubstantielles (les ondes sonores, ce qui donne l'opportunité ici de rejouer une des scènes célèbres de Amazing Spider-Man, avec la grande cloche de l'église). En réalité Let there be Carnage déroule sa trame sans jamais dévier, sans audace, sans coup de théâtre. Cletus et Eddie se rencontrent, échangent, Eddie et son symbiote se disputent comme un vieux couple et sont prétexte à de nombreux gags éculés, Eddie regrette son amour perdu qui a refait sa vie, Carnage arrive et tout le monde tape sur tout le monde. Point final. Et ça fait léger, résumé ainsi. 1 heure 28 (si on met de côté les crédits qui défilent interminablement) c'est assez peu, selon les standards modernes, et on ne s'en plaindra pas, tant il est clair, au bout d'un quart d'heure, qu'il ne faut rien espérer de passionnant d'un long métrage sans âme. Mêmes les clins d'œil aux comics, ou les pistes futures à explorer sont amenés comme le fromage en plein bœuf bourguignon. C'est ainsi qu'on comprend que Toxin sera le prochain symbiote à faire son apparition, mais c'est juste ébauché, le novice n'a pas la moindre chance de saisir quoi que ce soit, et c'est aussi vite vu, aussi vite oublié. Reste donc, comme seule et possible consolation, la scène post générique, qui sert de pont (allez, on ne spoile rien, tout le monde en parle depuis des jours, et il n'est pas encore trop tard pour abandonner la lecture de cet article, le cas échéant) entre les élucubrations de Andy Serkis et son Venom bâclé, et le prochain Spider-Man No way home, et le concept du multivers, qui ouvre grand la porte au meilleur et au pire, c'est à dire à la liberté de raconter tout et son contraire, selon l'envie du moment. Vous vous creusiez la tête pour savoir comment faire se rencontrer Venom et Spider-Man? Ne cherchez plus, la ficelle est grosse comme un câble d'amarrage, et votre patience va être récompensée. Pourquoi se casser la tête quand d'un coup de baguette magique, tout peut apparaître. Bref, partant de ce postulat, on peut aussi tirer un trait définitif sur cette double expérience vénomesque catastrophique, et voir ce que donnera le symbiote dans un tout autre contexte, et espérons le, avec un tout autre esprit.VENOM LET THERE BE CARNAGE : TOUT SIMPLEMENT MAUVAIS