Auteur : Shifrinne
Paru le : 20 Aout 2021
330 pages
Thème : Contemporain
disponible sur le site de l'éditeur
et sur Amazon
Ma note : 18/20
Résumé
« Stéphane appartient à la famille du caïd Lapaz et gère ses clubs de nuit à Paris. Au cœur des trafics et des décisions les plus secrètes de la famille, le système rapporte des millions : machines à sous, rackets, cocaïne. Les règlements de comptes sont monnaie courante, et chacun est en danger. Dans un univers où les alliances se font et se défont au rythme des meurtres, il devra survivre dans ce qui deviendra la plus sanglante guerre des clans que le milieu du grand banditisme n’ait jamais connue. » Ma chronique
Je remercie la maison d'éditions Evidence ainsi que Jennifer pour l'envoi de ce livre.
Une couverture qui donne déjà le ton et un résumé qui nous met dans l'ambiance. Le strass et paillette des caïds ? Oubliez tout cela, l'auteur nous plonge dans les coulisses des trafics, derrière les portes qui se referment sur le glamour et le fric à profusion. Derrière le palace, il y a des hommes et des femmes qui vivent dans la peur perpétuelle de se faire tuer. Vous pensez que j’exagère ? Si peu, si peu. Il suffit d'un grain de poussière pour qu'un parfait rouage se bloque et démontre que l'humain n'est que avidité. Tout ça pour de l'argent, parce qu'il n'y a rien d'autres. Les trafics en tout genre y vont bon train, l'argent est brassé, récupéré de manière professionnelle bien entendu (vous le voyez mon œil ?) Et le moindre obstacle est vite balayé d'une balle, surtout s'il n'y a pas de gilet pour se protéger. J'avais vraiment hâte de découvrir cette histoire et je n'en suis pas déçue, bien au contraire. L'univers de Stéphane est peuplé de créatures de rêves, de boites de nuit, de restaurant qui servent de couvertures, d'argent facile, de belles voitures... Le luxe à portée de main si cette dernière est toujours prête à dégainer. Parce que c'est là que l'auteur nous entraîne, dans l'ombre de ce luxe que beaucoup aimerait obtenir pensant que c'est facile d'être à la tête d'un clan. Il vaut mieux regarder derrière soi afin de vérifier que son garde du corps est toujours dans votre camp et prêt à vendre chèrement sa peau pour le protéger. Il suffit d'un maillon faible pour pénétrer dans un rouage qui semblait si bon, et ainsi l'hécatombe est prête à devenir plus que sanglante. Stéphane est le bras droit de son propre père, un homme qui a vieillit, mais qui est resté juste dans ses choix. Dur en affaires, David ne cache rien, ni sa méfiance envers certains de ses membres (je sais cela fait un peu secte), ni sa manière de trouver des moyens pour créer des alliances, qu'il soit heureux de les avoir ou non. Alors qu'un homme s'échappe d'une prison de manière peu gracieuse : comprenez par là destruction massive d'un mur de la prison, attaque par arme, mort d'un garde, une routine en somme. Ce Paul est de la pire espèce avec une envie de dézinguer tout le monde afin d'asseoir son pouvoir sur les plus grandes villes et accessoirement plus s'il le peut. Sa soif de tout avoir sous le pied est si grande qu'il fait même peur à certains de ces lieutenants et partenaires. Une peur supplémentaire qui ne cesse d'augmenter dès que le piège se met en place. Trahisons en tout genre, mauvaises actions dans un monde qui n'a que ces propres codes et règles à respecter, même la police ne fait quasiment rien. Elle a besoin de preuves et tout ce qui est indirect ne fonctionne pas. Les doutes du commandant Borel ne font pas le poids pourtant ce n'est pas faute d'aller les voir régulièrement en laissant des sous-entendu planer entre eux tous. Le blanchiment d'argent, vente de drogue, prostitution, arnaque aux assurances, tout y passe et bien entendu les armes sont lourdes, pas de simples pistolets, même s'il y en a dans certains pantalons. Vouloir la place d'un chef ? C'est le début d'une guerre sans merci et cela arrange les affaires de la police qui voit d'un bon œil les cadavres des clans les uns après les autres. À défaut de les mettre en prison, la morgue est aussi bien. Bref, tout cela pour dire que la guerre est déclarée et tous les coups sont permis ! Meurtres ? La routine, Enlèvement ? Facile ! Cacher des corps ? Une broutille ! Cette guerre de territoire est passionnante et fait froid dans le dos. C'est ce que j'imaginais déjà en lisant la face non cachée de ce type d'histoire, alors en lisant ce récit, il est certain que derrière les paillettes se trouve la mort. Pour accéder à ce niveau, il faut écraser des mains, marcher sur des cadavres et rester inaccessible en gardant une poignée d'hommes autour de soi. Malgré cela, le grain de sable s'immisce dans certains esprits et les revirements de situations ou de camps ne s'arrêtent pas. C'est la peur qui les tenaille tous. Une peur de mourir, de ne plus avoir sa place, de tuer pour la première fois. Une peur de perdre son essentiel, de perdre l'autre, de voir mourir sous ses yeux un père, un frère, un ami aussi. Une peur qui est partout, dans les gestes les pensées, les actes de chacun. S'il n'y a pas de peur, c'est de la folie pure dans les yeux qui se reflètent dans l'autre. Le danger guette, le danger rôde, le danger n'est plus dans l'ombre, il s'affiche dans la moindre parcelle de lumière. Dormir devient dangereux, faire confiance c'est surfait ! Un rythme plus que soutenu sur des personnages qui voient leur monde s'effondrer. Et puis il y a ce moment où certains personnages décident de mener cette guerre, de détruire tout ce qu'ils ont connu pour tenter de survivre. Et il faut bien comprendre que cette peur présente devient autre chose : une arme ! La vie vaut la peine d'être vécue si et seulement si tout s'arrête, mais pour cela il faut se battre. C'est ce que Stéphane décide de faire en compagnie de Goran. Le fauve compte bien montrer sa puissance et fera tout ce qu'il faut pour les écraser tous. Beaucoup de personnages arrivent et il vaut mieux ne pas trop tenter de s'attacher à l'un d'entre eux, parce que certains ne font que passer pour terminer sur la table froide. Beaucoup de scènes d'actions où le sang coule, gicle aussi (une balle ne fait pas que du bien !) des événements qui se suivent sans que nous ne sachions ce qui va vraiment se passer. Je me suis demandée à plusieurs reprises si l'auteur n'était pas l'un des survivants de ce récit tant certains faits m'ont parus réels. Toujours est-il que cela donne une sensation de vécu qui fait froid dans le dos. Seul petit bémol, je n'imaginais pas cette fin, mais c'est peut-être le début d'une série, qui sait ? Le fait d'être derrière chacun des personnages donnent plus de mouvements et plus de pensées. C'est là que nous comprenons toute la subtilité et le machiavélisme de certains protagonistes. En conclusion, Gangster, l'envers du décor pourrait être un récit réel. De nombreuses actions, un polar haletant qui nous entraîne de l'autre côté du miroir, derrière la porte brillante de l'argent qui coule à flot. Ce maintien de vie est dangereux et il vaut mieux être sur ses gardes si l'on choisit cette voie. Une machination qui est en marche et qui ne s'arrêtera pas si facilement. Un conseil : évitez de mettre le pied dedans si vous tenez à la vie.Extrait choisi :
« Dans le bureau du restaurant La Prétoria, David, assis dans le fauteuil noir, se tenait le front, accoudé au bureau en bois. Ses yeux se perdaient dans les tableaux accrochés au mur. Stéphane cessa de marcher de long en large et sortit une cigarette. Il venait de faire écouter son enregistrement à son boss. David se rappelait la partie de poker chez Kamel, la voiture qui brûlait, cette menace qu'il avait sous-estimée. À l'annonce du meurtre d'Assouni, il avait pensé que c'était peut-être une équipe ambitieuse venue des cités, une criminalité émergente, très violente. Il aurait été possible d'identifier le leader et de l'abattre, mais ce n'était pas du tout le cas. La situation, dans l'hypothèse d'une vengeance, était beaucoup plus délicate. Marcaggi était vicieux, son clan redoutable, sans pitié. Garnier, le vieux marseillais, marchait pour lui, ses hommes étaient donc une réserve de soldats pour le caïd corse. S'attaquer au nouveau boss de Lyon, Ange Solacaro, entraînerait la "famille" des Parisiens dans une guerre sanglante.»