Auteur : Con Riley
Éditions : Juno Publishing
Paru le : 20 aout 2021
469 pages
Thème : Contemporain
Fait partie de la série
disponible sur le site de l'éditeur
et sur Amazon
Ma note : 18/20
Résumé
« Un an après la mort soudaine de Ben, son partenaire de longue date, Theo Anderson est toujours en deuil. La dernière chose qu’il recherche est un nouvel amant, mais comme Theo le découvre, la vie réserve parfois bien des surprises.La force de son attirance pour Peter, un membre de son club de sports, est surprenante. Tout comme la fascination qu’il éprouve pour Morgan, le nouvel ami qu’il s’est fait en ligne. Morgan est vif et passionné sur le forum Internet qu’ils fréquentent, tandis que Peter, un ambulancier, est physiquement présent d’une manière qu’il est difficile d’ignorer.
Les deux hommes mènent à leur façon Theo vers l’acceptation : il doit oublier le souvenir de Ben s’il veut prendre un nouveau départ avec un nouvel amant.
Mais être honnête sur les raisons qui l’ont poussé à s’isoler pendant si longtemps signifie qu’il doit affronter celle pour laquelle il a perdu Ben… Lorsqu’il s’apprête à s’engager, Theo découvre qu’il n’est pas le seul à être hanté par le passé. Que ce soit avec Peter ou avec Morgan, choisir d’aimer à nouveau ne sera peut-être pas le défi le plus difficile pour Theo. »
Ma chronique
Je remercie Maiwenn ainsi que la maison d'éditions Juno Publishing pour cette lecture.
Je pense que c'est la première fois où j'ai eu les larmes aux yeux durant quasiment tout le livre. Ceux et celles qui me connaissent savent qu'il en faut pour ressentir ce type d'émotions : l'envie de pleurer à chaque instant. Après Ben est un récit sur le deuil. Ceux qui restent, celui qui est resté ne sait plus avancer, comme avant. Avant la mort de son compagnon Ben, un homme jovial, passant sa vie a admirer les choses, à chercher à comprendre d'où vient tel ou tel objet, à discuter avec le vendeur afin d'en savoir plus sur cette vie qui a imprégné les gens autour. Ben était un homme admirable qui aimait la vie, la croquait à pleines dents jusqu'à sa fin tragique. Cette fin qui a descendu plus bas que terre Theo, la quarantaine, un homme plus terre à terre, mais qui a perdu son nord, son sud, son est et son ouest. Sa vie n'est plus que le boulot, boulot, boulot, un peu de sport pour s'abrutir tous les matins afin de déverser sa rancoeur, sa colère, sa tristesse et puis ce forum où il peut lâcher ce qu'il veut sur tout et rien. Theo ne vit plus, il survit comme il peut, laissant tout le monde au pas de sa porte. Ses amis ? Il ne peut plus les voir, parce qu'il ne veut pas les voir, pourtant ils sont toujours présents autrement : vive les mails même sans réponse. C'est à ça que l'on reconnait les vrais amis. Son travail ? Plus rien ne va, il doit trancher dans le vif, se défaire de collaborateurs qui lui ont tout appris pour être où il en est. Plus rien ne va, plus rien ne semble le retenir dans cette vie où il est terriblement seul. Il l'a voulu cette solitude, pourtant un jour ou plutôt un matin, à la salle de sport, quelque chose va se produire, il va répondre à un sourire. Serait-ce le début d'une nouvelle vie qui s'ouvre à lui ? Cela fait un an qu'il est ainsi, qu'il ne fait attention à personne, qu'il n'arrive pas à surmonter son deuil. Avec Ben, ce sont 15 années de bonheur, avec des hauts et des bas, mais toujours cet amour absolu entre eux. Après 15 années, comment recommencer à faire surface et surtout la question se pose de l'oubli. Il est impossible d'oublier ce Ben, que j'aurai adoré connaître et penser que Theo pourrait peut-être passer à autre chose semble impensable pour lui. C'est un récit sur la reconstruction après une perte tragique. Le deuil n'a pas de date limite, pas de date butoir pour dire, allez maintenant cela fait 6 mois, on tire un trait et on recommence. Le deuil se fait comme il doit se faire, parfois il faut beaucoup de temps, à d'autre non, c'est ainsi et il faut bien admettre que par moment le deuil ne se termine jamais. Nous ressentons très bien ce qui étreint le cœur de Theo, ce qui l'a fait vibrer, ce qui le laisse tel un zombie depuis des mois. Sans Maggie, son assistante, il serait probablement aux côtés de Ben, amis ce dernier l'aurait assurément renvoyé sur terre par un grand coup de pied bien placé. Si le cœur et l'esprit de Theo refuse tout contact humain, toute tentative de séduction envers sa personne, tout ce qui se rapproche d'un échange autre qu'avec des personnes qu'il connait, ce qui restreint énormément la donne. Et puis cette fois où il va répondre à un salut, faire autre chose que courir et parler à un autre être humain qui semble intéressé par lui va lui ouvrir les yeux. Ô ne pensez pas qu'il va foncer droit dans les bras de Peter, et recommencer en un clin d'oeil, non. Cela prend du temps pour lui d'accepter de s'ouvrir à quelqu'un d'autre. Accepter de s'ouvrir est un nouveau pas qu'il fait timidement. Ben sera toujours en lui, à lui, pour autant il se pourrait que Theo comprenne que sa vie ne s'arrête pas avec le décès de son compagnon. Le plus difficile est pour ceux qui restent et l'auteur a su le décrire parfaitement. Ce deuil qui nous tenaille qu'il revient en mémoire violemment, les années passent, pour autant nous n'oublions pas, nous avançons tout simplement. Si Peter est bien en chair et en os devant Theo, Morgan existe aussi, sur le forum, virtuellement, mais il sait parler. Les échanges entre les deux hommes restent du domaine du virtuel et il est difficile de savoir qui est vraiment Morgan, aussi bien son âge, que sa véritable identité. Et si c'était un psychopathe ? Et si tout était faux ? Cette relation virtuelle chamboule les esprits aussi bien dans le bon comme dans le mauvais sens. Et si tout n'était qu'un rêve ? C'est le seul point qui pourrait me faire tiquer, à propos du virtuel, c'est à cause de ce point que le livre n'est pas passé en coup de cœur, pour des raisons personnelles, après le récit est à faire pleurer, il vaut mieux prévoir les mouchoirs ! Chaque personnage est travaillé, avec le travail de Peter et sa passion qui le caractérise. C'est un homme intègre, droit qui sait ce qu'il veut, mais qui ne force pas. Morgan qui est vif, virulent, taquin dans ses propos et son passé qui se dévoile petit à petit (j'aurais adoré en savoir encore plus sur lui, même si les doutes sont bien présents). Theo et Ben, Theo sans Ben, la famille de Ben que nous avons la chance de pouvoir côtoyer, tout comme les parents trop protecteur de Theo qui le voient encore comme un petit garçon. Des choix qui sont faits, qui ont fait du mal sans vraiment savoir pourquoi. Et puis Maggie et sa famille qui est un soutien infaillible, Evan, Joel et tous les autres qui gravitent autour de notre endeuillé qui lui ouvre les yeux lentement, mais surement. L'aspect de l'âge est également un thème qui revient à plusieurs reprises. Rien n'est simple dans cette histoire, ni la douleur qu'il faut gérer, ni les échanges qui peuvent faire du mal, ni l'amour naissant qui peut également apporter de la souffrance. Au début on se dit, plus de 400 pages sur le deuil, mais qu'est-ce que l'auteur eut bien nous raconter ? Et puis c'est déjà la fin et nous aimerions en avoir plus sur ces protagonistes qui semblent plus vrai que nature de part les émotions qui parcourent les pages. La conclusion ? Je pourrais en dire encore plus sur ce récit qui est poignant de part bien des aspects. Peut-être que je me ramollis, peut-être que l'auteur a su trouver la corde sensible qui ne cherchait qu'à ressortir, toujours est-il qu'il s'agit d'un livre qui viendra dans ma bibliothèque en papier dès que je le pourrais. Beaucoup de choses sont à découvrir, beaucoup d'émotions, d'événements. Un renouveau qui fait autant de bien que de mal, parce qu'il faut réussir à recommencer sans ressentir de culpabilité. Je ne sais pas ce que l'auteur a prévu pour les autres tomes, mais elle démarre fort avec Theo. J'ai hâte d'en savoir plus ! Merci pour cette magnifique lecture pleine d'émotions. N'oubliez pas les mouchoirs. À tous les Beniamino de Luca du monde !Extrait choisi :
« — Crois-moi, les gens font les choses les plus étranges, les plus incroyables de leur vie, quand ils sont au bord du gouffre. Cette période est terminée. Tu ne peux pas te juger éternellement pour ce qui s’est passé. Tu n’as pas demandé que ça t’arrive. Tu n’as rien demandé. Tu as juste géré ça du mieux que tu pouvais.
Il enroula ses bras autour du cou de Theo pour que ses derniers commentaires soient étouffés.
— On fait ce qu’on peut pour survivre, même si ça semble irrationnel pour les autres. Ce n’est pas quelque chose d’évident, comme des os cassés, qui prennent du temps à guérir.
— Je t’aime.
Theo ne put pas s’en empêcher. Les mots étaient sortis tous seuls, et ils étaient sincères. »