Auteur : Jewel E. Ann
Éditions : Juno Publishing
Paru le : 28 Octobre 2021
502 pages
Thème : Romance contemporaine
disponible sur le site de l'éditeur
et sur Amazon
Ma note : 16/20
Résumé
« Flint Hopkins a enfin trouvé la personne idéale pour louer le local au-dessus de son cabinet d’avocats de Minneapolis.
Toutes les cases sont cochées et vérifiées sur la demande d’Ellen. Ses références sont bonnes. Et elle est agréable à regarder.
Jusqu’à ce que…
Flint découvre qu’Ellen Rodgers, musicothérapeute diplômée, joue de la musique. Des bongos, des guitares, du chant – pas du Beethoven écouté dans un casque anti-bruit.
L’avocat sans pitié envoie alors un avis d’expulsion à cette rousse pétillante, trop sexy pour son propre bien, et qui ne cesse de fredonner.
Mais la chance est du côté d’Ellen lorsque Harrison, le fils autiste de Flint, se prend immédiatement d’affection pour elle. Un père célibataire ne peut pas rivaliser avec des guitares et des rats. Oui, elle a des rats de compagnie.
Bon sang, cette femme…
Elle est d’une bonne humeur agaçante, avec un besoin constant de le toucher, d’ajuster sa cravate, de boutonner sa chemise, d’envahir son espace personnel et de lui faire perdre la tête.
Pourtant…
Elle doit partir.
Leur relation oscillant entre désir et animosité prend alors une tournure à la fois magnifique et tragique. Cette comédie romantique et sexy explore les choses que nous désirons, les choses dont nous avons besoin et les décisions impossibles que parents et enfants doivent prendre pour survivre. »
Ma chronique
Je remercie Maiwenn ainsi que la maison d'éditions Juno Publishing pour cette lecture dans le cadre du blog tour :)
Le début nous explique déjà ce qui s'est passé il y a 10 ans, alors que Flint avait encore une femme, un bébé de deux ans, un avenir radieux qui prévoyait un enfant de plus. 10 ans plus tôt le bonheur était déjà présent, mais un incident qui aurait pu ne pas arriver va chambouler sa vie. 10 ans plus tard, Flint est devenu avocat et non joueur de foot professionnel, vivant avec son garçon de 12 ans, Harrison, seuls tous les deux.
Alors qu'il a trouvé sur papier LA personne parfaite pour louer une partie de l'immeuble où il travaille, il s'avère que Ellen est musicothérapeute, ce qui signifie qu'elle use de musique, de moyens musicaux pour aider des patients. Et ce n'est pas avec du classique que cela se passe, ce qui va poser un énorme problème pour Flint qui a besoin de silence pour sa concentration. Si encore il n'y avait que cela, mais le résumé l'indique et le récit aussi, elle a des rats de compagnie et pas un seul, DES rats ! Alors là, rien ne va plus, elle ose avoir des rats alors que dans le règlement, c'est interdit ! Alors, rien de plus facile pour casser un contrat, mais rien n'est simple, lorsque Ellen va lui faire ouvrir les yeux. Et puis Harrison aime beaucoup Ellen.
Harrison est un garçon un peu particulier qui ne voit pas la vie comme un autre enfant. Déjà adulte dans son esprit, gardant son âme d'enfant à d'autres, il ne conçoit pas la vie de la même manière. Il est autisme, un léger syndrome d'asperger. Les émotions ne se voient pas comme sur le visage d'un autre enfant, ses réflexions peuvent faire mal sans qu'il ne le veuille,
il n'a pas de filtre et prend souvent tout au pied de la lettre. Son père fait tout pour qu'il ai des habitudes, un régime strict pour l'aider à grandir. Quand il s'attache à quelque chose ou quelqu'un c'est quelque chose de plus qu'appréciable, car il ne laisse que peu de gens l'approcher. Avec Ellen, le fait qu'elle lui prête une guitare, lui donne des cours et le laisse jouer avec ses animaux de compagnie, et même sans cela, il l'apprécie. Ellen est vive d'esprit, joyeuse, souriante, chercheuse d'ennuis aussi, mais tout n'est qu'une façade. tout comme Flint qui est bien sous tout rapport, mais qui a un secret qui le ronge depuis 10 ans. L'habit ne fait pas le moine et l'auteur nous démonte un par un la façade de chacun des personnages afin de creuser et de les montrer plus vrai que nature.
Flint est rongé de culpabilité, regret, remord, tout ce qui fait qu'il ne tient à la vie que parce que son fils est en vie et qu'il a besoin de lui. 10 ans à vivre en sursis sans pouvoir dire à son fils pourquoi sa mère n'est plus là. 10 ans à se ronger les sangs parce qu'il a eu un lever de coude trop prononcé. 10 ans à arrêter de vivre tout simplement. Le bonheur n'est pas pour lui, il ne le mérite pas selon lui, et pas quelqu'un d'autre, enfin si on ne pense pas à la mère de son ex. La tornade Ellen va chambouler sa vie sans qu'il ne s'y attende. Le lien entre son fils et elle va le travailler, parce qu'il ne veut pas faire souffrir Harrison, mais il ne supporte plus les bruits incessants. Quant à Ellen, ce qu'elle montre ce n'est pas ce qu'elle ressent, pas toujours.
Le manque de confiance en elle est si puissant qu'elle tente de se guérir elle-même par la musique. Parce qu'elle a subit un violent traumatisme qui est gravé en elle. Divorcée depuis 2 ans, elle n'a pas encore fait la part des choses et est partie loin de chez elle. Et sans compter sur ce qui lui fait peur depuis bien longtemps, mais cela est à découvrir.
Entre Flint et son fils, ce n'est jamais simple, mais ils s'aiment, même si l'un des deux ne sait pas le dire. Vivre seul avec un enfant n'est déjà pas simple, alors lorsqu'il y a une détection de tel ou tel syndrome, il faut des habitudes, des automatismes, des règles des deux côtés à respecter. Des points vont se noircir entre eux, tout comme le fait de dire la vérité en tant voulu. Et puis les échanges verbaux entre eux donnent un sentiment étrange qui ne plait pas forcément à ceux qui les entourent, mais Harrison ne voit pas le mal de parler de sexe à 12 ans, il n'a pas la même conscience qu'un autre. Et surtout, nous comprenons qu'il est très intelligent et avide de tout savoir sur tout. Quant à Ellen, c'est une tempête de petites choses qui va les rapprocher à sa façon. Savoir se protéger tout en donnant n'est pas évident. L'auteur nous a offert des personnages torturés pour des raisons qui sont différentes pour l'un comme pour l'autre. Les émotions sont fortes et les choix difficiles, surtout lorsqu'il n'y a pas que vous en ligne de compte. De nombreux rebondissements font que Ellen et Flint ne se retrouve pas comme il faudrait à un moment donné. La vie elle-même choisit parfois pour nous et nous ne pouvons pas y faire grand-chose, jusqu'à ce que le destin s'en mêle.
De l'amour d'un père, d'un enfant, la famille est très importante pour les personnages principaux. Nous le ressentons entre le père de Ellen et elle-même, ainsi qu'avec ses grands-parents, mais aussi avec les parents de Flint. Cet amour qui bien que certains personnages pensent ne pas le mériter est bien présent et rien ne peut le retirer. L'intrigue est légère, où comment virer une personne de son logement parce que le bruit dérange, mais ce qu'il y a derrière est bien plus imposant. Sous les apparences... Le livre porte bien son titre, tout n'est que façade, tous les secrets sont cachés, camouflés, les peurs profondes qui ne manquent pas de se montrer lorsqu'il ne le faudrait pas. Le fait que Harrison soit différent apporte une touche en plus, aussi bien en légèreté de part ce qu'il fait, mais d'authenticité parce qu'il dis vrai. Avancer n'est jamais évident, mais avec de tels bagages pour les personnages l'est encore plus. Il faut du courage pour affronter son passé et encore plus pour prendre la vie que l'on veut là, maintenant, malgré les embûches, les problèmes, l'éloignement et ce que la vie peut vous prendre. Seul bémol, certaines décisions m'ont paru logiques et pourtant elles semblent insurmontables pour certains d'entre eux, je n'ai pas tout compris dans leur logique.
En conclusion, un récit où les thèmes sont forts, la culpabilité, l'impuissance face à un destin cruel font de ces personnages des êtres vivants. Harrison est une bouffée d'air frais, tout comme lady Gaga qui est une vraie mateuse. Les grands-parents de Ellen, surtout la mamie est forte ! L'auteur a su développer son histoire sans avoir envie d'arrêter la lecture par des touches d'humour et de légèreté. Je ne connaissais pas sa plume, je vais me pencher sur d'autres de ses livres afin de voir si d'autres thèmes aussi forts vont ressortir. J'ai, dans tous les cas, passé un bon moment de lecture en compagnie de Flint, Harrison, Ellen et tous les autres.
Extrait choisi :
« Nous montions dans la voiture au pied levé avec des vêtements chauds dans un grand sac, assez pour nous permettre de passer un long week-end d’escalade, de vélo ou de surf.
Nous dormions dans notre petite Subaru Outback presque autant que dans notre lit. Nos parents étaient heureux et en bonne santé. Personne ne dépendait de nous. Nous nous en sortions en travaillant juste assez pour avoir de l’argent pour nous amuser, et nous le faisions vraiment.
N’aie pas de regrets.
Tu ne vis qu’une fois.
Saisis le moment présent.
C’étaient nos devises.
Mais les accidents arrivent. Les petits jobs se transforment en professions. La vie commence à exiger de toi des responsabilités. »