Milwaukee Blues, Louis-Philippe Dalembert, Editions Sabine Wespieser, août 2021, 281 pages
On connait tous ce fait divers ignoble, la mort de George Floyd par étouffement sous le genou d’un policier sans scrupule. Dalembert s’en est emparé pour nous offrir l’histoire d’un homme ordinaire victime d’une société américaine encore bien aux prises avec le racisme.
« Je ne peux plus respirer. »
Le premier personnage à prendre la parole est justement le patron de la supérette, celui qui a appelé ce satané numéro, ce « nine-one-one », et ses paroles font mouche, inévitablement, parce qu’il s’en veut, parce qu’il aurait aimé ne l’avoir jamais composé ce numéro, parce qu’il aurait aimé ne jamais avoir entendu ces paroles épouvantables « je ne peux plus respirer ».
J’aurais pu accrocher à cette histoire, j’aurais pu me laisser porter par la langue de l’auteur, me laisser guider par les voix des personnages. J’aurais pu écrire un billet dithyrambique… ou tout au moins enthousiaste.
Je n’aime pas quand « ça ne le fait pas », quand je n’ai pas le ressenti que j’aurais tant aimé avoir. J’ai peu acheté de romans de la rentrée littéraire, mais celui-ci, ce fut le premier parce que j’avais énormément aimé Mur méditerranée du même auteur.
J’ai mis un temps infini à le lire, je l’ai même mis de côté le temps d’en lire un autre. Et pourtant qu’ai-je à lui reprocher ? Rien. C’est très bien écrit, le côté roman choral est intéressant, le thème est porteur… Alors ? Mais que s’est-il passé ? Et bien rien, justement. J’ai pourtant dégusté certains passages, lus et relus, j’ai aimé cette note finale d’espoir, mais c’est comme si je n’y avais pas cru.
Bon sang, vais-je réussir à expliquer ce manque d’engouement ? Peut-être cette distance entre les personnages et moi ? Peut-être ces voix trop peu différentes ? Peut-être ce manque de noirceur ? Peut-être ce côté trop lisse ? Et pourtant, il en dit des choses importantes, l’auteur, il en dénonce des faits horribles, il la critique cette société gangrénée par le racisme…
Et d’ailleurs, j’ai pris plaisir à lire certains passages, j’ai adhéré à certains propos, mais… j’aurais tant aimé… éprouver plus de sentiments, plus de révolte, plus de passion…
Ce n’est pas grave, je reviendrai vers vous monsieur Dalembert… un autre jour, un jour où je serai peut-être plus réceptive à vos mots.